Telemann (1681-1767) fut un le compositeur allemand le plus célèbre de son temps, ce qu'on a du mal à se représenter à notre époque. Et pourtant, fêté à travers toute l'Europe, il s'illustra par une carrière variée et fut un champion du cumul des mandats principalement dans les villes hanséatiques allemandes et en Prusse au XVIIIe siècle.
Pratiquement autodidacte, il ajouta à son prestige de compositeur les postes de directeur d'opéras (premier poste à vingt-cinq ans), de chef d'orchestre, de fondateur d'ensembles, de cantor, et même de premier violon quelquefois. Il créa aussi la première société de concerts payants ouverts à un large public (dès 1704 avec le Collegium Musicum) à Leipzig.
Son œuvre démesurée (il compose son premier opéra à douze ans) comprend plus de six mille œuvres, dont la plupart sont perdues. Les spécialistes dénombrent tout de même quarante-neuf Passions, une quarantaine d'opéras et près de deux mille cantates. La réputation européenne de Telemann ne survécut cependant pas au-delà du XVIIIe siècle et c'est timidement qu'on se prend de ce côté-ci du Rhin à réévaluer son œuvre, toujours dans l'ombre du génie de Bach (du moins jusqu'ici).
Pratiquement autodidacte, il ajouta à son prestige de compositeur les postes de directeur d'opéras (premier poste à vingt-cinq ans), de chef d'orchestre, de fondateur d'ensembles, de cantor, et même de premier violon quelquefois. Il créa aussi la première société de concerts payants ouverts à un large public (dès 1704 avec le Collegium Musicum) à Leipzig.
Son œuvre démesurée (il compose son premier opéra à douze ans) comprend plus de six mille œuvres, dont la plupart sont perdues. Les spécialistes dénombrent tout de même quarante-neuf Passions, une quarantaine d'opéras et près de deux mille cantates. La réputation européenne de Telemann ne survécut cependant pas au-delà du XVIIIe siècle et c'est timidement qu'on se prend de ce côté-ci du Rhin à réévaluer son œuvre, toujours dans l'ombre du génie de Bach (du moins jusqu'ici).
Pour la quatrième édition du Festival Terpsichore, dont les concerts se donnent dans des lieux historiques et charmants de la capitale, son directeur artistique Skip Sempé a choisi de faire la part belle aux cordes et aux voix. Pour le dernier concert du festival, le 12 octobre, l'Ensemble Masques dirigé par Olivier Fortin accompagnait le flûtiste à bec Julien Martin et le contre-ténor Damien Guillon. Dans la belle Église Saint-Thomas d'Aquin, l'esprit du concert intime était préservé (au cœur de l'identité de Terpsichore) non sans rendre justice au grand théâtre musical de Telemann grâce au talent des deux solistes.
Alternant compositions instrumentales et vocales, la soirée permettait au profane de découvrir un échantillon de l'inventivité prolifique du compositeur. Débutant par le "Concerto Polonois" composé comme il se doit après un voyage en Pologne (en 1706), les musiciens de l'ensemble en livrent une version un peu sage, lissant quelque peu l'origine populaire de son inspiration.
Mais ils excellent bientôt, emportés par le flûtiste surdoué Julien Martin, qui conjugue virtuosité ébouriffante et jeu brillant dans la "Suite en La mineur" (TWV 55 :a2). Cette très belle pièce, vrai manifeste des "Goûts réunis", propre à l'écriture du compositeur qui n'aime rien tant que l'alliage - celui du style français et de la follia italienne (se concluant par une "Polonaise" ici) - offre un passionnant dialogue aux cordes et à la flûte.
Alternant compositions instrumentales et vocales, la soirée permettait au profane de découvrir un échantillon de l'inventivité prolifique du compositeur. Débutant par le "Concerto Polonois" composé comme il se doit après un voyage en Pologne (en 1706), les musiciens de l'ensemble en livrent une version un peu sage, lissant quelque peu l'origine populaire de son inspiration.
Mais ils excellent bientôt, emportés par le flûtiste surdoué Julien Martin, qui conjugue virtuosité ébouriffante et jeu brillant dans la "Suite en La mineur" (TWV 55 :a2). Cette très belle pièce, vrai manifeste des "Goûts réunis", propre à l'écriture du compositeur qui n'aime rien tant que l'alliage - celui du style français et de la follia italienne (se concluant par une "Polonaise" ici) - offre un passionnant dialogue aux cordes et à la flûte.
Le "Divertimento en La", composé l'année de la mort de Telemann (1767), éclaire l'évolution du compositeur, à qui on reconnaîtra plus tard la faculté d'avoir jeté un pont entre esthétiques baroque et classique. Pour les arias et cantates sacrées choisies pour ce concert, dont certaines sont parfois défendues sur scène et au disque par nos contre-ténors, c'est au genre de l'opéra qu'ils font penser irrésistiblement.
Quand Damien Guillon, superbe timbre et chant habité, ornemente l'aria "Entzückende lust" (une cantate de communion), brillent alors les prestiges d'une mélodie d'inspiration italienne à l'orchestration raffinée. Lignes artistes et sonorité sensuelle envahissent l'espace pour ce "Plaisir adorable" (traduction du titre) jusqu'à la conclusion extatique ("dass sie recht ein Himmelsparadies") avec l'art habituel du contre-ténor.
Même merveille dans les passages de la cantate (tirée d'une Passion) "Der am Ölberg Zagende Jesus". Avec "Die stille Nacht umschloss den Kreis der Erden" (La nuit silencieuse encerclait la terre) et un sens dramatique admirable, Damien Guillon donne la hauteur voulue à ce drame suspendu (avec les traits rythmiques des cordes).
Quand Damien Guillon, superbe timbre et chant habité, ornemente l'aria "Entzückende lust" (une cantate de communion), brillent alors les prestiges d'une mélodie d'inspiration italienne à l'orchestration raffinée. Lignes artistes et sonorité sensuelle envahissent l'espace pour ce "Plaisir adorable" (traduction du titre) jusqu'à la conclusion extatique ("dass sie recht ein Himmelsparadies") avec l'art habituel du contre-ténor.
Même merveille dans les passages de la cantate (tirée d'une Passion) "Der am Ölberg Zagende Jesus". Avec "Die stille Nacht umschloss den Kreis der Erden" (La nuit silencieuse encerclait la terre) et un sens dramatique admirable, Damien Guillon donne la hauteur voulue à ce drame suspendu (avec les traits rythmiques des cordes).
Entre exaltation ("Mein Vater ! Wenn dir's wohlgefällt") et récitatifs inspirés, ce théâtre spirituel toujours élégant et parfois grandiose donne le frisson. C'est tout le génie du chanteur, en osmose avec les musiciens de Masques, de le ressusciter, à la fois si terrestre et pourtant céleste.
Festival Terpsichore.
>> terpsichoreparis.com
Georg Philipp Telemann "Cantates & Concerti".
.Julien Martin, flûte à bec.
Damien Guillon, contre-ténor.
Ensemble Masques :
Cecilia Bernardini, Tuomi Suni, violons.
Kathleen Kajioka, alto.
Mélisande Corriveau, violoncelle, basse de viole.
Benoît Vanden Bemden, contrebasse.
Olivier Fortin, clavecin.
Concert retransmis ultérieurement sur France Musique.
Festival Terpsichore.
>> terpsichoreparis.com
Georg Philipp Telemann "Cantates & Concerti".
.Julien Martin, flûte à bec.
Damien Guillon, contre-ténor.
Ensemble Masques :
Cecilia Bernardini, Tuomi Suni, violons.
Kathleen Kajioka, alto.
Mélisande Corriveau, violoncelle, basse de viole.
Benoît Vanden Bemden, contrebasse.
Olivier Fortin, clavecin.
Concert retransmis ultérieurement sur France Musique.