La lumière éclaire une scénographie imposante avec son parquet de bois ocre. Une dissymétrie, que l'on retrouve dans les relations entre personnages, porte celle-ci. Sa petite table côté jardin, presque esseulée et son endroit silencieux. Son rayon d'instruments à percussion et à cordes côté cour et au centre, une pluie qui tombe par intermittence symbolisant à la fois un intérieur et un extérieur autant géographique que psychologique. Tout se joue et tout est exposé dans ce pré carré. Les décisions, les comportements, les colères, les conflits et les infidélités au centre. Côté jardin, les entrées, côté cour, les sorties.
Une musique, avec des percussions et un piano, suit scène à scène, pas à pas, une histoire avec ses protagonistes au travers de leurs rapports autant domestiques que politiques. L'un est le reflet de l'autre.
On se dénude, on s'approche à s'accrocher, dans le cas d'un fils à sa mère. L'inceste est présent, non nommé même si les rumeurs vont bon train et ne laisse aucun doute, ou si peu, pour le spectateur. Le fils est possessif avec sa mère jusqu'à l'agressivité. Cette dernière a abandonné son mari, Otto van Oudjick, dans son rôle de gouverneur d'Indes orientales néerlandaises (actuelle Indonésie) pour aller voler vers des amours interdites avec l'amoureux de sa fille. Le propos est aussi politique sur le rôle des colonies et de leur effondrement… que Louis Couperus (1863-1923) avait anticipé au tournant du XXe siècle.
Une musique, avec des percussions et un piano, suit scène à scène, pas à pas, une histoire avec ses protagonistes au travers de leurs rapports autant domestiques que politiques. L'un est le reflet de l'autre.
On se dénude, on s'approche à s'accrocher, dans le cas d'un fils à sa mère. L'inceste est présent, non nommé même si les rumeurs vont bon train et ne laisse aucun doute, ou si peu, pour le spectateur. Le fils est possessif avec sa mère jusqu'à l'agressivité. Cette dernière a abandonné son mari, Otto van Oudjick, dans son rôle de gouverneur d'Indes orientales néerlandaises (actuelle Indonésie) pour aller voler vers des amours interdites avec l'amoureux de sa fille. Le propos est aussi politique sur le rôle des colonies et de leur effondrement… que Louis Couperus (1863-1923) avait anticipé au tournant du XXe siècle.
Tout se lie derrière la mise à l'index d'une famille incarnant l'autorité coloniale, avec l'ordre qui est frappé du désordre, et ce, dans son propre giron familial et intime. Aussi aveugle aux drames domestiques, qui se jouent à tous ses étages, qu'aux coutumes locales. Chaque personnage a son lot de névroses. Le réel rattrape la réalité jusqu'au sang qui coule dans la douche. Jusqu'à cette pierre qui tape aux carreaux de leur fenêtre ou une violence externe qui ensanglante la fille.
La maison est frappée dans son symbole. À l'image de la mère, dans ses travers névrotiques, qui n'assume ni son rôle maternel ni celui d'épouse. À l'image du père aussi qui a perdu l'autorité sur son fils, l'amour et la fidélité de sa femme, le pouvoir qu'il lui échappe et ne tient que par la domination qu'il exerce sur sa fille qui le fuit. Le temple n'a plus de totem.
C'est superbe de douleur, de ruptures, de soumission. Il n'y a pas d'amour. Tout n'est qu'infidélité et désordre, magnifié par un ordre colonial qui vit ses derniers instants. La maison brûle, les propriétaires le savent mais restent. Les sentiments sont exacerbés sans être caricaturaux. Le plateau est caisse de résonance d'un intime qui se fait extime. Les ressorts de la passion incestueuse et morbide, d'un désordre politique et domestique s'étalent.
La maison est frappée dans son symbole. À l'image de la mère, dans ses travers névrotiques, qui n'assume ni son rôle maternel ni celui d'épouse. À l'image du père aussi qui a perdu l'autorité sur son fils, l'amour et la fidélité de sa femme, le pouvoir qu'il lui échappe et ne tient que par la domination qu'il exerce sur sa fille qui le fuit. Le temple n'a plus de totem.
C'est superbe de douleur, de ruptures, de soumission. Il n'y a pas d'amour. Tout n'est qu'infidélité et désordre, magnifié par un ordre colonial qui vit ses derniers instants. La maison brûle, les propriétaires le savent mais restent. Les sentiments sont exacerbés sans être caricaturaux. Le plateau est caisse de résonance d'un intime qui se fait extime. Les ressorts de la passion incestueuse et morbide, d'un désordre politique et domestique s'étalent.
On rompt brutalement, on s'aime de façon expéditive mais on se consume à petit feu. L'amour est sans écho. Il fait figure de fugitif. C'est le symbole vivant d'une décrépitude qui n'est qu'assujettissement. Le maître d'un bref instant est esclave dans un autre mais long, beaucoup plus long. Tout échoue. C'est le transgressif qui s'étreint dans ses soubresauts.
Le chant est une pause à la pièce, presque un air de quiétude dans ce tumulte. Des chorégraphies viennent aussi casser à dessein le rythme en y apportant soit du recueillement, soit de l'énergie combative. Les personnages sont à la fois proches et lointains dans leur distance scénique, reflet de leurs rapports, âcres, violents, possessifs. Les relations sont mêlées. Rien n'est clair ou plutôt tout est chargé. Ce sont des relations de "couple". Les dialogues sont souvent à deux avec une troisième personne, physiquement ou "moralement" présente, et qui fausse l'équilibre. La passion, la colère et le désespoir s'y mêlent.
Les voix portent au loin. On s'interpelle, on se supplie. Et il y a ce temps fort avec ce cri, au moment d'une supplication, qui perce le silence assourdissant de l'ordre sous une pluie tombante. Superbe. La mise en scène est forte dans le rendu des émotions, par le biais des voix, et Ivo van Hove rend un hommage, ô combien mérité, à Louis Couperus, l'un des plus grands auteurs néerlandais, dont il estime qu'il reste très actuel et injustement méconnu.
Le chant est une pause à la pièce, presque un air de quiétude dans ce tumulte. Des chorégraphies viennent aussi casser à dessein le rythme en y apportant soit du recueillement, soit de l'énergie combative. Les personnages sont à la fois proches et lointains dans leur distance scénique, reflet de leurs rapports, âcres, violents, possessifs. Les relations sont mêlées. Rien n'est clair ou plutôt tout est chargé. Ce sont des relations de "couple". Les dialogues sont souvent à deux avec une troisième personne, physiquement ou "moralement" présente, et qui fausse l'équilibre. La passion, la colère et le désespoir s'y mêlent.
Les voix portent au loin. On s'interpelle, on se supplie. Et il y a ce temps fort avec ce cri, au moment d'une supplication, qui perce le silence assourdissant de l'ordre sous une pluie tombante. Superbe. La mise en scène est forte dans le rendu des émotions, par le biais des voix, et Ivo van Hove rend un hommage, ô combien mérité, à Louis Couperus, l'un des plus grands auteurs néerlandais, dont il estime qu'il reste très actuel et injustement méconnu.
"The Hidden Force"
Texte : Louis Couperus.
Mise en scène : Ivo van Hove.
Assistant à la mise en scène : Gilles Groot.
Avec : Bart Bijnens (Si-Oudijck), Mingus Dagelet (Addy de Luce), Jip van Den Dool (Théo van Oudijck), Barry Emond (Soenario, Régent van Ngadjiwa), Eva Heijnen (Doddy van Oudijck), Halina Reijn (Léonie van Oudijck), Maria Kraakman (Eva Eldersma), Chris Nietvelt (De Raden-Ajou Pangeran), Massimo Pesik (serviteur), Dewi Reijs (Oerip), Michael Schnörr (serviteur), Gijs Scholten van Aschat (Otto van Oudijck), Leon Voorberg (Frans van Helderen).
Adaptation, dramaturgie : Peter Van Kraaij.
Scénographie, lumières : Jan Versweyveld.
Musique : Harry De Wit.
Chorégraphie : Koen Augustijnen.
Costumes : An D'Huys.
Internationaal Theater Amsterdam.
Durée : 2 h.
Du 4 au 11 avril 2019.
Dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville.
Tous les jours à 20 h, relâche le 7 et 8 avril.
Grande Halle Paris Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
>> lavillette.com
Mise en scène : Ivo van Hove.
Assistant à la mise en scène : Gilles Groot.
Avec : Bart Bijnens (Si-Oudijck), Mingus Dagelet (Addy de Luce), Jip van Den Dool (Théo van Oudijck), Barry Emond (Soenario, Régent van Ngadjiwa), Eva Heijnen (Doddy van Oudijck), Halina Reijn (Léonie van Oudijck), Maria Kraakman (Eva Eldersma), Chris Nietvelt (De Raden-Ajou Pangeran), Massimo Pesik (serviteur), Dewi Reijs (Oerip), Michael Schnörr (serviteur), Gijs Scholten van Aschat (Otto van Oudijck), Leon Voorberg (Frans van Helderen).
Adaptation, dramaturgie : Peter Van Kraaij.
Scénographie, lumières : Jan Versweyveld.
Musique : Harry De Wit.
Chorégraphie : Koen Augustijnen.
Costumes : An D'Huys.
Internationaal Theater Amsterdam.
Durée : 2 h.
Du 4 au 11 avril 2019.
Dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville.
Tous les jours à 20 h, relâche le 7 et 8 avril.
Grande Halle Paris Villette, Paris 19e, 01 40 03 75 75.
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