Au début sont les ablutions, sur le corps dénudé d'un défunt, gestique rituelle et symbolique, lente, précise et délicate, réalisée par une femme, inscrite au cœur de la pratique religieuse musulmane. Entame d'un chemin menant à l'espace défini et fini qu'est le Paradis, élément sacré parmi d'autres, cadre et songe commun offert par le turbulent trio des monothéismes.
Mais ce n'est pas le bon. Imaginez, en maintenant l'hypothèse de son existence, que, Musulman, vous êtes au paradis des Chrétiens ; ou, Catholique, vous êtes à celui des Juifs… Erreur d'aiguillage manifeste. Même en compagnie d'une belle créature, vous ne vous sentez pas à votre place dans cet espace paradisiaque qui appartient à une autre religion. Et ce nouvel Éden pourrait vite devenir un enfer !
La compagnie Carna (Antoine Germa, Alexandre Blondel et Fabien Casseau, respectivement auteur, chorégraphe et metteur en scène) use ici de multiples écritures artistiques pour questionner les croyances, les périmètres de liberté octroyés dans nos sociétés, l'impact des faits religieux (bienveillants ou négatifs) avec la singularité d'avoir fait naître ces réflexions à la croisée d'événements personnels (de croyants ou non croyants) et de la sociologie des religions.
Mais ce n'est pas le bon. Imaginez, en maintenant l'hypothèse de son existence, que, Musulman, vous êtes au paradis des Chrétiens ; ou, Catholique, vous êtes à celui des Juifs… Erreur d'aiguillage manifeste. Même en compagnie d'une belle créature, vous ne vous sentez pas à votre place dans cet espace paradisiaque qui appartient à une autre religion. Et ce nouvel Éden pourrait vite devenir un enfer !
La compagnie Carna (Antoine Germa, Alexandre Blondel et Fabien Casseau, respectivement auteur, chorégraphe et metteur en scène) use ici de multiples écritures artistiques pour questionner les croyances, les périmètres de liberté octroyés dans nos sociétés, l'impact des faits religieux (bienveillants ou négatifs) avec la singularité d'avoir fait naître ces réflexions à la croisée d'événements personnels (de croyants ou non croyants) et de la sociologie des religions.
Comme une introduction à un spectacle pluriel, pluridisciplinaire qui va explorer, via la danse, l'oralité, la vidéo, le burlesque, le cirque, la musique, différentes pistes qui pourraient lier la spiritualité à la matérialité des corps organiques, construction et déconstruction de nos expressions, de nos sensations, de nos abstractions intellectuelles ou religieuses, celles-ci pouvant se concrétiser par la ritualisation, la prière, la transe, les osmoses physiques, les logorrhées mentales ou d'autres formes pouvant unir âme et corps, recherche métaphysique, catharsis aux plaisirs, désirs charnels.
Pour tisser cette trame où sont chahutés les clichés et les stéréotypes, multipliant les niveaux de lecture, les formes utilisées sont variés avec la vidéo pour de fausses pubs ou l'élaboration d'ambiances psychédéliques, des effets numériques projetés, ou encore un décor modulable et à "tiroirs" d'une conception très imaginative, mêlant différentes esthétiques, des plus surannées aux plus modernes.
Pour tisser cette trame où sont chahutés les clichés et les stéréotypes, multipliant les niveaux de lecture, les formes utilisées sont variés avec la vidéo pour de fausses pubs ou l'élaboration d'ambiances psychédéliques, des effets numériques projetés, ou encore un décor modulable et à "tiroirs" d'une conception très imaginative, mêlant différentes esthétiques, des plus surannées aux plus modernes.
Les questionnements posés par "Le Paradis des autres", concrétisés par un séquençage de type cinématographique, se découpent en scènes caricaturales de genre où alternent le cinéma seventies, une conférence télé, des peintures d'icônes, des mini historiettes façon sociologie-fiction…
Ainsi est exposée à nos interrogations, l'éventualité d'un consumérisme religieux, dénaturant le sacré pour le rendre consommable par tous et pouvant éclairer le rapport de la société vis-à-vis du spirituel qui s'efface petit à petit, pertes des valeurs, questionnement sur les croyances, les religions, sur ce qui peut nous pousser à y adhérer ou pas…
Mais, attention, pas de méprise, ici tout passe par l'expression artistique, pas de voie unique, pas de prise de position unilatérale, le débat reste ouvert, tout est (doit être) sujet aux fabulations, à la fertilisation des imaginaires et aux extrapolations. Doivent rester absolument en éveil nos propres capacités d'imagination et notre libre arbitre.
Ainsi est exposée à nos interrogations, l'éventualité d'un consumérisme religieux, dénaturant le sacré pour le rendre consommable par tous et pouvant éclairer le rapport de la société vis-à-vis du spirituel qui s'efface petit à petit, pertes des valeurs, questionnement sur les croyances, les religions, sur ce qui peut nous pousser à y adhérer ou pas…
Mais, attention, pas de méprise, ici tout passe par l'expression artistique, pas de voie unique, pas de prise de position unilatérale, le débat reste ouvert, tout est (doit être) sujet aux fabulations, à la fertilisation des imaginaires et aux extrapolations. Doivent rester absolument en éveil nos propres capacités d'imagination et notre libre arbitre.
Et tout dans ce spectacle est cohérent, la forme épousant parfaitement le fond. Dans leurs mouvements, en solo, duo ou trio, les danseurs (et comédiens) réussissent à offrir des séquences d'une grande beauté où la danse se fait séduction, discours rêvé, charmé, mais aussi déstructuration corporelle saccadée, répliques circulaires rythmées, dévoilements gestuels à connotation sexuelle, échanges animaux ou reproductions figées picturales.
Enfin, en appui de cette virtuosité, la musique de Stéphane Comon (également sound designer des Colporteurs) sculpte un univers sonore, architectural, empruntant différents styles - électro, rock, hip-hop, sirupeux, etc. -, épousant parfaitement les propositions chorégraphiques, tout comme les images projetées associant, dans une irréelle mosaïque, prières, danses ethniques, transe, Femen, culte, pèlerinage traditionnel, procession…
Ici le paradis se raconte, se déforme, s'interroge, se déconstruit, se détruit… pour mieux s'affranchir des carcans religieux, se réinventer, et s'imaginer dans un nouveau monde où l'on peut "parler au plus grand nombre tout en chuchotant à l'oreille de chacun".
Enfin, en appui de cette virtuosité, la musique de Stéphane Comon (également sound designer des Colporteurs) sculpte un univers sonore, architectural, empruntant différents styles - électro, rock, hip-hop, sirupeux, etc. -, épousant parfaitement les propositions chorégraphiques, tout comme les images projetées associant, dans une irréelle mosaïque, prières, danses ethniques, transe, Femen, culte, pèlerinage traditionnel, procession…
Ici le paradis se raconte, se déforme, s'interroge, se déconstruit, se détruit… pour mieux s'affranchir des carcans religieux, se réinventer, et s'imaginer dans un nouveau monde où l'on peut "parler au plus grand nombre tout en chuchotant à l'oreille de chacun".
"Le Paradis des autres"
Mise en mouvement : Alexandre Blondel en collaboration avec les danseurs.
Mise en scène : Fabien Casseau.
Scénario et texte : Antoine Germa.
Interprètes : Alexandre Blondel, Anusha Emrith et Pierre-Emmanuel Sorignet.
Design sonore et scénographie : Stéphane Comon.
Design vidéo : Mickael Lafontaine.
Lumières et régie générale : Philippe Terrasson.
Costumes : Marie Martineau.
Construction décor : Alexandre Gallion.
Durée : 1 h.
Compagnie Carna.
Mise en scène : Fabien Casseau.
Scénario et texte : Antoine Germa.
Interprètes : Alexandre Blondel, Anusha Emrith et Pierre-Emmanuel Sorignet.
Design sonore et scénographie : Stéphane Comon.
Design vidéo : Mickael Lafontaine.
Lumières et régie générale : Philippe Terrasson.
Costumes : Marie Martineau.
Construction décor : Alexandre Gallion.
Durée : 1 h.
Compagnie Carna.
Du 10 au 14 octobre 2018.
Mercredi au samedi à 21 h et dimanche à 17 h.
Le Cirque Électrique, Paris 20e, 09 54 54 47 24.
>> cirque-electrique.com
Mercredi au samedi à 21 h et dimanche à 17 h.
Le Cirque Électrique, Paris 20e, 09 54 54 47 24.
>> cirque-electrique.com