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Théâtre

"Moi Dian Fossey"… Lutte amour et à mort !

Dans un beau monologue de Pierre Tré-Hardy où est retracée la vie de Dian Fossey, ce personnage haut en couleur, dans une mise en scène de Gérard Vantaggioli, est incarné avec beaucoup de force intérieure par Stéphanie Lannier autour de ses combats et de sa passion pour les gorilles.



© Marion Duhamel.
© Marion Duhamel.
Lumière sombre sur la scène laissant découvrir des panneaux blancs sur lesquels, durant toute la représentation, est projeté un film sur des branches d'arbres. Des bruits de nature accompagnent l'entrée de Stéphanie Lannier (Dian Fossey).

Dian Fossey (1932-1985) est une primatologue américaine. Spécialiste du comportement des gorilles de l'Est, elle a travaillé régulièrement dans les montagnes du Rwanda. Reconnue comme une référence dans son domaine, son travail scientifique a permis, entre autres, la reconnaissance légale des animaux comme des "êtres vivants doués de sensibilité" et ses luttes contre le braconnage ont permis d'en sauver vraisemblablement un grand nombre avant qu'elle ne soit sauvagement assassinée le 26 décembre 1985 dans la chambre de sa hutte dans les montagnes des Virunga (Rwanda). On ignore encore à ce jour l'auteur du crime. Son livre "Gorilles dans la brume" (Gorillas in the mist, 1983) reste encore une référence sur les gorilles des montagnes où elle relate aussi sa vie.

© Marion Duhamel.
© Marion Duhamel.
Se détache de la scène une voix très profonde portée par la comédienne, comme venant d'outre-tombe. Le texte de Pierre Tré-Hardy parle de voix de l'esprit et a pour contexte cette nuit où la primatologue a été assassinée. Est ainsi jouée la personne corporelle de Dian Fossey mais aussi ce qu'elle représente avec l'esprit qui l'a animé. Ce personnage qui se raconte peut être situé dans différentes grilles de lecture. Comme celle d'être à cheval entre un organe vocal qui revendique haut et fort sa passion à l'égard des primates et son corps qui dégage une puissance physique avec des regards souvent fixes et les yeux toujours grands ouverts pour incarner sa lutte. Ainsi, les deux aspects, autant intérieur qu'extérieur, habillent le personnage, montrant une intimité certaine alliée à une représentation extérieure marquée politiquement pour la préservation de la Nature, par ses combats contre le braconnage.

Rien n'est dans la tiédeur et l'incarnation qui en est faite est à l'intersection d'un présent, la nuit du meurtre, d'un passé où est racontée sa vie et d'un appel au futur pour la sauvegarde des gorilles. Cette temporalité a pour toile de fond cette passion qui a été l'essence de sa vie et pour laquelle, durant treize années, elle a vécu seule dans les montagnes du Rwanda avec ces primates. Une musique accompagne parfois le monologue, créant ainsi des ruptures de jeu permettant des pauses dans un rythme toujours intensif.

© Marion Duhamel.
© Marion Duhamel.
Le texte de Pierre Tré-Hardy, dans une mise en scène de Gérard Vantaggioli, met en exergue toute la puissance d'engagement d'une femme qui a tracé sa propre voie, seule, sans formation scientifique au préalable, à la reconnaissance bien avant l'heure d'une Nature et de sa préservation avec des compétences scientifiques de premier plan et reconnues unanimement. Cet engagement est essentialisé par la voix comme celle d'une flamme intérieure ayant éclairé et porté toute la destinée de la primatologue. Comme une partie d'elle-même, telle son ADN.

Le jeu de Stéphanie Lannier est très physique dans les postures, les regards, le maintien corporel fort et dynamique, ainsi que des attitudes souvent tranchées. Le monologue est jeté, dans le bon sens du terme, comme une bouteille à la mer avec son message à l'intérieur, pour marquer le dernier combat de notre héroïne afin que le monde puisse changer par rapport aux gorilles et par extension à la Nature. Et ce, avant tout le monde.

"Moi Dian Fossey"

Texte : Pierre Tré-Hardy.
Mise en scène : Gérard Vantaggioli.
Avec : Stéphanie Lanier.
Création lumière : François Cabanat.
Musique originale : Éric Breton.
Son et images : Laurent Préyale.
Durée : 1 h 15.

Du 25 juillet au 26 août 2022.
Mardi à 20 h, mercredi à 15 h, jeudi à 19 h, vendredi à 20 h 30, samedi à 18 h 30, dimanche à 17 h.
Théâtre Artistic Athévains, Paris 11e, 01 43 56 38 32.
>> artistictheatre.com
© Marion Duhamel.
© Marion Duhamel.

Safidin Alouache
Lundi 22 Août 2022

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