© M.M.
Elles sont à l’évidence réunies par une même amoureuse curiosité des autres et un sens particulièrement aiguisé de l’humour. Le public est visiblement enchanté par le côté savant, farfelu et spontané de cette conférence qui autorise tous les apartés et favorise les rencontres et les réflexions du spectateur.
Les choses graves de la vie ainsi que le rire thérapique. Elles tiennent conférence et font théâtre.
Leur présence côte à côte est en effet légitime tant leur notoriété dans le champ de leur pratique professionnelle est importante. Le spectateur curieux de leur rencontre improbable (hors hôpital)* est conduit dans un espace méconnu du rire et de la joie.
Une longue table présentée en frontal, équipée de deux micros et, pour humaniser l’ensemble, un ficus en pot. Déjà un décor. Le dispositif témoigne de l’esprit de sérieux et de modestie commenté par les intervenantes elles-mêmes.
L’entreprise est périlleuse. Les piles de fiches mémos sont tapotées nerveusement par Catherine à l’orthogonalité. Le sac vrac d’Emma dégorge. Ordre et désordre. Parole distribuée parole perturbée.
Le spectateur pris dans le filet des conventions est pris à contrepied tant les transgressions des codes sont immédiates. Éberlué, il perd ses repères et consent immédiatement à suivre les tours et les détours. Dans le spectacle offert, Emma enfreint, objecte, interrompt, questionne, pertinente dans l’impertinence, fait rigoler. Elle affirme de plus en plus le caractère enfantin, et ce avec une allégresse croissant vers l’infini. Elle croise en échange l’infinie patience d’explication de Catherine Dolto de plus en plus attentive et curieuse du personnage qu’est sa co-conférencière. Elle devient elle-même un personnage d’adulte idéal. L’objet même de la conférence se perd. Mais, au fait, quel est il ? Conférence ? Théâtre ? Secteur de la connaissance ? Secteur du divertissement ?
Les choses graves de la vie ainsi que le rire thérapique. Elles tiennent conférence et font théâtre.
Leur présence côte à côte est en effet légitime tant leur notoriété dans le champ de leur pratique professionnelle est importante. Le spectateur curieux de leur rencontre improbable (hors hôpital)* est conduit dans un espace méconnu du rire et de la joie.
Une longue table présentée en frontal, équipée de deux micros et, pour humaniser l’ensemble, un ficus en pot. Déjà un décor. Le dispositif témoigne de l’esprit de sérieux et de modestie commenté par les intervenantes elles-mêmes.
L’entreprise est périlleuse. Les piles de fiches mémos sont tapotées nerveusement par Catherine à l’orthogonalité. Le sac vrac d’Emma dégorge. Ordre et désordre. Parole distribuée parole perturbée.
Le spectateur pris dans le filet des conventions est pris à contrepied tant les transgressions des codes sont immédiates. Éberlué, il perd ses repères et consent immédiatement à suivre les tours et les détours. Dans le spectacle offert, Emma enfreint, objecte, interrompt, questionne, pertinente dans l’impertinence, fait rigoler. Elle affirme de plus en plus le caractère enfantin, et ce avec une allégresse croissant vers l’infini. Elle croise en échange l’infinie patience d’explication de Catherine Dolto de plus en plus attentive et curieuse du personnage qu’est sa co-conférencière. Elle devient elle-même un personnage d’adulte idéal. L’objet même de la conférence se perd. Mais, au fait, quel est il ? Conférence ? Théâtre ? Secteur de la connaissance ? Secteur du divertissement ?
© M.M.
L’une et l’autre s’amusent manifestement beaucoup et impliquent de plus en plus dans leurs échanges leur public. Elles révèlent par là même la maîtrise de leur sujet et leur capacité d’improvisation.
Leur conférence est aussi un théâtre. Leur théâtre est aussi une conférence.
À la dialectique classique (et sémantiquement pauvre) du maître et de l’esclave, du maître et du disciple, du dominant et du dominé, se substitue un effet de couple qui transcende celui du clown blanc et de l'auguste pour entrer dans un objet mal identifié, intégrant dans le monde binaire des catégories le tiers exclu, celui du lien pédagogue, celui de l'accompagnement respectueux des fragilités et des forces. Lorsque le spectateur devient public complice.
Il est celui de la parade qui nécessite confiance et adhésion réciproques. Elles sont celles des relations de l’enfant avec sa peluche. Celle d’Emma sortie du sac observe la scène oubliée, quasi invisible, mais attentive elle est bienveillante aux transferts et aux progrès dans la compréhension du monde. Marie honnête.
Grâce à Emma la clown et Catherine Dolto, le public tout en éveil de son intelligence est conduit, à égalité de complicité, à la découverte des effets joyeux du dédoublement. Dans le jeu du dialogos, il entre en laboratoire de soi-même. Ce glissement généralisé des théâtralités, cette subversion des rhétoriques, ce dépassement de la mimesis et de la catharsis aboutissent à la détermination de la bonne distance dans la bonne forme où chacun est libre de poser les questions simples et irrésolues, de la sympathie et du respect des êtres, de poser le bon bandage symbolique, de trouver la bonne attitude.
Cette "mise" en scène est une expérience in vivo de rire thérapique. Elle est surtout une forme particulièrement fine de théâtre. Une émulsion du plaisir.
(1) L'haptonomie est une méthode de communication avec le fœtus par le toucher, via la paroi du ventre de la mère.
* Le critique pense à la Fédération des associations des clowns à l’hôpital (dont l’association historique "Le rire médecin") qui réjouissent les enfants malades et aussi les équipes soignantes.
Leur conférence est aussi un théâtre. Leur théâtre est aussi une conférence.
À la dialectique classique (et sémantiquement pauvre) du maître et de l’esclave, du maître et du disciple, du dominant et du dominé, se substitue un effet de couple qui transcende celui du clown blanc et de l'auguste pour entrer dans un objet mal identifié, intégrant dans le monde binaire des catégories le tiers exclu, celui du lien pédagogue, celui de l'accompagnement respectueux des fragilités et des forces. Lorsque le spectateur devient public complice.
Il est celui de la parade qui nécessite confiance et adhésion réciproques. Elles sont celles des relations de l’enfant avec sa peluche. Celle d’Emma sortie du sac observe la scène oubliée, quasi invisible, mais attentive elle est bienveillante aux transferts et aux progrès dans la compréhension du monde. Marie honnête.
Grâce à Emma la clown et Catherine Dolto, le public tout en éveil de son intelligence est conduit, à égalité de complicité, à la découverte des effets joyeux du dédoublement. Dans le jeu du dialogos, il entre en laboratoire de soi-même. Ce glissement généralisé des théâtralités, cette subversion des rhétoriques, ce dépassement de la mimesis et de la catharsis aboutissent à la détermination de la bonne distance dans la bonne forme où chacun est libre de poser les questions simples et irrésolues, de la sympathie et du respect des êtres, de poser le bon bandage symbolique, de trouver la bonne attitude.
Cette "mise" en scène est une expérience in vivo de rire thérapique. Elle est surtout une forme particulièrement fine de théâtre. Une émulsion du plaisir.
(1) L'haptonomie est une méthode de communication avec le fœtus par le toucher, via la paroi du ventre de la mère.
* Le critique pense à la Fédération des associations des clowns à l’hôpital (dont l’association historique "Le rire médecin") qui réjouissent les enfants malades et aussi les équipes soignantes.
"La Conférence" - Emma La Clown & Catherine Dolto
Spectacle écrit et interprété par Meriem Menant et Catherine Dolto.
22 et 23 janvier ; 19 et 20 février ; 11 et 12 mars 2012.
Dimanche à 17 h 30 et lundi à 20 h 30.
Séances supplémentaires :
3 juin à 17 h 30 et lundi 4 juin 2012 à 20 h 30.
L'Européen, Paris 17e, 01 43 87 97 13.
>> leuropeen.info
Jeudi 29 novembre 2012 à 20 h 30.
Salle Gaveau, Paris 8e, 01 49 53 05 07.
>> sallegaveau.com
22 et 23 janvier ; 19 et 20 février ; 11 et 12 mars 2012.
Dimanche à 17 h 30 et lundi à 20 h 30.
Séances supplémentaires :
3 juin à 17 h 30 et lundi 4 juin 2012 à 20 h 30.
L'Européen, Paris 17e, 01 43 87 97 13.
>> leuropeen.info
Jeudi 29 novembre 2012 à 20 h 30.
Salle Gaveau, Paris 8e, 01 49 53 05 07.
>> sallegaveau.com