Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.
Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.
Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.
Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.
Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.
Félix Kersten est un médecin finlandais spécialisé dans les massages thérapeutiques. Le hasard veut qu'Himmler souffre de maux d'estomac violents qu'aucune médecine traditionnelle ne parvient à soulager. Félix Kersten, par sa pratique, y parvient. Il devient vite le médecin indispensable au nazi dont les crises gastriques se multiplient. Très vite, Félix Kersten demande comme honoraire contre ses services, la libération de prisonniers. Nous sommes un peu avant la guerre. Les prisonniers sont avant tout des marginaux et des ennemis du régime. Kersten reste durant tout le conflit ce médecin particulier, cet ange soulageant le mal. Il passe de quelques noms comme honoraire, à des dizaines, des centaines jusqu'à des milliers.
C'est dans son bureau que se déroule pratiquement toute la pièce depuis la première rencontre des deux hommes jusqu'à la dernière qui eut lieu pendant la débâcle allemande et les tentatives pitoyables que fit Himmler pour sauver sa peau avant la défaite de l'Allemagne. Une relation un peu trouble s'établit entre les deux hommes. Transaction entre celui qui détient le pouvoir de soulager et celui qui détient le pouvoir de vie ou de mort. Ce dernier appelant le premier "son meilleur" ami. Marché du sang qui fait par moments passer le frisson dans la nuque quand on pense que ces soins apportés au responsable de l'organisation de la Shoah l'aidèrent à construire cette machine de mort.
C'est dans son bureau que se déroule pratiquement toute la pièce depuis la première rencontre des deux hommes jusqu'à la dernière qui eut lieu pendant la débâcle allemande et les tentatives pitoyables que fit Himmler pour sauver sa peau avant la défaite de l'Allemagne. Une relation un peu trouble s'établit entre les deux hommes. Transaction entre celui qui détient le pouvoir de soulager et celui qui détient le pouvoir de vie ou de mort. Ce dernier appelant le premier "son meilleur" ami. Marché du sang qui fait par moments passer le frisson dans la nuque quand on pense que ces soins apportés au responsable de l'organisation de la Shoah l'aidèrent à construire cette machine de mort.
Antoine Nouel suit scrupuleusement la vérité de l'histoire qui nous est parvenue. Avec une belle écriture et une structure faite de scènes courtes, vives, qui évoluent sans cesse, la confrontation entre les deux hommes reste constamment dans une tension palpable, fascinante. Un troisième homme est également constamment présent. Rudolf Brandt, secrétaire particulier d'Himmler, qui, agissant en son nom propre, lui désobéit en transmettant les listes intégrales des prisonniers à libérer au lieu d'en tronquer une partie comme il lui est demandé. Étrange personnage qui révèle tout à coup la fausseté de ceux qui prétendirent qu'il était impossible désobéir.
Les trois comédiens réussissent à créer trois personnages originaux : Franck Lorrain, Rudolf Brandt raide militaire où apparaît par éclipse une fière humanité ; Philippe Bozo, Himmler, aux allures de gratte-papier, au verbe fanatique, à la fois glaçant et ordinaire ; Antoine Nouel, Félix Kersten, plus vrai que nature, la parole posée, impressionnant de justesse, oui, tellement juste.
Les trois comédiens réussissent à créer trois personnages originaux : Franck Lorrain, Rudolf Brandt raide militaire où apparaît par éclipse une fière humanité ; Philippe Bozo, Himmler, aux allures de gratte-papier, au verbe fanatique, à la fois glaçant et ordinaire ; Antoine Nouel, Félix Kersten, plus vrai que nature, la parole posée, impressionnant de justesse, oui, tellement juste.
"Deux mains, la liberté"
Texte : Antoine Nouel, avec la participation de Frank Baugin.
Mise en scène : Antoine Nouel.
Avec : Antoine Nouel, Philippe Bozo et Éric Aubrahn.
Lumière : Denis Schlepp.
Son et image : Philippe Bozo.
Production : PAN.
Durée : 1 h 15.
À partir de 14 ans.
Du 14 octobre 2023 au 31 mars 2024
Du jeudi au samedi à 21 h, dimanche à 14 h 30.
Relâche les 2 et 3 novembre, 24 décembre 2023.
Studio Hébertot, Paris 17ᵉ, 01 42 93 13 04.
>> studiohebertot.com
Mise en scène : Antoine Nouel.
Avec : Antoine Nouel, Philippe Bozo et Éric Aubrahn.
Lumière : Denis Schlepp.
Son et image : Philippe Bozo.
Production : PAN.
Durée : 1 h 15.
À partir de 14 ans.
Du 14 octobre 2023 au 31 mars 2024
Du jeudi au samedi à 21 h, dimanche à 14 h 30.
Relâche les 2 et 3 novembre, 24 décembre 2023.
Studio Hébertot, Paris 17ᵉ, 01 42 93 13 04.
>> studiohebertot.com