Comme elle nous le déclare en préambule de son spectacle, elle va principalement nous parler de son ventre, de ses seins, de son vagin, très peu de sa tête. Le ton est clairement donné, il est temps de poser sans ambiguïté les problèmes sur la table, de combattre les idées reçues, convenues… et dire les déconvenues des femmes au quotidien, les violences subies, les viols incestueux ou conjugaux, les soumissions journalières. La proposition est limpide, le public est invité à sortir de sa zone de confort pour un spectacle incisif et sans concessions…
Toute la force et la puissance de Corinne Merle résident notamment dans sa maîtrise à nous narrer des anecdotes douloureuses, à rappeler à la barre le violeur… même mort, à replacer dans la banalité des actes indicibles - à la fois du fait de leur extrême violence et de leur trivialité - pour les rendre plus réels, concrets afin de générer une prise de conscience immédiate de leur insoutenable gravité par la gent masculine… même si dans le public il est peu probable qu'il y ait des hommes concernés… Mais s'agissant d'un travail de longue haleine - les chiffres sur les féminicides* parlent d'eux-mêmes -, Corinne Merle ne mégote pas à asséner quelques uppercuts vocaux.
Toute la force et la puissance de Corinne Merle résident notamment dans sa maîtrise à nous narrer des anecdotes douloureuses, à rappeler à la barre le violeur… même mort, à replacer dans la banalité des actes indicibles - à la fois du fait de leur extrême violence et de leur trivialité - pour les rendre plus réels, concrets afin de générer une prise de conscience immédiate de leur insoutenable gravité par la gent masculine… même si dans le public il est peu probable qu'il y ait des hommes concernés… Mais s'agissant d'un travail de longue haleine - les chiffres sur les féminicides* parlent d'eux-mêmes -, Corinne Merle ne mégote pas à asséner quelques uppercuts vocaux.
Mais la comédienne, pasionaria généreuse et enthousiaste, sait doser ses propos, en traduire des mélodies tragiques ou joyeuses, ces dernières s'appuyant sur un usage de l'humour expérimenté. Son texte, découpé en séquences, dont elle est l'autrice pour la majorité, les autres étant empruntées à "King Kong Théorie" de Virginie Despentes, inclut avec intelligence et espièglerie des références culturelles et/ou littéraires, souvent délicieuses, dont une lettre d'Antonin Artaud (que je vous laisse découvrir avec un plaisir non dissimulé) ou un souvenir radiophonique - "Radioscopie" - ayant mis en scène sur les ondes Jacques Chancel et Albert Cohen… où ce dernier se révèle être un fieffé goujat doublé d'un odieux phallocrate.
Autre moment fort du spectacle - parmi d'autres, plantés comme des aiguillons dans la carne machiste du mâle commun qui, comme toutes les espèces animales, est en cours d'évolution (espoir ! ?) - où est abordée la sphère littéraire qui encore aujourd'hui, même si cela a, pour le coup vraiment évolué, met en avant dans l'enseignement (au collège et au lycée) des modèles pas spécialement réjouissement où la condition de la femme est limitée à une misère crasse entre crime et prostitution.
Autre moment fort du spectacle - parmi d'autres, plantés comme des aiguillons dans la carne machiste du mâle commun qui, comme toutes les espèces animales, est en cours d'évolution (espoir ! ?) - où est abordée la sphère littéraire qui encore aujourd'hui, même si cela a, pour le coup vraiment évolué, met en avant dans l'enseignement (au collège et au lycée) des modèles pas spécialement réjouissement où la condition de la femme est limitée à une misère crasse entre crime et prostitution.
Elle en profite donc pour faire une "remise à niveau" de l'image perçue des héroïnes de nos grands auteurs académiques. Que ce soit, par exemple, "Thérèse Raquin" d'Émile Zola qui la décrit comme une brute humaine ou "Nana" vouée à la prostitution pour sortir de la misère, ou encore "Emma Bovary" de Flaubert qui, pour faire court, est mise au couvent par le paternel veuf où elle apprend à lire, donc à se cultiver et à devenir plus libre, en amour notamment… Résultat ? Femme instruite donc dangereuse, libre en actes, en pensées et en amour… donc perverse ! Et hop ! Ève, la pomme, le serpent, le mal, le mâle trompé et tout le tralala !
La mise en scène de François Jenny apporte de l'ampleur au jeu de la comédienne, une occupation du plateau dynamique, avec des moments de retrait derrière la table aux œufs… en avenir d’omelette, où elle se procure une trêve ; et d’autres en running plateau et approche salle pour de percutantes et narratives adresses au public. Ici est privilégiée opportunément une séparation entre l’avant-scène dédiée à des expressions dynamiques et plus "sportives", et l'espace "arrière" du plateau, faisant alors office de zone de retrait, d’apaisement et de réflexion à voix haute. De cette mise en espace, Corinne Merle en joue avec l'élégante mobilité et la détermination d'une boxeuse sur un ring !
"Comment Virginie D. a sauvé ma vie" est une parole nécessaire, requinquante pour les femmes et salvatrice pour les hommes volontaires !
* Au 1er juin 2022, on comptait déjà 46 féminicides par compagnons ou ex.
La mise en scène de François Jenny apporte de l'ampleur au jeu de la comédienne, une occupation du plateau dynamique, avec des moments de retrait derrière la table aux œufs… en avenir d’omelette, où elle se procure une trêve ; et d’autres en running plateau et approche salle pour de percutantes et narratives adresses au public. Ici est privilégiée opportunément une séparation entre l’avant-scène dédiée à des expressions dynamiques et plus "sportives", et l'espace "arrière" du plateau, faisant alors office de zone de retrait, d’apaisement et de réflexion à voix haute. De cette mise en espace, Corinne Merle en joue avec l'élégante mobilité et la détermination d'une boxeuse sur un ring !
"Comment Virginie D. a sauvé ma vie" est une parole nécessaire, requinquante pour les femmes et salvatrice pour les hommes volontaires !
* Au 1er juin 2022, on comptait déjà 46 féminicides par compagnons ou ex.
"Comment Virginie D. a sauvé ma vie"
D'après "King Kong Théorie" de Virginie Despentes.
Autrice : Corinne Merle.
Mise en scène : François Jenny.
Avec : Corinne Merle.
Lumières : Luc Jenny.
Production Come Prod.
Durée : 1 h 05.
•Avignon Off 2021•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 15 h.
Théâtre Arto, 3, rue du Râteau, Avignon.
Réservations : 04 90 82 45 61.
>> theatre-arto.fr
Autrice : Corinne Merle.
Mise en scène : François Jenny.
Avec : Corinne Merle.
Lumières : Luc Jenny.
Production Come Prod.
Durée : 1 h 05.
•Avignon Off 2021•
Du 7 au 30 juillet 2022.
Tous les jours à 15 h.
Théâtre Arto, 3, rue du Râteau, Avignon.
Réservations : 04 90 82 45 61.
>> theatre-arto.fr