Olivier Baumont n'est pas seulement un des plus grands clavecinistes français, il est aussi un chercheur et un écrivain doué, auteur de plusieurs ouvrages dont un consacré à la musique dans les "Mémoires" de Saint-Simon (1). Émaillé d'extraits de ces mémoires couvrant sa période militaire lus avec gourmandise par le comédien Denis Podalydès, le concert offrait un aperçu d'œuvres de compositeurs français des XVIIe et XVIIIe siècles composées en temps de guerre et de paix. Ces "Bruits de guerre" (2) et autres airs "militaires" pour clavecin ou petite formation orchestrale forment un répertoire quelque peu oublié aujourd'hui - cependant très en vogue à l'époque baroque.
Le sociétaire de la Comédie-Française ouvre le spectacle (et le terminera) par le rappel des derniers mots solennels de Louis XIV à son arrière petit-fils, le dauphin (3) rappelant les vertus de la paix ; ultime conseil aux portes de l'éternité d'un roi guerrier. Accompagné des violons volubiles de Julien Chauvin et Tami Troman, de la viole d'Atsushi Sakaï (quelque peu imprécise au début), le clavecin d'Olivier Baumont réalise la basse continue du "Bruit d'armes" du Prologue de l'acte cinq de "David et Jonathas" de Marc-Antoine Charpentier (1688). C'est le premier exemple brillant de la soirée de cette musique imitative des instruments d'une marche à la guerre : trompettes, timbales, tambours et hautbois.
Le sociétaire de la Comédie-Française ouvre le spectacle (et le terminera) par le rappel des derniers mots solennels de Louis XIV à son arrière petit-fils, le dauphin (3) rappelant les vertus de la paix ; ultime conseil aux portes de l'éternité d'un roi guerrier. Accompagné des violons volubiles de Julien Chauvin et Tami Troman, de la viole d'Atsushi Sakaï (quelque peu imprécise au début), le clavecin d'Olivier Baumont réalise la basse continue du "Bruit d'armes" du Prologue de l'acte cinq de "David et Jonathas" de Marc-Antoine Charpentier (1688). C'est le premier exemple brillant de la soirée de cette musique imitative des instruments d'une marche à la guerre : trompettes, timbales, tambours et hautbois.
Puis Denis Podalydès lit le rappel que fait Saint-Simon (alors Vidame de Chartres) des circonstances de son entrée - grâce à son père - dans l'un des deux régiments de Mousquetaires en 1691. Rappel suivi de la "Marche des Mousquetaires gris" pour clavecin de Michel Corrette, extraite du Livre VIII des "Amusements du Parnasse" (1772).
La carrière de Saint-Simon s'égrène précisément avec ses mots mis en musique : 1692, il participe au siège de Namur en 1692 puis à la Bataille de Steinkerque - bataille qui donne lieu à une sonate de François Couperin ("ordinaire de la musique du roi" et "Maître de clavecin des Enfants de France") avec ses parties notées "Gayement" ou "Mouvement des Fanfares". Olivier Baumont s'y montre à la hauteur de celui qu'on appela "Couperin le Grand", en virtuose imaginatif de l'instrument.
Les dates défilent, restituant les aléas de la vie militaire, des combats de l'Armée des Flandres et de ses maréchaux, que raconte avec esprit Saint-Simon jusqu'à sa démission en 1702 - fâché de n'avoir pas été reconnu selon lui à sa juste valeur par le Roi-Soleil - puisqu'une promotion décisive lui échappe. Les plaisantes figurations sonores telles la "Boute-selle" (4), "La Charge" ou encore l'"Allégresse des Vainqueurs" animent tant "La Triomphante" du même Couperin que "Les Caractères de la Guerre" (1718) de Jean-François Dandrieu, organiste de la Chapelle Royale.
La carrière de Saint-Simon s'égrène précisément avec ses mots mis en musique : 1692, il participe au siège de Namur en 1692 puis à la Bataille de Steinkerque - bataille qui donne lieu à une sonate de François Couperin ("ordinaire de la musique du roi" et "Maître de clavecin des Enfants de France") avec ses parties notées "Gayement" ou "Mouvement des Fanfares". Olivier Baumont s'y montre à la hauteur de celui qu'on appela "Couperin le Grand", en virtuose imaginatif de l'instrument.
Les dates défilent, restituant les aléas de la vie militaire, des combats de l'Armée des Flandres et de ses maréchaux, que raconte avec esprit Saint-Simon jusqu'à sa démission en 1702 - fâché de n'avoir pas été reconnu selon lui à sa juste valeur par le Roi-Soleil - puisqu'une promotion décisive lui échappe. Les plaisantes figurations sonores telles la "Boute-selle" (4), "La Charge" ou encore l'"Allégresse des Vainqueurs" animent tant "La Triomphante" du même Couperin que "Les Caractères de la Guerre" (1718) de Jean-François Dandrieu, organiste de la Chapelle Royale.
"Les Caractères de la Paix" de Pierre-Claude Foucquet (1751) concluent avec brio un spectacle passionnant qui vient rappeler ce que l'on sait peu : la richesse de la carrière de soldat du Duc de Saint-Simon comme celle des œuvres de salon écrites en écho aux brillants bruits d'armes louis-quatorziens.
(1) Olivier Baumont est l'auteur notamment de "À l'Opéra, Monsieur ! La musique dans les "Mémoires" de Saint-Simon" (L'Infini Gallimard, 2015) et "La Musique à Versailles" (Actes Sud, 2007).
(2) Le "Bruit de guerre" est ce moment où tous les instruments doivent sonner ensemble pendant une marche militaire pour effrayer l'ennemi.
(3) Le 26 août 1715, Louis XIV sur son lit d'agonie déclare au Dauphin : "Mon cher enfant, vous allez être le plus grand roi du monde, n'oubliez jamais les obligations que vous avez à Dieu. Ne m'imitez pas dans les guerres ; tâchez de maintenir toujours la paix avec vos voisins, de soulager votre peuple autant que vous pourrez …". Il meurt le premier septembre.
(4) La "Boutte-selle" est le signal à la trompette pour seller les chevaux et mettre en marche l'armée, ici imité par l'orchestre.
Cycle "Confidences et complaintes de soldats".
Du 13 octobre 2017 au 28 janvier 2018.
Programme complet :
>> musee-armee.fr
(1) Olivier Baumont est l'auteur notamment de "À l'Opéra, Monsieur ! La musique dans les "Mémoires" de Saint-Simon" (L'Infini Gallimard, 2015) et "La Musique à Versailles" (Actes Sud, 2007).
(2) Le "Bruit de guerre" est ce moment où tous les instruments doivent sonner ensemble pendant une marche militaire pour effrayer l'ennemi.
(3) Le 26 août 1715, Louis XIV sur son lit d'agonie déclare au Dauphin : "Mon cher enfant, vous allez être le plus grand roi du monde, n'oubliez jamais les obligations que vous avez à Dieu. Ne m'imitez pas dans les guerres ; tâchez de maintenir toujours la paix avec vos voisins, de soulager votre peuple autant que vous pourrez …". Il meurt le premier septembre.
(4) La "Boutte-selle" est le signal à la trompette pour seller les chevaux et mettre en marche l'armée, ici imité par l'orchestre.
Cycle "Confidences et complaintes de soldats".
Du 13 octobre 2017 au 28 janvier 2018.
Programme complet :
>> musee-armee.fr