Au programme de la soirée du samedi étaient littéralement recréées les deuxième et troisième symphonies du compositeur allemand, les fameuses "Lobgesang" (Chant de Louanges) et "Écossaise". Et ce, sous la direction du chef canadien considéré comme l'un des meilleurs au monde dans ce répertoire romantique, déjà à la tête de trois orchestres (et non des moindres) à quarante ans (1). Son enregistrement de cette intégrale pour Deutsche Grammophon est d'ailleurs prévu d'ici peu. C'est dire l'attente considérable suscitée par cet événement dans la belle salle parisienne à l'acoustique impressionnante.
Félix Mendelssohn a vingt ans et ses dons exceptionnels dans de nombreux arts se voient récompensés par sa famille par le cadeau d'un voyage de trois ans en Europe. En 1829, il rêve devant les ruines du château de Marie Stuart en Irlande - ce sera la source d'inspiration de sa troisième symphonie composée en 1842. Œuvre aux dimensions relativement modestes par sa durée (35 minutes) mais déjà conséquente en terme d'effectifs, la symphonie "Ecossaise" est un poème passionné qui convoque autant l'atmosphère mélancolique des landes brumeuses que le folklore des Highlands avec ses danses et ses apparitions de fantômes. Avec son orchestration complexe et raffinée frappée au coin d'une imagination tantôt folâtre tantôt ténébreuse, la troisième symphonie révèle, chez celui que Richard Wagner tenait pour "un paysagiste de premier ordre" (et il saura s'en souvenir), les coloris du romantisme le plus brûlant - mais soumis à l'élégance de la forme.
Félix Mendelssohn a vingt ans et ses dons exceptionnels dans de nombreux arts se voient récompensés par sa famille par le cadeau d'un voyage de trois ans en Europe. En 1829, il rêve devant les ruines du château de Marie Stuart en Irlande - ce sera la source d'inspiration de sa troisième symphonie composée en 1842. Œuvre aux dimensions relativement modestes par sa durée (35 minutes) mais déjà conséquente en terme d'effectifs, la symphonie "Ecossaise" est un poème passionné qui convoque autant l'atmosphère mélancolique des landes brumeuses que le folklore des Highlands avec ses danses et ses apparitions de fantômes. Avec son orchestration complexe et raffinée frappée au coin d'une imagination tantôt folâtre tantôt ténébreuse, la troisième symphonie révèle, chez celui que Richard Wagner tenait pour "un paysagiste de premier ordre" (et il saura s'en souvenir), les coloris du romantisme le plus brûlant - mais soumis à l'élégance de la forme.
Nézet-Séghin, avec sa phalange de musiciens (2), se joue, avec son tempérament bouillant mais aussi beaucoup de délicatesse, des grandes difficultés d'une partition exigeant vélocité extrême et une rare précision dans les dialogues entre les pupitres - et dans les rangs mêmes des instrumentistes (particulièrement ceux des cordes, des bois, entre autres). Le spectacle que nous offre la direction du chef canadien est un bonheur constant. Pétrissant littéralement cette matière sonore de pure émotion, il tient tous les musiciens sous une étrange emprise des doigts et de l'œil avec force gestes enveloppants et énergiques élans du corps - qui impriment alors rythmes, dynamiques et expressivité comme jamais.
Vient ensuite l'imposante Symphonie n°2, ce chant de louanges ("Lobgesang") composé entre 1838 et 1840 à l'occasion des commémorations organisées pour fêter l'invention de l'imprimerie. Ce sont les mânes du grand Beethoven qui sont convoqués avec cette œuvre de plus d'une heure nécessitant, outre un orchestre imposant dont un orgue, un chœur mixte et trois chanteurs solistes. Avec cette fresque grandiose quasi opératique en deux parties composée d'une "Sinfonietta" instrumentale (une dizaine de minutes) introduisant un céleste et dramatique théâtre vocal, Mendelssohn était bien à sa manière le thuriféraire de ces dieux qu'il a sortis de l'oubli, Haendel et Bach. Son ami Berlioz n'avait-il pas noté "son amour filial" pour ceux que Mendelssohn, le célèbre chef du Gewandhaus de Leipzig (3), allait ressusciter dans la mémoire des hommes ?
Vient ensuite l'imposante Symphonie n°2, ce chant de louanges ("Lobgesang") composé entre 1838 et 1840 à l'occasion des commémorations organisées pour fêter l'invention de l'imprimerie. Ce sont les mânes du grand Beethoven qui sont convoqués avec cette œuvre de plus d'une heure nécessitant, outre un orchestre imposant dont un orgue, un chœur mixte et trois chanteurs solistes. Avec cette fresque grandiose quasi opératique en deux parties composée d'une "Sinfonietta" instrumentale (une dizaine de minutes) introduisant un céleste et dramatique théâtre vocal, Mendelssohn était bien à sa manière le thuriféraire de ces dieux qu'il a sortis de l'oubli, Haendel et Bach. Son ami Berlioz n'avait-il pas noté "son amour filial" pour ceux que Mendelssohn, le célèbre chef du Gewandhaus de Leipzig (3), allait ressusciter dans la mémoire des hommes ?
On se souvient que Mendelssohn avait dirigé en 1829 - pour la première fois depuis la mort du grand Bach - une "Passion selon Saint-Matthieu" qui avait fait date. L'exceptionnelle qualité des chanteurs que dirigeait Nézet-Séghin (rappelant le grand spécialiste du répertoire lyrique qu'il est aussi) à la Philharmonie aura eu raison là encore des écueils de cet opus.
À propos de ces œuvres avec chœur, Berlioz (l'ami depuis 1830) avait souligné qu'il s'agissait "de ce qu'il y a, en fait de chant choral, de plus difficile". Le RIAS Kammerchor berlinois, grand héritier de la tradition chorale allemande tout juste miraculeux de justesse et d'expression, ne l'a cédé en rien aux solistes. La beauté du chant de Karina Gauvin, ange de consolation et de certitude révélée, et les superbes interventions du ténor Daniel Behle (remarqué en juillet 2015 au Festival d'Aix-en-Provence) ont parachevé la perfection de ce mémorable concert.
Notes :
(1) Yannick Nézet-Séghin est à la tête de l'Orchestre de Philadelphie, de l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam et de l'Orchestre Métropolitain de Montréal.
(2) Le Chamber Orchestra of Europe, créé en 1981, est composé de soixante membres issus de formations diverses. Sa collaboration avec le chef canadien a débuté en 2008.
(3) La ville où travailla le Cantor J. S. Bach.
À propos de ces œuvres avec chœur, Berlioz (l'ami depuis 1830) avait souligné qu'il s'agissait "de ce qu'il y a, en fait de chant choral, de plus difficile". Le RIAS Kammerchor berlinois, grand héritier de la tradition chorale allemande tout juste miraculeux de justesse et d'expression, ne l'a cédé en rien aux solistes. La beauté du chant de Karina Gauvin, ange de consolation et de certitude révélée, et les superbes interventions du ténor Daniel Behle (remarqué en juillet 2015 au Festival d'Aix-en-Provence) ont parachevé la perfection de ce mémorable concert.
Notes :
(1) Yannick Nézet-Séghin est à la tête de l'Orchestre de Philadelphie, de l'Orchestre Philharmonique de Rotterdam et de l'Orchestre Métropolitain de Montréal.
(2) Le Chamber Orchestra of Europe, créé en 1981, est composé de soixante membres issus de formations diverses. Sa collaboration avec le chef canadien a débuté en 2008.
(3) La ville où travailla le Cantor J. S. Bach.
À voir en replay pendant six mois sur le site de la Philharmonie :
>> live.philharmoniedeparis.fr
Programme du samedi 20 février 2016 :
Symphonie n° 3 en la mineur "Écossaise".
Symphonie n°2 en si bémol majeur "Lobgesang".
Programme du dimanche 21 février 2016.
Symphonie n°1.
Symphonie n°4 "Italienne".
Symphonie n°5 "Réformation".
Chamber Orchestra of Europe.
Yannick Nézet-Séghin, direction.
Karina Gauvin, soprano.
Regula Mühlemann, soprano.
Daniel Behle, ténor.
RIAS Kammerchor.
>> live.philharmoniedeparis.fr
Programme du samedi 20 février 2016 :
Symphonie n° 3 en la mineur "Écossaise".
Symphonie n°2 en si bémol majeur "Lobgesang".
Programme du dimanche 21 février 2016.
Symphonie n°1.
Symphonie n°4 "Italienne".
Symphonie n°5 "Réformation".
Chamber Orchestra of Europe.
Yannick Nézet-Séghin, direction.
Karina Gauvin, soprano.
Regula Mühlemann, soprano.
Daniel Behle, ténor.
RIAS Kammerchor.