La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Ivanov"… Tristesse, mélancolie… Dans sa proposition, Benedetti tente de soigner ces affections - 12/11/2018

"Ivanov" est la première pièce jouée de Tchekhov. Une œuvre de jeunesse qui subit différentes réécritures suite aux critiques que l'auteur reçut à la création. À l'Athénée, c'est la version originale qui est montée : celle que Tchekhov intitula "Comédie" ; et c'est en prenant ce parti pris que Christian Benedetti construit sa mise en scène. La pièce raconte la dernière année de la vie d'Ivanov,...  

"Vipère au poing" Une partie d'échecs guerrière où s'affrontent d'archaïques relations familiales - 13/02/2020

Œuvre quasi autobiographique, "Vipère au poing" d'Hervé Bazin est adaptée pour la première fois au théâtre dans une mise en scène de Victoria Ribeiro. Récit au vitriol d'une relation en forme de guérilla permanente entre une mère détestable et ses enfants rebelles, sa transcription en un seul en scène tient notamment par l'étonnante performance d'Aurélien Houver. Relatant l'adolescence à peine...  

"Vipère au poing"… Une partie d'échecs guerrière où s'affrontent d'archaïques relations familiales - 06/11/2018

Œuvre quasi autobiographique, "Vipère au poing" d'Hervé Bazin est adaptée pour la première fois au théâtre dans une mise en scène de Victoria Ribeiro. Récit au vitriol d'une relation en forme de guérilla permanente entre une mère détestable et ses enfants rebelles, sa transcription en un seul en scène tient notamment par l'étonnante performance d'Aurélien Houver. Relatant l'adolescence à peine...  

"Après la répétition", laisser apparaître ce point des relations humaines où tout n'est que mystère de l'être - 31/10/2018

Soit, à jardin, une comédienne dans le rôle de la jeune première et, à cour, un comédien dans le rôle du metteur en scène. Ils répètent la pièce d'Ingmar Bergman intitulée  "Après la répétition". Entre table de travail, canapé, fauteuils et rideau de fond, Georgia Scalliet* et Frank Vercruyssen entreprennent un petit joyau de virtuosité dans lequel interfèrent les situations dramatiques d'Ibsen,...  

"La Cerisaie Variations Chantées", autant de petites musiques qui, dans le plaisir, élaborent une harmonie - 26/10/2018

Comment jouer la Cerisaie ? Cette pièce réaliste qu'Anton Tchékhov dépeint comme une comédie. Elle contient tous les ressorts du drame, finit en tragédie et pourtant délivre une sensation de joie de vivre. Comme un vaudeville bien tempéré. Susana Lastreto (et sa compagnie Grrr) propose dans "la Cerisaie, variations chantées" une forme libre et contemporaine. Pleine de gaîté respectueuse. Qui joue...  

"Le Banquet"… Mariage de la déraison et de la dérision - 23/10/2018

Mathilda May, dans sa dernière création, renverse le sérieux du rituel du mariage en farce comique, au détour d'un banquet, où la langue, aussi incongrue et déconstruite soit-elle, arrive à nouer les gens, et ce quelles que soient les sonorités vocales adoptées. Ce n'est pas "Le Banquet" de Platon, évidemment, mais cela aurait pu être, dans un autre registre, aussi connu… J'exagère quelque peu,...  

"La Guerre des salamandres", une satire qui fait apparaître l'espèce humaine dans la nudité d'une de ses vérités. - 22/10/2018

Dans "la Guerre des salamandres" du tchèque Karel Čapek, les hommes habitants terrestres de la Terre rencontrent des sauriens occupants de la mer, des salamandres douées d'intelligence. Les hommes sont plongés dans la jouissance d'un monde qu'ils vivent comme un spectacle et un divertissement fournisseurs de richesses. Les salamandres dociles au plus proche des huîtres perlières sont exploitées...  

L'héritage du mime Marceau est encore et toujours, oh joie !, un langage universel - 17/10/2018

Dans un monde qui se cloisonne volontairement, et de plus en plus par les différences de richesses, de religions, de cultures, de couleurs de peau, de langues, de modes vestimentaires, de groupes ethniques, de mœurs, de sexes, d'âges… un langage capable d'être saisi et des histoires partagées par tous devient presque un miracle. Le mime est capable de ce miracle, comme la musique et d'autres arts...  

"La Cantate à trois voix"… Poème musical dansé - 15/10/2018

De cette œuvre méconnue de Claudel, le compositeur et metteur en scène Tarik Benouarka, en donne une lecture rythmée. Le poème de l'auteur fait écho à une forte présence scénique où l'émotion soutenue par un violoncelle fait gracieusement chorus à l'œuvre. Paul Claudel (1868-1955) au théâtre est toujours difficile à mettre en scène. La puissance du verbe, la haute valeur poétique des vers, la...  

"Un siècle"… Changer ce "monde", espérance après espérance… les bras ouverts à ceux de demain… - 13/10/2018

Si le XXe siècle m'était conté... mais de conte ici il n'est point car évoqué à travers trois vies réelles, nées de trois comédiens qui, de leurs souvenirs résurgents, font resurgir leurs histoires personnelles, vraies ou fausses, vécues ou imaginées, mais reconstruisant, dans une fiction aux accents du documentaire, la véritable grande histoire de ce siècle si récemment conjuguée au passé...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024