La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

L'amour, comme une possibilité envisagée pour déconstruire l’innommable et reconstruire l'être - 24/09/2012

Parler au théâtre de sujets difficiles, douloureux, monstrueux même car touchant aux viols, aux tortures, aux crimes d'êtres innocents que sont les enfants n'est pas chose aisée... "L'amour existe" de Mitch Hooper y réussit grâce à un texte intelligemment et subtilement construit, par le remarquable jeu - sans excès et parfaitement maîtrisé - de deux comédiens étonnamment "habités" par leur...  

Dans une intranquillité de l’air, le sens respire, la beauté apparait ainsi que le mythe - 20/09/2012

Installé sur le trône par les manœuvres de sa mère Agrippine, Néron, enfant adopté, s’émancipe et entreprend d’exercer, seul, le pouvoir. Écrite en 1669, la pièce de Jean Racine qui s’inspire de l’œuvre de l’historien romain Tacite est haletante. Jean-Louis Martinelli qui la met en scène restitue de manière limpide les intrigues des occupants d’un palais coupé du monde. Là où précisément, dans la...  

Retrouver les espoirs de la Vie, pour oublier un instant les folies de l'Histoire - 19/09/2012

Dans une mise en scène où Steve Suissa choisit de faire de chaque acteur un témoin de l’Histoire, les comédiens, dans un jeu de très grande qualité, déploient des sentiments allant de l’enthousiasme au tragique faisant parfois oublier dans le quotidien d’une famille, le feu calcinant et destructeur de l’Histoire. Otto Franck (Francis Huster) arrive sur scène, imperméable sur le dos et casquette...  

"Qui l’eut cru ? Camille chez Rodin !"* - 16/09/2012

Le temps d’une saison, le comédien et metteur en scène Charles Gonzalès devient directeur artistique du Musée Rodin. C’est l’occasion d’y faire de belles rencontres théâtrales en compagnie de Brigitte Fossey, Marie-Christine Barrault, Jean-Claude Drouot et bien entendu Charles Gonzalès lui-même. Quelques monstres sacrés de la scène, de jolies balades entre les murs du musée… Attention, les arts...  

Le scoop ? Un thriller à tiroirs dans le grand cirque médiatique... - 13/09/2012

Qu'y a-t-il de commun entre un Grand Reporter de légende, une star du JT et un jeune journaliste débutant ? Est-ce l’envie de témoigner ? La recherche du scoop ? Ou seulement l’envie de garder sa place ? C’est bien souvent les trois à la fois, guidés par un seul principe : "Mieux vaut être le premier à se tromper plutôt qu’être le deuxième à dire la vérité"… Dans cette recherche effrénée de...  

Une tragédie clownesque... comme une montée du cynisme - 10/09/2012

Écrite en 1971 et créée à Suresnes en 1974 dans une mise en scène de Jean Pierre Sarrazac et des décors de Gauvin, "L'Atelier volant", la toute première pièce de Valère Novarina, est pour la première fois mise en scène par l'auteur... Un spectacle qui résonne étonnamment en ce début de vingt et unième siècle. Dans "L’Atelier volant", les acteurs sont montés en spectacle. Sans paillettes, dans...  

Am... Corps dansé, corps réconcilié, toile tissée sur le fil tendu de territoires reconquis - 03/08/2012

Entre fragilité et puissance, entre douceur et violence, une expression corps et âmes, une incarnation de l'âme dans le corps, un corps comme instrument du langage de l'âme, "Am" de MariA (l'une des quatre chorégraphes du spectacle "Sentires", coup de cœur du Festival Off d'Avignon 2004) est tout cela et bien plus à la fois... Un voyage initiatique... chamanique, une réconciliation, une danse...  

Avignon In 2012 : Une leçon de théâtre, discrètement ironique, où les images virtuelles sont là... pertinentes - 25/07/2012

[Actuellement au Théâtre La Colline, Paris] En mettant en scène "Six personnages en quête d’auteur" de Luigi Pirandello, Stéphane Braunschweig insère l’œuvre de l’auteur dans le moment précis d’une répétition. Celui des premières lectures lorsque les comédiens avec leur personnalité sont perdus, perplexes. C’est le moment où les défenses tombent, leurs préjugés s’effritent. C’est le moment où les...  

Avignon Off 2012 : Un appel à l'intelligence rare et drôle... - 24/07/2012

Avec Matthieu Roy qui met en scène l’œuvre de Christophe Pellet, le retournement ironique de celui qui est condamné à suivre les règles d’un jeu qu’il récuse atteint tout simplement des sommets. La conférence est à l’origine un pamphlet, un signe de colère de la part de l’auteur sur l’état des mentalités de la profession théâtrale subventionnée en France. Elle devient, par la grâce de...  

Avignon Off 2012 : Une redécouverte de l'ancien français, jubilatoire et poétique... Un émerveillement quasi exotique - 23/07/2012

À l'heure de l'extrême modernité de nombreuses propositions artistiques, le comédien Philippe Klein prend le pari de nous révéler que nous comprendrons encore le vieux français... Avec "Alfred le Fabuliste", il nous propose un voyage dans le temps, poétique et décalé, à la redécouverte de fables que nous connaissons souvent par cœur... mais en usant de la langue du XIVe siècle... un spectacle...  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024