© Natalia Kabanow.© Natalia Kabanow.
Tous réunis pour un repas culturel qui s'éternise. Entre goulasch et sandre du lac Balaton. Remarquable par la vacuité de ses propos et de la pensée. Et la violence sous le vernis.
La pièce de Thomas Bernhard, "Des arbres à abattre", ne fait pas dans la dentelle. Elle montre la comédie sociale de ceux qui jugent de l'Art sans en éprouver les saveurs. Ceux pour qui le fait culturel ne se mesure qu'à l'aune du geste maîtrisé et adéquat. Une bonne tenue, une démarche, une souplesse du poignet, une parole définitive. Ils sont habillés de préjugés. C'est un miroir du monde de la consommation culturelle qui est tendu au spectateur.
La scène est vue par le grand auteur Thomas Bernhard lui-même. Invité à ce repas par l'inertie des relations sociales, la force des choses. Spectateur impliqué. À la fois tiers inclus et refoulé. Face à la médiocrité et à son mensonge, il fait son cinéma, parasite, feint de s'endormir, rêve à haute voix.
Les lecteurs de Thomas Bernard connaissent les variations de point de vue, les répétitions du même, qui signent une petite musique, une basse continue qui marque les évolutions de la sensibilité. L'ironie auto-destructrice d'un narrateur commentateur.
La pièce de Thomas Bernhard, "Des arbres à abattre", ne fait pas dans la dentelle. Elle montre la comédie sociale de ceux qui jugent de l'Art sans en éprouver les saveurs. Ceux pour qui le fait culturel ne se mesure qu'à l'aune du geste maîtrisé et adéquat. Une bonne tenue, une démarche, une souplesse du poignet, une parole définitive. Ils sont habillés de préjugés. C'est un miroir du monde de la consommation culturelle qui est tendu au spectateur.
La scène est vue par le grand auteur Thomas Bernhard lui-même. Invité à ce repas par l'inertie des relations sociales, la force des choses. Spectateur impliqué. À la fois tiers inclus et refoulé. Face à la médiocrité et à son mensonge, il fait son cinéma, parasite, feint de s'endormir, rêve à haute voix.
Les lecteurs de Thomas Bernard connaissent les variations de point de vue, les répétitions du même, qui signent une petite musique, une basse continue qui marque les évolutions de la sensibilité. L'ironie auto-destructrice d'un narrateur commentateur.
© Natalia Kabanow.
C'est ce jeu de l'écriture que Krystian Lupa met en scène. En exploitant tous les procédés du théâtre : de l'avant-scène, de la ligne de rampe à la cage, jusque dans les proportions entre cage de scène et l'écran vidéo. Le spectateur se trouve face à un phénomène de laboratoire théâtral. Une forme de terrarium dans lequel les personnages vivent un huis clos. Ils y développent leur opinion, contemplent leur trace récente sur des enregistrements et pour certains jeunes ambitieux en intermède au confessionnal de leur téléréalité. Ils n'ont rien à se dire.
Le travail se fait en quasi-temps réel. (Près de quatre heures quarante). Il atteint un point sous la limite "sub limes" où le sentiment du grotesque, le ricanement cynique, envahissent le temps et l'espace. Mais un mouvement continu des corps, les allers-retours des paroles suscitent un phénomène de fascination à effet magique. Des leitmotivs, des respirations se font sentir, un rythme propre à chaque personnage devient sublime lors de l'apparition d'harmonies éphémères.
Dans cet univers qui affirme la réalité du néant, à bien des égards funèbre, le sentiment de vide et de pesanteur qui pourrait assaillir le spectateur se trouve inversé de manière positive par l'excellence des acteurs des comédiens. Concentrés toujours, ils connaissent les faiblesses de leurs personnages respectifs, savent les montrer sans en faire des monstres.
Le travail se fait en quasi-temps réel. (Près de quatre heures quarante). Il atteint un point sous la limite "sub limes" où le sentiment du grotesque, le ricanement cynique, envahissent le temps et l'espace. Mais un mouvement continu des corps, les allers-retours des paroles suscitent un phénomène de fascination à effet magique. Des leitmotivs, des respirations se font sentir, un rythme propre à chaque personnage devient sublime lors de l'apparition d'harmonies éphémères.
Dans cet univers qui affirme la réalité du néant, à bien des égards funèbre, le sentiment de vide et de pesanteur qui pourrait assaillir le spectateur se trouve inversé de manière positive par l'excellence des acteurs des comédiens. Concentrés toujours, ils connaissent les faiblesses de leurs personnages respectifs, savent les montrer sans en faire des monstres.
© Natalia Kabanow.
Avec Krystian Lupa, le spectateur intériorise le regard de Thomas Bernhard. Sur lui-même et sur le monde. Dans ce théâtre, où toute ressemblance avec des personnes existantes n'est absolument pas fortuite, se mesure à la fois le temps qui passe, l'éloignement des rêves de jeunesse inaccomplis, le souvenir de ceux qui ont brûlé leurs ailes et un art de vivre le présent qui fait obstacle au néant philosophique.
De la même manière que l'écriture, par le biais du narrateur, le style, les mots, la syntaxe, conserve une part de chaleur humaine, le théâtre de Thomas Bernhard vu par Krystian Lupa offre la possibilité d'un vide positif. Dans le clin de ce miroir théâtral réside en effet une manière de chaleur, fragile comme un attachement à l'humanité. L'espoir que partagent, à la toute fin, la cantatrice et l' écrivain. Retrouver le chemin de l'Art et de la Beauté en ayant fait déguerpir les faiseurs modernes.
De la même manière que l'écriture, par le biais du narrateur, le style, les mots, la syntaxe, conserve une part de chaleur humaine, le théâtre de Thomas Bernhard vu par Krystian Lupa offre la possibilité d'un vide positif. Dans le clin de ce miroir théâtral réside en effet une manière de chaleur, fragile comme un attachement à l'humanité. L'espoir que partagent, à la toute fin, la cantatrice et l' écrivain. Retrouver le chemin de l'Art et de la Beauté en ayant fait déguerpir les faiseurs modernes.
"Wycinka Holzfällen (Des arbres à abattre)"
En polonais surtitré.
Texte : Thomas Bernhard.
D'après la traduction de Monika Muskała.
Mise en scène : Krystian Lupa.
Adaptation, scénographie, lumière : Krystian Lupa.
Avec : Bożena Baranowska, Krzesisława Dubielówna, Jan Frycz, Anna Ilczuk, Michał Opaliński, Marcin Pempuś, Halina Rasiakówna, Piotr Skiba, Ewa Skibińska, Adam Szczyszczaj, Andrzej Szeremeta, Marta Zięba, Wojciech Ziemiański.
Costumes : Piotr Skiba.
Arrangements musicaux : Bogumił Misala.
Vidéo : Karol Rakowski, Łukasz Twarkowski.
Production Teatr Polski - Wrocław.
Durée : 4 h 40.
Du 30 novembre au 11 décembre 2016.
Du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 15 h, relâche exceptionnelle le mardi 6 décembre.
Odéon-Théâtre de l'Europe, Paris 6e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu
Texte : Thomas Bernhard.
D'après la traduction de Monika Muskała.
Mise en scène : Krystian Lupa.
Adaptation, scénographie, lumière : Krystian Lupa.
Avec : Bożena Baranowska, Krzesisława Dubielówna, Jan Frycz, Anna Ilczuk, Michał Opaliński, Marcin Pempuś, Halina Rasiakówna, Piotr Skiba, Ewa Skibińska, Adam Szczyszczaj, Andrzej Szeremeta, Marta Zięba, Wojciech Ziemiański.
Costumes : Piotr Skiba.
Arrangements musicaux : Bogumił Misala.
Vidéo : Karol Rakowski, Łukasz Twarkowski.
Production Teatr Polski - Wrocław.
Durée : 4 h 40.
Du 30 novembre au 11 décembre 2016.
Du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 15 h, relâche exceptionnelle le mardi 6 décembre.
Odéon-Théâtre de l'Europe, Paris 6e, 01 44 85 40 40.
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