© Pascal Gély.
Une nuit de cauchemar jusqu'au petit matin où les deux battants du portail barricadé s'ouvriront sur un soleil éblouissant, c'est dans cet espace-temps propre à la tragédie du quotidien que le héros, d'abord hagard, va tenter de recomposer le passé (omniprésent) à ses trousses. Ce passé en miettes qui, tels des éclats d'obus, déchire sa pauvre tête qu'il prend de désespoir dans ses mains après l'avoir projetée violemment contre les murs, de quelles visions est-il le nom ? Les noms plus exactement… ceux des malheureux à l'agonie qu'il a pu miraculeusement rendre à la vie grâce à l'imposition de ses mains…
D'abord, il y avait eu cette mère donnée pour morte, elle avait perdu tout son sang. Il a déchiffré son visage défait, l'a accueillie en lui et… il a senti le sang qui se mettait à couler en elle, le même sang que le sien. Il était sorti de lui-même pour migrer dans ce corps inconnu, lui redonnant vie. Ce pouvoir qu'il se découvrait, il en était le premier étonné ; ça le rassurait, bien sûr, cette vocation… et l'effrayait tout autant. Puis, il y avait eu cet enfant portant une plaie béante à la tête, ses mains sur ses tempes, ses bras autour de lui, et le même miracle.
D'abord, il y avait eu cette mère donnée pour morte, elle avait perdu tout son sang. Il a déchiffré son visage défait, l'a accueillie en lui et… il a senti le sang qui se mettait à couler en elle, le même sang que le sien. Il était sorti de lui-même pour migrer dans ce corps inconnu, lui redonnant vie. Ce pouvoir qu'il se découvrait, il en était le premier étonné ; ça le rassurait, bien sûr, cette vocation… et l'effrayait tout autant. Puis, il y avait eu cet enfant portant une plaie béante à la tête, ses mains sur ses tempes, ses bras autour de lui, et le même miracle.
© Pascal Gély.
Il se découvrait être de la race de ceux qui erraient entre deux mondes. Avoir un don - un don de Dieu, comme on dit - n'est pas cadeau. De toute façon si les dieux voulaient le bien de l'Humanité, ça se saurait, comme on dit aussi… Ce don, la médecine philosophale en a disserté à l'envi et continue à gloser à son sujet. Quoi qu'il en soit de ses origines, divines ou pas, force est de constater que les inférences magnétiques mises en résonance par son toucher ont valeur de viatique, une communion transfigurant le mourant en vivant…
… et lui transformé en ermite, venu fuir ceux qui le poursuivent inlassablement pour exiger son œuvre… Alors que lui doute, depuis que, sous le regard de l'ange de la mort, son élève, il n'a pu "retenir" une jeune fille trépassant malgré ses soins. Doutant affreusement de son don et de sa capacité à le transmettre, comme un acteur voulant en finir avec ses illusions, il tente de trouver dans la solitude abyssale un remède… relatif.
Mais la parole dévidée cette nuit-là, tout comme les rêves, porte dans ses plis des vertus résilientes. Les fragments de sa vie passée, éclatant en mille morceaux son corps mis à mal, sont à prendre comme des convulsions libératrices lui permettant d'accoucher, enfin, de ce poids mort grouillant en lui. Ainsi s'annonce une aube nouvelle.
Gregori Manoukov, d'origine russe, dont il a gardé dans un français parfait les restes de l'accent, est remarquable dans le rôle de l'halluciné. Sa corpulence et son visage effaré renvoient de manière saisissante à l'autoportrait peint par Gustave Courbet et servant à nombre de couvertures choisies pour présenter "Le Horla", lui aussi habité par un autre. On ressort imprégné par cette histoire d'un autre temps, recoupant le nôtre… et la nôtre d'histoire. Tant il est vrai que les limites entre l'autre et nous-mêmes, au-delà même de la nécessaire empathie, sont toujours à construire… sous peine de confusion.
Vu à La Reine Blanche à Avignon, le vendredi 16 juillet 2021 à 17 h.
… et lui transformé en ermite, venu fuir ceux qui le poursuivent inlassablement pour exiger son œuvre… Alors que lui doute, depuis que, sous le regard de l'ange de la mort, son élève, il n'a pu "retenir" une jeune fille trépassant malgré ses soins. Doutant affreusement de son don et de sa capacité à le transmettre, comme un acteur voulant en finir avec ses illusions, il tente de trouver dans la solitude abyssale un remède… relatif.
Mais la parole dévidée cette nuit-là, tout comme les rêves, porte dans ses plis des vertus résilientes. Les fragments de sa vie passée, éclatant en mille morceaux son corps mis à mal, sont à prendre comme des convulsions libératrices lui permettant d'accoucher, enfin, de ce poids mort grouillant en lui. Ainsi s'annonce une aube nouvelle.
Gregori Manoukov, d'origine russe, dont il a gardé dans un français parfait les restes de l'accent, est remarquable dans le rôle de l'halluciné. Sa corpulence et son visage effaré renvoient de manière saisissante à l'autoportrait peint par Gustave Courbet et servant à nombre de couvertures choisies pour présenter "Le Horla", lui aussi habité par un autre. On ressort imprégné par cette histoire d'un autre temps, recoupant le nôtre… et la nôtre d'histoire. Tant il est vrai que les limites entre l'autre et nous-mêmes, au-delà même de la nécessaire empathie, sont toujours à construire… sous peine de confusion.
Vu à La Reine Blanche à Avignon, le vendredi 16 juillet 2021 à 17 h.
"Wamah - Chaman"
© Pascal Gély.
"De la matière dont les rêves sont faits"
Texte : Élisabeth Bouchaud.
Mise en scène : Élisabeth Bouchaud et Grigori Manoukov.
Avec : Grigori Manoukov.
Création lumières et création sonore : Paul Hourlier.
Scénographie : Vitali Skvorkin.
Costumes : Aska Błażejowska et Élisabeth Bouchaud.
Reine Blanche Productions.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 20.
Du 8 mars au 17 avril 2022.
Mardi et vendredi à 19 h, dimanche à 16 h.
Théâtre La Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Paris 18e,
01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com
Texte : Élisabeth Bouchaud.
Mise en scène : Élisabeth Bouchaud et Grigori Manoukov.
Avec : Grigori Manoukov.
Création lumières et création sonore : Paul Hourlier.
Scénographie : Vitali Skvorkin.
Costumes : Aska Błażejowska et Élisabeth Bouchaud.
Reine Blanche Productions.
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 20.
Du 8 mars au 17 avril 2022.
Mardi et vendredi à 19 h, dimanche à 16 h.
Théâtre La Reine Blanche - Scène des Arts et des Sciences, Paris 18e,
01 40 05 06 96.
>> reineblanche.com