© Pierre Bolle.
Les Baladins du Miroir, qui présentent cette adaptation des grands textes de l'auteur espagnol, sont comme les petits enfants de la Baracca. Théâtre itinérant sous chapiteau, ils sillonnent depuis plus de quarante ans les routes francophones de la Belgique, de la France, de la Suisse, du Québec même. La même ambition les anime : porter le spectacle, la poésie, les classiques et les modernes, partout où un public fidèle et amoureux les attend. Depuis toutes ces années, une identité forte et une notoriété croissante accompagnent leurs créations : des spectacles le plus souvent monumentaux (de quinze à vingt interprètes au plateau), musicaux (comédiennes et comédiens sont tous chanteurs, instrumentistes), mâtinés parfois par des circassiens acrobates ou de voltige (comme ce sera le cas pour leur prochaine création contemporaine : "La Porteuse de Souffle").
Cette similitude des deux théâtres itinérants sert admirablement le propos de cette création. Dominique Serron, qui en signe l'adaptation et la mise en scène, la met totalement à profit en cousant des morceaux de pièces de Lorca avec un fil narratif évoquant la vie de l'auteur espagnol éternellement jeune, fauché à 38 ans. Infusant les trois pièces phares "Noces de sang", "Yerma" et "La Maison de Bernarda Alba", le spectacle en fait ressortir avec puissance l'essence, la moelle même qu'elles contiennent et qui en font leurs valeurs.
Cette similitude des deux théâtres itinérants sert admirablement le propos de cette création. Dominique Serron, qui en signe l'adaptation et la mise en scène, la met totalement à profit en cousant des morceaux de pièces de Lorca avec un fil narratif évoquant la vie de l'auteur espagnol éternellement jeune, fauché à 38 ans. Infusant les trois pièces phares "Noces de sang", "Yerma" et "La Maison de Bernarda Alba", le spectacle en fait ressortir avec puissance l'essence, la moelle même qu'elles contiennent et qui en font leurs valeurs.
© Pierre Bolle.
Bien sûr, le côté un peu exotique de la société espagnole traditionnelle - que Lorca dénonce - existe : intolérance religieuse, sens incendiés par les feux du soleil, dureté des regards, des mots, des jugements sur autrui, raideur du carcan moral. Pourtant, ce qui ressort essentiellement de ces croisements de scènes, c'est surtout le constat terrible de la souffrance des femmes dans un univers de sang dominé par les hommes.
Le fait est que Lorca met en pleine lumière les personnages féminins. Ce sont elles les héroïnes de ces vies qui commencent sous le joug du père et des mères, pour finir sous celui du mari : des vies de papillons, faits d'ombres et de reniement, de soumission et de vieillissement prématuré, mais aussi de rêves, de désirs fous, de poésie. Les Baladins du Miroir ont ainsi convoqué une troupe majoritairement féminine qui, dans sa belle diversité, clame la révolte sourde de la vie même face à des règles sociales castratrices, humiliantes. Dans ce cri, l'appel franquiste : "Viva la muerte !" est jeté en pleine lumière comme une menace morbide faite aussi sur nos libertés et à nos sociétés capables de se laisser séduire par le rabotage des droits des femmes. La crise qui dure depuis cinquante ans, n'explique pas tout.
Le fait est que Lorca met en pleine lumière les personnages féminins. Ce sont elles les héroïnes de ces vies qui commencent sous le joug du père et des mères, pour finir sous celui du mari : des vies de papillons, faits d'ombres et de reniement, de soumission et de vieillissement prématuré, mais aussi de rêves, de désirs fous, de poésie. Les Baladins du Miroir ont ainsi convoqué une troupe majoritairement féminine qui, dans sa belle diversité, clame la révolte sourde de la vie même face à des règles sociales castratrices, humiliantes. Dans ce cri, l'appel franquiste : "Viva la muerte !" est jeté en pleine lumière comme une menace morbide faite aussi sur nos libertés et à nos sociétés capables de se laisser séduire par le rabotage des droits des femmes. La crise qui dure depuis cinquante ans, n'explique pas tout.
© Pierre Bolle.
Sous le grand chapiteau qui accueille jusqu'à 350 spectateurs, les vingt interprètes et les trois musiciens parsèment les récits entremêlés de chants puissants, chorales, dans un ballet de déplacements chorégraphiés. Ce sont de très belles compositions dans l'esprit des chants populaires espagnols de Line Adam. La performance vocale s'accompagne tout au long du spectacle d'une vivacité de jeu et de changements de costumes et d'univers qui permet de caracoler de pièces en pièces.
Le "Maître Rouge", sorte de baladin qui fait le lien entre la piste et le public, sert également de lien entre les pièces et l'histoire biographique de l'auteur. Il est l'hôte des lieux où nous sommes invités. De temps à autre, le rideau de fond sert de support à des vidéos. Elles servent à mon sens essentiellement à quelques parties oniriques de "Noces de sang". Le rideau s'écarte aussi parfois pour dévoiler des arrières-scènes dans une roulotte : figure intime du théâtre itinérant.
Le "Maître Rouge", sorte de baladin qui fait le lien entre la piste et le public, sert également de lien entre les pièces et l'histoire biographique de l'auteur. Il est l'hôte des lieux où nous sommes invités. De temps à autre, le rideau de fond sert de support à des vidéos. Elles servent à mon sens essentiellement à quelques parties oniriques de "Noces de sang". Le rideau s'écarte aussi parfois pour dévoiler des arrières-scènes dans une roulotte : figure intime du théâtre itinérant.
© Pierre Bolle.
Tout ceci donne du sens. En sortant du chapiteau pour l'entracte, on retrouve au-dehors, d'autres roulottes, celles de la compagnie où résident certains membres. Durant trois heures, un pont spirituel se fait entre la Baracca de 1936 et, à notre époque, les Baladins du Miroir, un rêve tel que Lorca les aimait, une transgression du temps, de l'espace et des mœurs. Et même si la dispersion des trois histoires affadit la force dramatique que Lorca avait su instiller dans ses récits, il reste que la magnifique écriture du jeune Espagnol donne des frissons à l'âme et du cœur au ventre.
"Désir, Terre et Sang"
© Pierre Bolle.
D'après l'œuvre de Federico Garcia Lorca.
Texte : Federico Garcia Lorca.
Adaptation et mise en scène : Dominique Serron.
Assistants à la mise en scène : Léopold Terlinden, Elfée Dursen.
Avec : Irène Berruyer, Stéphanie Coppé, Elfée Dursen, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, Geneviève Knoops, François Houart, Sophie Lajoie, Virginie Pierre, Julien Vanbreuseghem et (en alternance) Léonard Berthet-Rivière, Andreas Christou, Merlin Delens, Florence Guillaume, Gaspar Leclère, Léopold Terlinden, Coline Zimmer.
Musique : Gauthier Lisein, Hugo Adam Piano, percussions (en alternance) et Line Adam, Aurélie Goudaer, Juliette Tracewski, violon (en alternance).
Figuration films : Lesly Briggs, Cyril Collet, Kevin Lerat, Alexia Lobo, Boris Veraeghen, Antoine Van Rolleghem, Xavier Decoux, Ananda Murinni, Simon Gélard, Marie Nils.
Composition et direction musicale : Line Adam.
Scénographie et réalisation des films : Laure Hassel.
Assistante à la scénographie : Noémie Warion.
Création des costumes : Christine Mobers.
Création vidéo : Drop The Spoon/Jean-Luc Gason.
Création lumières : Xavier Lauwers.
Réalisation des décors : Xavier Decoux/Baladins du Miroir.
Réalisation des costumes : Marie Nils avec l'aide de Sylvie Van Loo, Isabelle Airaud, Julie Beca, Laure Noremberg.
Écriture des textes du "Maître Rouge" : François Houart.
Création maquillage : Julie Serron.
Enregistrements et bruitages : Colin Burton.
Une création des Baladins du Miroir et de L'Infini Théâtre.
À partir de 12 ans.
•Villeuneuve en Scène 2022•
Du 9 au 21 Juillet 2022.
Tous les jours à 21 h 30 (relâche le 15).
Clos de l’Abbaye, Plaine de l’Abbaye, Villeneuve-lès-Avignon (30).
>> festivalvilleneuveenscene
Texte : Federico Garcia Lorca.
Adaptation et mise en scène : Dominique Serron.
Assistants à la mise en scène : Léopold Terlinden, Elfée Dursen.
Avec : Irène Berruyer, Stéphanie Coppé, Elfée Dursen, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, Geneviève Knoops, François Houart, Sophie Lajoie, Virginie Pierre, Julien Vanbreuseghem et (en alternance) Léonard Berthet-Rivière, Andreas Christou, Merlin Delens, Florence Guillaume, Gaspar Leclère, Léopold Terlinden, Coline Zimmer.
Musique : Gauthier Lisein, Hugo Adam Piano, percussions (en alternance) et Line Adam, Aurélie Goudaer, Juliette Tracewski, violon (en alternance).
Figuration films : Lesly Briggs, Cyril Collet, Kevin Lerat, Alexia Lobo, Boris Veraeghen, Antoine Van Rolleghem, Xavier Decoux, Ananda Murinni, Simon Gélard, Marie Nils.
Composition et direction musicale : Line Adam.
Scénographie et réalisation des films : Laure Hassel.
Assistante à la scénographie : Noémie Warion.
Création des costumes : Christine Mobers.
Création vidéo : Drop The Spoon/Jean-Luc Gason.
Création lumières : Xavier Lauwers.
Réalisation des décors : Xavier Decoux/Baladins du Miroir.
Réalisation des costumes : Marie Nils avec l'aide de Sylvie Van Loo, Isabelle Airaud, Julie Beca, Laure Noremberg.
Écriture des textes du "Maître Rouge" : François Houart.
Création maquillage : Julie Serron.
Enregistrements et bruitages : Colin Burton.
Une création des Baladins du Miroir et de L'Infini Théâtre.
À partir de 12 ans.
•Villeuneuve en Scène 2022•
Du 9 au 21 Juillet 2022.
Tous les jours à 21 h 30 (relâche le 15).
Clos de l’Abbaye, Plaine de l’Abbaye, Villeneuve-lès-Avignon (30).
>> festivalvilleneuveenscene
© Pierre Bolle.