Théâtre

"Vaterland"... Un "road-memories" des plus attachants !

"Vaterland, le pays du père", Théâtre de l’Aquarium, Paris

Dans "Vaterland", Jean Paul Wenzel raconte l’histoire du soldat Wilhelm, de son coup de foudre pour Odette, de sa désertion, de sa carte d’identité usurpée et de ce qui en suivit… À travers l’histoire singulière d’un couple que tout sépare en 1944, il est question de l’occupation allemande en France, de l’occupation française en Allemagne, de l'occupation soviétique en Allemagne...



© Thomas Faverjon.
C’est la vie de l’après-guerre des petites gens. Celle de ces êtres écartelés, embarrassés, piégés par l’Histoire qui est rendu tangible. Celle de l’amour trompé et véritable et perdu. Du frère vengeur qui enquête et traque. De l’enfant parti 35 ans plus tard à la quête du père.

L’auteur alterne les récits des uns et des autres, croise les temps, superpose les lieux : Saint-Étienne, Douai, Stuttgart, Francfort, Baden-Baden, Erfurt… Comme autant de repères des chemins de la mémoire.

Dans l’enchevêtrement des fatalités se mesure la tension des événements, leur persistance et aussi l’écart des histoires individuelles, l’écart des perceptions, l’écart des sensibilités. L’auteur tisse un récit intime. Celui du voyage de la mémoire avec ses errances, ses impasses, ses fuites, ses caches d’où sourd le désir, de plus en plus prégnant, d’apprivoisement et d’apaisement. Dans "Vaterland", il est question de l’inquiétude de l’identité et sa résolution. De cet instant où la traque cesse, la réconciliation devient possible.

La mise en scène de Cécile Backès est sobre. Dans le glissement de rideaux de scène, les projections un peu floues, un peu flottantes, dans la parole claire des personnages qui focalise l’attention au récit, elle crée un léger effet hypnotique suggérant avec justesse les silences des années d’après-guerre.

Elle joue avec élégance du fil du temps. Ce "road-memories" est des plus attachants.

"Vaterland, le pays du père"

© Thomas Faverjon.
Texte : Jean-Paul Wenzel avec la collaboration de Bernard Bloch.
Version scénique et mise en scène : Cécile Backès.
Assistant à la mise en scène : Cécile Zanibelli.
Scénographie : Antoine Franchet.
Avec : Nathan Gabily, Cécile Gérard, Martin Kipfer et Maxime Le Gall.
Avec les voix off de : Andrea Schieffer et Jutta Wernicke, Nathalie Lojek, Slimane Yefsah, Richard Sammel, Igor Mendjisky, Anne Canovas, Werner Kolk, Frédéric Schulz-Richard, Olivier Bernaux.
Réalisation des images : Simon Backès.
Conseil artistique germanophone : Andrea Schieffer.
Création son et vidéo : Juliette Galamez, assistée de Stéphan Faerber.
Lumières : Pierre Peyronnet.
Costumes : Céline Marin.
Durée : 1 h 45.
Le texte est publié aux Éditions Théâtre Ouvert, collection "Enjeux".

Du 27 février au 16 mars 2014.
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche 16 h.
Théâtre de l’Aquarium, La Cartoucherie, Paris 12e, 01 43 74 72 74.
>> theatredelaquarium.net

Jean Grapin
Mardi 4 Mars 2014
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