Orchestre 2016-2017 © E. Bauer/OnP.
Parmi les œuvres de la Trilogie qu'il a coutume de réunir sous le titre de la "Passion", sa troisième symphonie est selon Gustav Mahler "la meilleure et la plus accomplie". Commencée en 1895 pendant les congés (de celui qui est alors chef d'orchestre de l'Opéra de Hambourg) à Steinbach-am-Attersee en Autriche, elle est achevée en août 1896 lors du dernier été passé dans la région du Salzkammergut - non loin de Salzbourg.
Composant dans son célèbre "häuschen" (ou maisonnette) dans une nature magnifique, Mahler déclare à son disciple Bruno Walter qui lui rend visite in loco en janvier 1896 : "Inutile de regarder le paysage, il a passé tout entier dans ma symphonie". Une troisième symphonie conçue comme un hymne à la Nature et bien plus encore. Le compositeur écrit que cet "hymne gigantesque (…) à la gloire de la création" est celui dans lequel il entend se transporter "jusqu'au cœur même de l'existence, là où on ressent tous les frissons du monde et ceux de Dieu".
Le compositeur se fait donc une fois de plus démiurge, concevant un monstre en sept mouvements pour une durée de deux heures. C'est que pour Mahler "le fait que je l'appelle "symphonie" ne signifie pas grand chose (…) "symphonie" veut dire pour moi construire un monde (…) son contenu détermine lui-même sa forme." Finalement elle comprendra six mouvements ; un fantastique cycle de métamorphoses d'une durée totale d'une heure trente - dont un premier mouvement (appelé un temps "L’Éveil de Pan") d'une demi-heure : cas unique dans son œuvre.
Composant dans son célèbre "häuschen" (ou maisonnette) dans une nature magnifique, Mahler déclare à son disciple Bruno Walter qui lui rend visite in loco en janvier 1896 : "Inutile de regarder le paysage, il a passé tout entier dans ma symphonie". Une troisième symphonie conçue comme un hymne à la Nature et bien plus encore. Le compositeur écrit que cet "hymne gigantesque (…) à la gloire de la création" est celui dans lequel il entend se transporter "jusqu'au cœur même de l'existence, là où on ressent tous les frissons du monde et ceux de Dieu".
Le compositeur se fait donc une fois de plus démiurge, concevant un monstre en sept mouvements pour une durée de deux heures. C'est que pour Mahler "le fait que je l'appelle "symphonie" ne signifie pas grand chose (…) "symphonie" veut dire pour moi construire un monde (…) son contenu détermine lui-même sa forme." Finalement elle comprendra six mouvements ; un fantastique cycle de métamorphoses d'une durée totale d'une heure trente - dont un premier mouvement (appelé un temps "L’Éveil de Pan") d'une demi-heure : cas unique dans son œuvre.
Philippe Jordan © Philippe Gontier/OnP.
Gros effectif d'orchestre, voix d'alto, chœurs de femmes et d'enfants donneront vie à ce récit grandiose de création et de méditation - avec un poème extrait des "Knaben Wunderhorn" (3e mouvement) et le sublime "Chant de Minuit" nietzschéen tiré de "Ainsi parlait Zarathoustra" au 4e mouvement. Ce sera bien une symphonie qui "commence avec la nature et s'élève jusqu'à l'amour de Dieu".
L'orchestre de l'Opéra de Paris livre en cette soirée de fin janvier une prestation parfaitement jouissive avec cette œuvre monde. Philippe Jordan - dont on regrette le départ à Vienne par anticipation - organise dans le gigantesque premier mouvement un titanesque "éveil de la matière", né du conflit entre immobilité et chaos (où s'entend déjà subrepticement le superbe thème du quatrième mouvement entre fanfares de trompettes et longue intervention des trombones) après l'appel initial de huit cors.
Les deux mouvements suivants entraînent et enivrent en deux pages "insouciante" d'abord (sur un rythme de menuet) puis grotesque et naïve avec son lot de souvenirs d'enfance, ses échappées folles de divers instruments et son long solo de cor de postillon. Chaque pupitre impressionne en une dramaturgie étudiée.
Les trois derniers mouvements touchent au sublime alors que nous planons dans les hautes sphères malhériennes, enfin détachés du prosaïsme terrestre. La mezzo Michaela Schuster ne possède pas le plus beau timbre qui soit mais porte haut le poème nietzschéen en des accents bouleversants ("Ô Mensch ! Gib acht!" dans le quatrième mouvement en ré majeur puis mineur), accompagnée d'un orchestre en état de grâce.
Un moment suspendu (avec ces appels des petite et grande harmonie) où la profondeur la plus mystérieuse se fait intelligence cosmique. Les chœurs raniment la joie et battent le rappel des anges dans le cinquième en fa majeur.
L'orchestre de l'Opéra de Paris livre en cette soirée de fin janvier une prestation parfaitement jouissive avec cette œuvre monde. Philippe Jordan - dont on regrette le départ à Vienne par anticipation - organise dans le gigantesque premier mouvement un titanesque "éveil de la matière", né du conflit entre immobilité et chaos (où s'entend déjà subrepticement le superbe thème du quatrième mouvement entre fanfares de trompettes et longue intervention des trombones) après l'appel initial de huit cors.
Les deux mouvements suivants entraînent et enivrent en deux pages "insouciante" d'abord (sur un rythme de menuet) puis grotesque et naïve avec son lot de souvenirs d'enfance, ses échappées folles de divers instruments et son long solo de cor de postillon. Chaque pupitre impressionne en une dramaturgie étudiée.
Les trois derniers mouvements touchent au sublime alors que nous planons dans les hautes sphères malhériennes, enfin détachés du prosaïsme terrestre. La mezzo Michaela Schuster ne possède pas le plus beau timbre qui soit mais porte haut le poème nietzschéen en des accents bouleversants ("Ô Mensch ! Gib acht!" dans le quatrième mouvement en ré majeur puis mineur), accompagnée d'un orchestre en état de grâce.
Un moment suspendu (avec ces appels des petite et grande harmonie) où la profondeur la plus mystérieuse se fait intelligence cosmique. Les chœurs raniment la joie et battent le rappel des anges dans le cinquième en fa majeur.
Gustav Mahler © DR.
Le vaste Adagio final, terme d'une gradation idéalement architecturée par la battue inexorable ou (parfois) caressante du chef, tisse les lacis de l'Amour universel - avec le retour des cordes. Un amour enfin mis à la portée de l'humanité. Tour à tour grave et enfantin, ironique et lyrique, ténébreux et lumineux, l'orchestre récolte ensuite des acclamations en toute justice ; des hommages qu'il partage de bon gré avec son chef bien-aimé, les chœurs (sans reproches) et la mezzo allemande.
Concert entendu le 30 janvier 2019.
Concert diffusé ultérieurement sur France Musique.
Symphonie n°3 en ré mineur (créée intégralement en 1902).
Gustav Mahler (1860-1911).
Philippe Jordan, direction musicale.
Michaela Schuster, mezzo-soprano.
Orchestre et Choeurs de l'Opéra national de Paris.
José-Luis Basso, chef des chœurs.
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d'Enfants de l'Opéra national de Paris.
Gaël Darchen, direction.
Concert entendu le 30 janvier 2019.
Concert diffusé ultérieurement sur France Musique.
Symphonie n°3 en ré mineur (créée intégralement en 1902).
Gustav Mahler (1860-1911).
Philippe Jordan, direction musicale.
Michaela Schuster, mezzo-soprano.
Orchestre et Choeurs de l'Opéra national de Paris.
José-Luis Basso, chef des chœurs.
Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d'Enfants de l'Opéra national de Paris.
Gaël Darchen, direction.