Théâtre

Une comédie de mœurs où le comique purifie le tragique

Reprise 2013, "À toi, pour toujours, ta Marie-Lou", Théâtre Lucernaire, Paris

[3e Reprise] Né en 1942, Michel Tremblay est un auteur québécois touche à tout de théâtre, romans, chansons, scénarios, etc. Son premier succès, "Les belles sœurs" en 1968, traduit dans près de cinquante langues, a fait le tour du monde. Il est quelque peu oublié en France depuis.



Marie Mainchin et Sophie Parel © Étienne de Giovanni.
"À toi, pour toujours, ta Marie-Lou", œuvre de jeunesse (écrite en 1971), est présentée pour la première fois en France. Elle traite de la guerre impitoyable aggravée par la pauvreté qui règne au sein des familles. Le père qui boit (Yves Collignon), la mère qui accable (Cécile Magnet), les enfants qui se planquent. L’une, crâne et bravache (Sophie Parel), choisit la liberté ; l’autre (Marie Mainchin), repliée et craintive, choisit la sainteté. Les frères sont étrangement absents. Il est vrai que la mère tricote trop... Tous sont démangés par une envie de tuer.

La pièce pourrait n’être qu’une pochade prolétarienne, elle s’avère être une formidable machine théâtrale à la belle inventivité langagière. Elle est charpentée par des chassés croisés entre le passé et le présent, un peu comme le ferait un jeu de cartes dont les figures retomberaient invariablement sur le pique : une réussite qui ne réussirait jamais. Elle distribue les morceaux de bravoure aux comédiens et leur procure des manières de profondeur et d’humanité. Chacun a sa part de vérité.

Marie Mainchin, Sophie Parel et Cécile Magnet © Étienne de Giovanni.
Happé comme en un thriller, le spectateur est plongé à l’intérieur d’un monde où le passé ne s’efface jamais dans le présent et pèse comme une fatalité sur les consciences. Dans une grande habileté d’écriture, Michel Tremblay concocte en fait une de ces comédies de mœurs où le comique purifie le tragique. Elle porte le témoignage de ces êtres dont l’enfance évanouie, jamais réalisée, sonne comme une blessure à jamais définitive.

Le magnifique argot québécois de Tremblay (le joual), qui date un peu, est légèrement poncé par Christian Bordeleau - qui se bat pour ce répertoire. Mais le rythme et la vitalité de langue son préservés. Les comédiens en tirent le meilleur parti et ne tombent dans aucun folklorisme.

"À toi, pour toujours, ta Marie-Lou"

Yves Collignon © Étienne de Giovanni.
Texte : Michel Tremblay.
Adaptation et mise en scène : Christian Bordeleau.
Assistante : Émilie Schnitzler.
Création lumière : Christian Mazubert.
Avec : Cécile Magnet, Yves Collignon, Sophie Parel, Marie Mainchin.
Durée : 1 h 20.

Du 11 décembre 2013 au 2 février 2014.
Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 15 h.
Relâche le 22 décembre.
Mercredi 25 décembre et mercredi 1er janvier, spectacle à 15 h.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

Du 15 mai au 6 juillet 2013.
Du mardi au samedi à 19 h.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
>> lucernaire.fr

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À été joué du 3 novembre 2011 au 8 janvier 2012.

Nouvelle Reprise du 10 mai au 1er juillet 2012.
Du jeudi au samedi à 19 h et le dimanche à 15 h.
À la Folie théâtre, Paris 11e, 01 43 55 14 80.
>> folietheatre.com

Du 2 février au 7 avril 2012.
Du jeudi au samedi à 21 h 30.
Théâtre Essaïon, Paris 4e, 01 42 78 46 42.
>> essaion-theatre

Jean Grapin
Jeudi 15 Décembre 2011
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