© Jean-Louis Fernandez.
C'est une œuvre politique dans laquelle est traitée, entre autres, la radicalité artistique. Au-delà de celle-ci est aussi mis en avant les choix que nous faisons ou pas. Même s'il l'avait voulu, Ibsen n'aurait pas pu anticiper de façon aussi adéquate la situation catastrophique que posent les réfugiés, appelés "migrants" pour se voiler la face, et le défi écologique que nos générations, la nôtre, celle de nos pères et de nos enfants ont à relever. Dans les répliques, ces événements semblent y figurer.
Un large plateau, séparé par des voiles plastiques transparents, délimite la scène où se situent derrière trois étages vides. C'est l'endroit où défilent les interpellations, les entrées brusques, tonitruantes, dérangeantes. Toujours en hauteur. Au sol, toujours en arrière-scène, est la matière policée, feutrée dans ses manières. Sur les côtés, d'autres entrées ont lieu, celles de personnages qui s'immiscent de façon plus anodine sur le plateau, même si la suite peut le faire mentir.
"Un ennemi du peuple" (1883) est une véritable tribune où Ibsen (1828-1906) traite de l'influence de l'art et de l'implication pour mener un combat. Derrière le préfet Peter Stockmann (Vincent Guédon) peut-être identifié aujourd'hui toutes les figures rongées par des intérêts financiers. Au travers d'une cure thermale, créée par les frères Peter et Tomas Stockmann, dont le premier souhaite sauvegarder la réputation de celle-ci pour l'image économique de sa ville et le second veut dénoncer publiquement une bactérie qui empoisonne ses eaux, c'est un combat entre vérité et mensonge, solitude et propagande qui est livré. La communication, autant politique que médiatique, est passée au crible de la critique. De même, celle de la radicalité de Tomas Stockmann face à un préfet qui est son frère.
Un large plateau, séparé par des voiles plastiques transparents, délimite la scène où se situent derrière trois étages vides. C'est l'endroit où défilent les interpellations, les entrées brusques, tonitruantes, dérangeantes. Toujours en hauteur. Au sol, toujours en arrière-scène, est la matière policée, feutrée dans ses manières. Sur les côtés, d'autres entrées ont lieu, celles de personnages qui s'immiscent de façon plus anodine sur le plateau, même si la suite peut le faire mentir.
"Un ennemi du peuple" (1883) est une véritable tribune où Ibsen (1828-1906) traite de l'influence de l'art et de l'implication pour mener un combat. Derrière le préfet Peter Stockmann (Vincent Guédon) peut-être identifié aujourd'hui toutes les figures rongées par des intérêts financiers. Au travers d'une cure thermale, créée par les frères Peter et Tomas Stockmann, dont le premier souhaite sauvegarder la réputation de celle-ci pour l'image économique de sa ville et le second veut dénoncer publiquement une bactérie qui empoisonne ses eaux, c'est un combat entre vérité et mensonge, solitude et propagande qui est livré. La communication, autant politique que médiatique, est passée au crible de la critique. De même, celle de la radicalité de Tomas Stockmann face à un préfet qui est son frère.
© Jean-Louis Fernandez.
La mise en scène de Jean-François Sivadier fait intervenir le public pour en faire des spectateurs-acteurs. Le jeu a différentes tonalités. Petra Stockmann (Jeanne Lepers), la fille du docteur, est renfermée mais réussit à échapper à sa nature dans sa rébellion avec son père. Stephen Butel (Aslaksen) campe un personnage "modéré", comme il aime à le répéter. Cyril Bothorel (capitaine Hoerster, Morten Kill) et Sharif Andoura (Hovstad) nous plongent dans des caractères forts et imposants.
Le jeu est chaleureux, côté rébellion, calme et froid, côté politique. La mise à distance est toujours de règle chez le préfet alors que tous les autres personnages peuvent être enjoués voire colériques. Ils oscillent entre truculence et attitude presque figée, s'ils incarnent une contestation ou une soumission. La voix et le corps laissent place à une spontanéité qui se déverse dans une forme d'improvisation.
La parole prend le pas sur l'action. Une parole revendiquée, détournée, en colère. Elle provoque, interpelle, incarne une idée. Elle est portée, déportée, retournée, calculée ou fatiguée. C'est aussi un théâtre au contact avec des réalités géographique et humaine qui sont celles d'un auditoire et d'une salle de spectacle. C'est ici et là que ça se passe, et avec eux. C'est aussi celui du rapport avec le temps quand Tomas Stockmann demande à un spectateur l'heure pour savoir s'il y a du retard dans la pièce.
Le jeu est chaleureux, côté rébellion, calme et froid, côté politique. La mise à distance est toujours de règle chez le préfet alors que tous les autres personnages peuvent être enjoués voire colériques. Ils oscillent entre truculence et attitude presque figée, s'ils incarnent une contestation ou une soumission. La voix et le corps laissent place à une spontanéité qui se déverse dans une forme d'improvisation.
La parole prend le pas sur l'action. Une parole revendiquée, détournée, en colère. Elle provoque, interpelle, incarne une idée. Elle est portée, déportée, retournée, calculée ou fatiguée. C'est aussi un théâtre au contact avec des réalités géographique et humaine qui sont celles d'un auditoire et d'une salle de spectacle. C'est ici et là que ça se passe, et avec eux. C'est aussi celui du rapport avec le temps quand Tomas Stockmann demande à un spectateur l'heure pour savoir s'il y a du retard dans la pièce.
© Jean-Louis Fernandez.
Le public est interpellé dans une scène où pouvoir et contestation se livrent bataille. Un spectateur est aussi convié sur les planches avant celle-ci. Le théâtre dans le théâtre ouvre grand ses portes avec un auditoire qui doit décider de la suite du combat qui se joue. Que faire ? Ibsen ne laisse indemne au final personne. Ni le pouvoir, ni la protestation, ni la presse, ni l'art. Encore moins le public qui réagit, le soir où j'assistais à la représentation, par le rire comme s'il en était passif sans jamais être réellement acteur.
"L'homme le plus fort au monde, c'est l'homme le plus seul", selon Tomas Stockmann qui manque sans doute de conscience politique. Cela met en exergue une faillite des engagements dont nos combats autant humains et écologiques aujourd'hui peuvent se nourrir pour l'éviter.
"L'homme le plus fort au monde, c'est l'homme le plus seul", selon Tomas Stockmann qui manque sans doute de conscience politique. Cela met en exergue une faillite des engagements dont nos combats autant humains et écologiques aujourd'hui peuvent se nourrir pour l'éviter.
"Un ennemi du peuple"
Texte : Henrik Ibsen.
Traduction : Éloi Recoing.
Mise en scène : Jean-François Sivadier.
Avec : Sharif Andoura, Cyril Bothorel, Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Cyprien Billing, Vincent Guédon, Jeanne Lepers, Agnès Sourdillon.
Collaboration artistique : Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit.
Scénographie : Christian Tirole, Jean-François Sivadier.
Lumière : Philippe Berthomé.
Costumes : Virginie Gervaise.
Son : Eve-Anne Joalland.
Durée estimée : 2 h 30.
Du 10 mai au 15 juin 2019.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Relâche : dimanches 12 mai et 2 juin.
Odéon Théâtre de l'Europe, Paris 6e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu
Tournée 2019-2020
8 au 12 octobre 2019 : Théâtre du Nord, Lille (59).
16 au 20 octobre 2019 : Théâtre Firmin Gémier/La Piscine, Châtenay-Malabry (92).
5 au 10 novembre 2019 : Les Célestins, Lyon (69).
14, 15 novembre 2019 : Le Bateau Feu, Dunkerque (59).
19 au 21 novembre 2019 : Théâtre, Caen (14).
26 au 28 novembre 2019 : Clermont-Ferrand - La Comédie
4, 5 décembre 2019 : L'Archipel, Perpignan (66).
10 au 20 décembre 2019 : TNS, Strasbourg (67).
7 au 9 janvier 2020 : Le Quai, Angers (49).
15, 16 janvier 2020 : Grand Théâtre de la ville du Luxembourg.
22 au 25 janvier 2020 : La Criée, Marseille (13).
30, 31 janvier, 1er février 2020 : Théâtre - scène nationale, Saint-Quentin-en-Yvelines (78).
Traduction : Éloi Recoing.
Mise en scène : Jean-François Sivadier.
Avec : Sharif Andoura, Cyril Bothorel, Nicolas Bouchaud, Stephen Butel, Cyprien Billing, Vincent Guédon, Jeanne Lepers, Agnès Sourdillon.
Collaboration artistique : Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit.
Scénographie : Christian Tirole, Jean-François Sivadier.
Lumière : Philippe Berthomé.
Costumes : Virginie Gervaise.
Son : Eve-Anne Joalland.
Durée estimée : 2 h 30.
Du 10 mai au 15 juin 2019.
Du mardi au samedi à 20 h, dimanche à 15 h.
Relâche : dimanches 12 mai et 2 juin.
Odéon Théâtre de l'Europe, Paris 6e, 01 44 85 40 40.
>> theatre-odeon.eu
Tournée 2019-2020
8 au 12 octobre 2019 : Théâtre du Nord, Lille (59).
16 au 20 octobre 2019 : Théâtre Firmin Gémier/La Piscine, Châtenay-Malabry (92).
5 au 10 novembre 2019 : Les Célestins, Lyon (69).
14, 15 novembre 2019 : Le Bateau Feu, Dunkerque (59).
19 au 21 novembre 2019 : Théâtre, Caen (14).
26 au 28 novembre 2019 : Clermont-Ferrand - La Comédie
4, 5 décembre 2019 : L'Archipel, Perpignan (66).
10 au 20 décembre 2019 : TNS, Strasbourg (67).
7 au 9 janvier 2020 : Le Quai, Angers (49).
15, 16 janvier 2020 : Grand Théâtre de la ville du Luxembourg.
22 au 25 janvier 2020 : La Criée, Marseille (13).
30, 31 janvier, 1er février 2020 : Théâtre - scène nationale, Saint-Quentin-en-Yvelines (78).