© Samy La Famille.
Elle se rêvait "première concertiste classique noire en Amérique" mais, dans les années cinquante, cela n'est pas encore possible, le racisme (un apartheid qui ne disait pas son nom mais qui en avait la couleur) est encore trop présent dans la société américaine. Eunice Kathleen Waymon devenue Nina Simone - Nina pour Niña (petite fille en espagnol, surnom que lui aurait donné un petit ami) et Simone emprunté à Signoret – devint donc une géniale musicienne et une chanteuse de jazz hors pair.
Le spectacle, comme le roman de Gilles Leroy, débute par la fin, les dernières années d'une vie tumultueuse, ultime voyage où se mêlent le chant, la musique et une forme d'intimité générée par des échanges imaginés mais révélateurs de l'être fragile qu'elle était. À ce moment de la pièce, Nina est malade, fatiguée, épuisée. Elle a perdu de sa superbe. Mais le ton général et la mise en scène tendent vers l'onirisme, usant d'une astucieuse succession de séquences à la manière cinématographique, découpage tout aussi rythmé que poétique.
Jina Djemba interprète ce personnage complexe - aux sautes d'humeur aussi cadencées qu'un solo de batterie - avec une grande profondeur émotionnelle… Avec finesse et intelligence, associant - sans excès de pathos - la violence de son mal-être et les expressions caractérielles de l'artiste aux émotions de la femme blessée et sensible - à la douceur sous-jacente -, de l'amoureuse - qui ne s'épanouira jamais dans une vie sentimentale instable voire souvent chaotique - et de la mère absente, qui ne parviendra pas à avoir une relation sereine et réellement maternelle avec sa fille.
Le spectacle, comme le roman de Gilles Leroy, débute par la fin, les dernières années d'une vie tumultueuse, ultime voyage où se mêlent le chant, la musique et une forme d'intimité générée par des échanges imaginés mais révélateurs de l'être fragile qu'elle était. À ce moment de la pièce, Nina est malade, fatiguée, épuisée. Elle a perdu de sa superbe. Mais le ton général et la mise en scène tendent vers l'onirisme, usant d'une astucieuse succession de séquences à la manière cinématographique, découpage tout aussi rythmé que poétique.
Jina Djemba interprète ce personnage complexe - aux sautes d'humeur aussi cadencées qu'un solo de batterie - avec une grande profondeur émotionnelle… Avec finesse et intelligence, associant - sans excès de pathos - la violence de son mal-être et les expressions caractérielles de l'artiste aux émotions de la femme blessée et sensible - à la douceur sous-jacente -, de l'amoureuse - qui ne s'épanouira jamais dans une vie sentimentale instable voire souvent chaotique - et de la mère absente, qui ne parviendra pas à avoir une relation sereine et réellement maternelle avec sa fille.
© Samy La Famille.
Et, pour le bonheur de nos oreilles, le plaisir musical est là également car Jina est une excellente interprète, bouleversante… une très belle voix à la mesure de l'hommage rendu. Sa tessiture de mezzo/soprano lui permet de nous offrir une lecture personnelle, respectueuse et intense des titres choisis parmi lesquels on notera l'incontournable "My baby just cares for me" (Kahn/Donaldson), "Mr. Bojangles" (Jerry Jeff Walker) et "Ain't got no… I've got live" (Arthur Terence MacDermot/Gerome Ragni, James Rado). Ce dernier, quasi scandé, est d'une étonnante actualité en ces temps de questionnement sur les droits et les libertés de chacune et chacun. Texte brillant et vif, il est une véritable ode à la liberté et à la révolte.
La musique est jouée en direct sur scène par Julien Vasnier, talentueux multi-instrumentiste qui signe aussi les arrangements.
Le deuxième personnage de la pièce, son intendant philippin Ricardo - Valentin de Carbonnières jouant d'un registre d'expressions tout en subtilité et efficacité -, est à la fois son souffre-douleur, une compagnie, un confident.
La musique est jouée en direct sur scène par Julien Vasnier, talentueux multi-instrumentiste qui signe aussi les arrangements.
Le deuxième personnage de la pièce, son intendant philippin Ricardo - Valentin de Carbonnières jouant d'un registre d'expressions tout en subtilité et efficacité -, est à la fois son souffre-douleur, une compagnie, un confident.
Personnage fictif qui, comme un miroir à la solitude de Nina, permet d'en refléter la face cachée, plus intime, peu connue du public… De dessiner, concrétiser, le profil d'une femme engagée, revendicative ; et passionnée, tant par la musique que par les idées, les combats, sa lutte pour les droits juridiques des noirs aux États-Unis. Leur relation permet également de dévoiler celle qui maniait un humour percutant, savait faire preuve de tendresse et d'humanité.
"Miss Nina Simone" est une fusion réussie entre un théâtre biographique et une narration onirique appelant aux souvenirs d'un mythe entre rêve et réalité... Fin d'une vie, d'une époque, d'une chanteuse ? Non, Nina Simone est toujours là, présente sur la scène éternelle musicale où nous pouvons écouter les merveilleux enregistrements de cette diva du jazz.
"Miss Nina Simone" est une fusion réussie entre un théâtre biographique et une narration onirique appelant aux souvenirs d'un mythe entre rêve et réalité... Fin d'une vie, d'une époque, d'une chanteuse ? Non, Nina Simone est toujours là, présente sur la scène éternelle musicale où nous pouvons écouter les merveilleux enregistrements de cette diva du jazz.
"Miss Nina Simone"
© Samy La Famille.
D'après "Nina Simone, roman" de Gilles Leroy, éditions Mercure de France.
Adaptation : Jina Djemba et Anne Bouvier.
Mise en scène : Anne Bouvier.
Avec : Jina Djemba, Valentin de Carbonnières et Julien Vasnier.
Création et arrangements musicaux : Julien Vasnier.
Scénographie : Jean Haas.
Conception lumière : Denis Koransky.
Production La Compagnie du Crépuscule.
Durée : 1 h 15.
Du 18 avril au 2 juin 2018.
Du mardi au samedi à 21 h.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
Puis du 7 juin au 28 juillet 2018.
Du mercredi au samedi à 19 h.
Théâtre de l'Œuvre, Paris 9e, 01 44 53 88 88.
>> theatredeloeuvre.com
Adaptation : Jina Djemba et Anne Bouvier.
Mise en scène : Anne Bouvier.
Avec : Jina Djemba, Valentin de Carbonnières et Julien Vasnier.
Création et arrangements musicaux : Julien Vasnier.
Scénographie : Jean Haas.
Conception lumière : Denis Koransky.
Production La Compagnie du Crépuscule.
Durée : 1 h 15.
Du 18 avril au 2 juin 2018.
Du mardi au samedi à 21 h.
Le Lucernaire, Paris 6e, 01 45 44 57 34.
Puis du 7 juin au 28 juillet 2018.
Du mercredi au samedi à 19 h.
Théâtre de l'Œuvre, Paris 9e, 01 44 53 88 88.
>> theatredeloeuvre.com