© GTG/Grégory Batardon.
"Tristan et Isolde", composé entre 1857 et 1859, est un opéra de Wagner (1813-1883). Le compositeur dut attendre cinq ans avant qu'il ne soit créé le 10 juin 1865 et joué pour quatre représentations au théâtre royal de la cour de Bavière grâce à Louis II de Bavière. Cette attente était due au fait que les moyens mis en œuvre étaient importants et que la qualité vocale demandée rare, Tristan ayant une tessiture de ténor dramatique et Isolde une tessiture de soprano dramatique. Wagner devait prendre son mal en patience en retardant d'un mois la première puisque Malvina Schnorr von Carolsfeld, qui devait interpréter Isolde (et son mari Ludwig, Tristan), était souffrante.
Nietzsche, qui assista à la première, écrivait plus de vingt ans après dans "Ecce Homo" (1889) : "Mais aujourd'hui encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde. Le monde est pauvre pour celui qui n'a jamais été assez malade pour goûter cette volupté de l'enfer".
Wagner, dans son essai "L'œuvre d'art de l'avenir" (1849), présente une nouvelle conception de l'opéra, la Gesamtkunstwerk (œuvre d'art totale) où il mêle de façon indissociable musique, chant, poésie, danse, théâtre et arts plastiques.
"Tristan et Isolde" est l'histoire d'une Passion. Tristan (Geoffrey Van Dyck), tombant fou amoureux d'Isolde (Sarawanee Tanatanit), est au service du roi Mark (Armando Gonzalez Besa) à qui elle est promise comme la poétesse Mathilde Wesendock, dont Wagner était éperdu et qui lui a inspiré cet opéra, était la femme de son mécène Otto von Wesendonck.
Nietzsche, qui assista à la première, écrivait plus de vingt ans après dans "Ecce Homo" (1889) : "Mais aujourd'hui encore, je cherche en vain une œuvre qui ait la même dangereuse fascination, la même effrayante et suave infinitude que Tristan et Isolde. Le monde est pauvre pour celui qui n'a jamais été assez malade pour goûter cette volupté de l'enfer".
Wagner, dans son essai "L'œuvre d'art de l'avenir" (1849), présente une nouvelle conception de l'opéra, la Gesamtkunstwerk (œuvre d'art totale) où il mêle de façon indissociable musique, chant, poésie, danse, théâtre et arts plastiques.
"Tristan et Isolde" est l'histoire d'une Passion. Tristan (Geoffrey Van Dyck), tombant fou amoureux d'Isolde (Sarawanee Tanatanit), est au service du roi Mark (Armando Gonzalez Besa) à qui elle est promise comme la poétesse Mathilde Wesendock, dont Wagner était éperdu et qui lui a inspiré cet opéra, était la femme de son mécène Otto von Wesendonck.
© GTG/Grégory Batardon.
Pour Joëlle Bouvier, Wagner est une "musique de l'esprit, absolument pas faite pour la danse". Dans celle-ci, la musique accompagne le geste ou ne l'accompagne pas, voire est inexistante. Le défi pour la chorégraphe est de ne pas faire de la danse un simple compagnon de l'opéra de Wagner.
Les voix ténor et soprano disparaissent pour laisser place aux mouvements. Les corps des danseurs apparaissent dans des costumes colorés. Les pas et les portées s'agencent dans un espace où la scénographie est superbe. Elle donne à chaque scène une couleur cinématographique qui raconte une passion par l'attitude des corps, des positions, des déplacements.
Tout est joué sobrement en faisant de chaque geste, un mouvement souple, léger, souvent fragile, parfois vif. La scénographie plante un décor où les couleurs et les voiles habillent la scène. Ainsi, ils flottent autour d'Isolde, agités par les danseurs, pour simuler un espace soufflé par des vents contraires. Ceux-ci deviennent vagues, mer, arbres, appuis, bateau, compagnons d'armes et de misère, roi, amoureux, valets.
Il n'y a aucun verbe car tout est geste. La danse se fait théâtre. Avec la musique, nous sommes à la rencontre de trois arts où l'expression, l'attitude et le déplacement sont au centre. Aussi, le corps est à la jonction d'un mouvement qui se fait fixe et tournant, immobile et se déplaçant. Les émotions deviennent les supports du corps pour prendre le flambeau du jeu et faire que la gestuelle incarne une passion amoureuse.
Les premières scènes sont accompagnées de mouvements au rythme très lent et semblent glisser sur la musique. Ceux-ci ne sont pas décomposés mécaniquement mais gardent une harmonie dans le déroulé de leurs enchaînements. La gestuelle, à la fois fine et légère mais très soutenue dans les émotions, fait du corps un élément central, une partition corporelle.
Les voix ténor et soprano disparaissent pour laisser place aux mouvements. Les corps des danseurs apparaissent dans des costumes colorés. Les pas et les portées s'agencent dans un espace où la scénographie est superbe. Elle donne à chaque scène une couleur cinématographique qui raconte une passion par l'attitude des corps, des positions, des déplacements.
Tout est joué sobrement en faisant de chaque geste, un mouvement souple, léger, souvent fragile, parfois vif. La scénographie plante un décor où les couleurs et les voiles habillent la scène. Ainsi, ils flottent autour d'Isolde, agités par les danseurs, pour simuler un espace soufflé par des vents contraires. Ceux-ci deviennent vagues, mer, arbres, appuis, bateau, compagnons d'armes et de misère, roi, amoureux, valets.
Il n'y a aucun verbe car tout est geste. La danse se fait théâtre. Avec la musique, nous sommes à la rencontre de trois arts où l'expression, l'attitude et le déplacement sont au centre. Aussi, le corps est à la jonction d'un mouvement qui se fait fixe et tournant, immobile et se déplaçant. Les émotions deviennent les supports du corps pour prendre le flambeau du jeu et faire que la gestuelle incarne une passion amoureuse.
Les premières scènes sont accompagnées de mouvements au rythme très lent et semblent glisser sur la musique. Ceux-ci ne sont pas décomposés mécaniquement mais gardent une harmonie dans le déroulé de leurs enchaînements. La gestuelle, à la fois fine et légère mais très soutenue dans les émotions, fait du corps un élément central, une partition corporelle.
© GTG/Grégory Batardon.
Celui-ci est à la fois élastique, presque brisé et aérien, lourd, combatif et élément d'une mère Nature déchaînée. Ou fragile et tombant comme une feuille lorsque Tristan est soutenu par des gardes. La gestuelle se fait la garante d'une alchimie entre musique et livret d'opéra, entre sentiments intérieurs et éléments extérieurs, entre l'intimité d'une passion secrète et l'extériorisation d'une ardeur amoureuse qui ne peut se cacher.
L'opéra est scindé en une large vue des danseurs pris comme un seul ensemble dans laquelle ceux-ci sont liés comme une mer à ses vagues. Et par un corps, élément artistique, qui devient un îlot de vie où la gestuelle est accompagnée de mouvements petits ou amples, légers ou vifs dans des solos où le danseur devient à la fois "personne" qui se démarque d'un groupe et "personnage" qui est au centre d'une histoire où la passion amoureuse se joue d'un roi mais pas d'une destinée. Cette dichotomie artistique fait se rencontrer la danse avec l'opéra, la musique avec le geste, le livret avec la chorégraphie.
La légèreté est l'essence de tous les mouvements dans une passion douloureuse "lourde" d'obstacles et de dangers où le corps, par petites touches, arrive à créer une riche configuration artistique sans que l'opéra, par l'absence des voix ténor et soprano, n'en perde son cachet.
L'opéra est scindé en une large vue des danseurs pris comme un seul ensemble dans laquelle ceux-ci sont liés comme une mer à ses vagues. Et par un corps, élément artistique, qui devient un îlot de vie où la gestuelle est accompagnée de mouvements petits ou amples, légers ou vifs dans des solos où le danseur devient à la fois "personne" qui se démarque d'un groupe et "personnage" qui est au centre d'une histoire où la passion amoureuse se joue d'un roi mais pas d'une destinée. Cette dichotomie artistique fait se rencontrer la danse avec l'opéra, la musique avec le geste, le livret avec la chorégraphie.
La légèreté est l'essence de tous les mouvements dans une passion douloureuse "lourde" d'obstacles et de dangers où le corps, par petites touches, arrive à créer une riche configuration artistique sans que l'opéra, par l'absence des voix ténor et soprano, n'en perde son cachet.
"Tristan et Isolde : Salue pour moi le monde"
Chorégraphie : Joëlle Bouvier
D'après "Tristan und Isolde" de Richard Wagner.
Assistants chorégraphie : Emilio Urbina et Rafael Pardillo.
Avec les danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève : Sarawanee Tanatanit, Geoffrey Van Dyck, Armando Gonzalez Besa, Sara Shigenari, Yumi Aizawa, Céline Allain, Louise Bille, Ornella Capece, Andie Masazza, Virginie Nopper, Angela Rebelo, Lysandra Van Heesewijk, Madeline Wong, Valentino Bertolini, Natan Bouzy, Zachary Clark, Vladimir Ippolitov, Xavier Juyon, David Lagerqvist, Nathanaël Marie, Simone Repele, Nahuel Vega.
Dramaturgie : Daniel Dollé.
Scénographie : Émilie Roy.
Costumes : Sophie Hampe.
Lumières : Renaud Lagier.
Son : Jean-Marc Pinget.
Maîtres de ballet : Grant Aris, Grégory Deltenre.
Pianiste : Serafina Demianova.
Habilleuses : Caroline Bault, Olga Kondrachina.
Production Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Durée : 1 h 30.
Du 23 mars au 1er avril 2016.
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20 h 30, jeudi à 19 h 30.
Théâtre National de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
>> theatre-chaillot.fr
D'après "Tristan und Isolde" de Richard Wagner.
Assistants chorégraphie : Emilio Urbina et Rafael Pardillo.
Avec les danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève : Sarawanee Tanatanit, Geoffrey Van Dyck, Armando Gonzalez Besa, Sara Shigenari, Yumi Aizawa, Céline Allain, Louise Bille, Ornella Capece, Andie Masazza, Virginie Nopper, Angela Rebelo, Lysandra Van Heesewijk, Madeline Wong, Valentino Bertolini, Natan Bouzy, Zachary Clark, Vladimir Ippolitov, Xavier Juyon, David Lagerqvist, Nathanaël Marie, Simone Repele, Nahuel Vega.
Dramaturgie : Daniel Dollé.
Scénographie : Émilie Roy.
Costumes : Sophie Hampe.
Lumières : Renaud Lagier.
Son : Jean-Marc Pinget.
Maîtres de ballet : Grant Aris, Grégory Deltenre.
Pianiste : Serafina Demianova.
Habilleuses : Caroline Bault, Olga Kondrachina.
Production Ballet du Grand Théâtre de Genève.
Durée : 1 h 30.
Du 23 mars au 1er avril 2016.
Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20 h 30, jeudi à 19 h 30.
Théâtre National de Chaillot, Salle Jean Vilar, Paris 16e, 01 53 65 30 00.
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