© LoLL Willems.
Elles ont trouvé l'oiseau rare. Clitandre. Un jeune homme beau comme un comédien, certes un peu pauvre mais qui a la tête bien faite et de grandes espérances car il est poussé à la cour…
L'ainée a approfondi Descartes, le dualisme ainsi que les stoïciens, et conteste l'institution du mariage. La cadette à l'évidence, dans sa capacité à conjuguer plaisir et amour dans une perspective de mariage heureux, a compris Lucrèce et son "de natura rerum".
Leur mère Philaminte et leur tante Belise se sont piquées des dernières connaissances scientifiques logiques et poétiques. Leur apprentissage encore naïf pèse sur l'ordonnancement de la maison. Voulant être savantes pour se montrer savantes, elles se sont entichées d'un Tartuffe au petit pied, un Trissotin pédant et à la pointe de la mode qui en veut à leur richesse. L'histoire frise la catastrophe.
L'ainée a approfondi Descartes, le dualisme ainsi que les stoïciens, et conteste l'institution du mariage. La cadette à l'évidence, dans sa capacité à conjuguer plaisir et amour dans une perspective de mariage heureux, a compris Lucrèce et son "de natura rerum".
Leur mère Philaminte et leur tante Belise se sont piquées des dernières connaissances scientifiques logiques et poétiques. Leur apprentissage encore naïf pèse sur l'ordonnancement de la maison. Voulant être savantes pour se montrer savantes, elles se sont entichées d'un Tartuffe au petit pied, un Trissotin pédant et à la pointe de la mode qui en veut à leur richesse. L'histoire frise la catastrophe.
© LoLL Willems.
Écrite (et avec quel brio) par Molière, la pièce "Trissotin ou Les Femmes Savantes" démontre par la satire que la femme partage avec l'homme un même désir de pédanterie, de vanités et de capacités d'aveuglements. Elle souligne aussi par son ironie joyeuse que le droit à la connaissance est partagé entre les deux sexes et que, l'avenir de l'un sans l'autre étant bien sombre, il vaut mieux que l'un et l'autre s'acceptent mutuellement pour un optimisme de la vie.
Car tout cela n'est que comédie.
La mise en scène de Macha Makeïeff impose des conventions fortes tout en évitant le piège de tourner en ridicule. Elle s'appuie sur une dimension foldingue frapadingue parfaitement assumée. En décrivant minutieusement une bourgeoisie artiste immergée dans l'air du temps, frappée au coin de la mode rétro soixante-dix et des meubles vintages.
Car tout cela n'est que comédie.
La mise en scène de Macha Makeïeff impose des conventions fortes tout en évitant le piège de tourner en ridicule. Elle s'appuie sur une dimension foldingue frapadingue parfaitement assumée. En décrivant minutieusement une bourgeoisie artiste immergée dans l'air du temps, frappée au coin de la mode rétro soixante-dix et des meubles vintages.
© LoLL Willems.
La mise en scène épouse le texte et ses personnages avec leurs alexandrins. Exploitant tous les effets de miroirs qui relient et opposent les personnages.
Les deux sœurs se font face et s'opposent en de quasi duels : l'une coquette, l'autre sage.
En vis-à-vis, le père Chrysale et son frère Ariste, déjà vieux ingénus qui veulent conserver l'apparence d'une jeunesse, jouent de leur complicité pour recoudre les liens familiaux et fomentent une farce la farce finale qui confondra le méchant.
Pour ce qui est de Bélise et Trissotin, personnages les plus excessifs, la metteure en scène joue sur les effets de travestissement.
Bélise est une vieille fille portée par un comédien dont la virilité de ténor ne peut être contestée et qui sait admirablement moduler toutes les gammes d'une féminité vouée, par ses excès de coquetteries érotisées, à la perdition dans des paradis imaginaires, romanesques et merveilleux. Le rôle est formidablement drôle.
Trissotin est conçu comme un Conchita Wurst muté en rêve de John Galliano, il est un personnage redoutablement inquiétant de sophistication. Plus intello, fat, germanopratin et esthète, on meurt.
Quant à la mère, digne héritière des Branquignols et des Saintes Chéries, elle glisse de crises de folie en crise d'autorité, frôlant la perte de sa distinction et de sa conscience dans une fantaisie et une liberté de gammes à donner le vertige.
En réponse, la servante Martine est une jeune femme à la colère d'aujourd'hui, franche et directe.
Les deux sœurs se font face et s'opposent en de quasi duels : l'une coquette, l'autre sage.
En vis-à-vis, le père Chrysale et son frère Ariste, déjà vieux ingénus qui veulent conserver l'apparence d'une jeunesse, jouent de leur complicité pour recoudre les liens familiaux et fomentent une farce la farce finale qui confondra le méchant.
Pour ce qui est de Bélise et Trissotin, personnages les plus excessifs, la metteure en scène joue sur les effets de travestissement.
Bélise est une vieille fille portée par un comédien dont la virilité de ténor ne peut être contestée et qui sait admirablement moduler toutes les gammes d'une féminité vouée, par ses excès de coquetteries érotisées, à la perdition dans des paradis imaginaires, romanesques et merveilleux. Le rôle est formidablement drôle.
Trissotin est conçu comme un Conchita Wurst muté en rêve de John Galliano, il est un personnage redoutablement inquiétant de sophistication. Plus intello, fat, germanopratin et esthète, on meurt.
Quant à la mère, digne héritière des Branquignols et des Saintes Chéries, elle glisse de crises de folie en crise d'autorité, frôlant la perte de sa distinction et de sa conscience dans une fantaisie et une liberté de gammes à donner le vertige.
En réponse, la servante Martine est une jeune femme à la colère d'aujourd'hui, franche et directe.
© LoLL Willems.
Le texte est joué avec un tel degré d'intériorisation qu'aucun effet de surface, aucun anachronisme ne peut altérer les situations et si la pièce et sa mise en scène tire à farce, à satire, scéniquement la fluidité est parfaite. Le parler populaire et le parler élégant se fondent dans le geste et le mouvement.
La mise en scène est emportée avec précision, légèreté, vivacité, gaité, dégage des pouvoirs étranges, engendre comme un miracle de cohérence. Toutes les conventions théâtrales se fondent dans une atmosphère de vraisemblance et donnent à chacun son instant et son instinct de vérité. Le spectateur à chaque instant se retrouve complice de cette famille et ne peut railler.
Par ce travail de comédie de mœurs, démonstration est faite scéniquement que dans un monde où les femmes se piquent d'être à l'égal des hommes, d'être des auteur(e)s, des savant(e)s, la pensée de mondes séparés (celui des sexes, des fonctions sociales, de la raison et de la déraison pourtant communément admise) est fausse. Démonstration est faite que d'authentiques chimères se concrétisent sur scène, forgeant l'union du corps et de l'esprit par l'amour et le désir et l'humour. Le théâtre en est le laboratoire et le rire s'épanouit en sourire d'aise, et conserve les volutes de la gaité qui ont déferlé.
La mise en scène est emportée avec précision, légèreté, vivacité, gaité, dégage des pouvoirs étranges, engendre comme un miracle de cohérence. Toutes les conventions théâtrales se fondent dans une atmosphère de vraisemblance et donnent à chacun son instant et son instinct de vérité. Le spectateur à chaque instant se retrouve complice de cette famille et ne peut railler.
Par ce travail de comédie de mœurs, démonstration est faite scéniquement que dans un monde où les femmes se piquent d'être à l'égal des hommes, d'être des auteur(e)s, des savant(e)s, la pensée de mondes séparés (celui des sexes, des fonctions sociales, de la raison et de la déraison pourtant communément admise) est fausse. Démonstration est faite que d'authentiques chimères se concrétisent sur scène, forgeant l'union du corps et de l'esprit par l'amour et le désir et l'humour. Le théâtre en est le laboratoire et le rire s'épanouit en sourire d'aise, et conserve les volutes de la gaité qui ont déferlé.
"Trissotin ou Les Femmes Savantes"
© LoLL Willems.
Texte : Molière.
Mise en scène, décor et costumes : Macha Makeïeff.
Assistants à la mise en scène : Gaëlle Hermant et Camille de la Guillonnière.
Avec : Marie-Armelle Deguy, Vincent Winterhalter, Jeanne-Marie Levy, Geoffroy Rondeau, Vanessa Fonte, Caroline Espargilière, Arthur Igual ou Ivan Ludlow (en alernance), Philippe Fenwick, Pascal Ternisien, Louise Rebillaud, Bertrand Poncet, Arthur Deschamps (sous réserve).
Lumières : Jean Bellorini, assisté d'Olivier Tisseyre.
Son : Xavier Jacquot.
Coiffures et maquillage : Cécile Kretschmar, assistée de Judith Scotto.
Arrangements musicaux : Macha Makeïeff et Jean Bellorini.
Assistante à la scénographie et accessoires : Margot Clavières.
Construction d’accessoires : Patrice Ynesta.
Assistante aux costumes : Claudine Crauland.
Régisseur Général : André Neri.
Mise en scène, décor et costumes : Macha Makeïeff.
Assistants à la mise en scène : Gaëlle Hermant et Camille de la Guillonnière.
Avec : Marie-Armelle Deguy, Vincent Winterhalter, Jeanne-Marie Levy, Geoffroy Rondeau, Vanessa Fonte, Caroline Espargilière, Arthur Igual ou Ivan Ludlow (en alernance), Philippe Fenwick, Pascal Ternisien, Louise Rebillaud, Bertrand Poncet, Arthur Deschamps (sous réserve).
Lumières : Jean Bellorini, assisté d'Olivier Tisseyre.
Son : Xavier Jacquot.
Coiffures et maquillage : Cécile Kretschmar, assistée de Judith Scotto.
Arrangements musicaux : Macha Makeïeff et Jean Bellorini.
Assistante à la scénographie et accessoires : Margot Clavières.
Construction d’accessoires : Patrice Ynesta.
Assistante aux costumes : Claudine Crauland.
Régisseur Général : André Neri.
© LoLL Willems.
Iconographe : Guillaume Cassar.
Studio son : Sébastien Trouvé.
Durée : 2 h 15.
Production La Criée Théâtre national de Marseille.
Du 10 avril au 10 mai 2019.
Du mardi au samedi à 21 h sauf mardi 16 et jeudi 18 avril à 20 h, dimanche à 15 h.
La Scala, Paris 10e, 01 40 03 44 30.
>> lascala-paris.com
Studio son : Sébastien Trouvé.
Durée : 2 h 15.
Production La Criée Théâtre national de Marseille.
Du 10 avril au 10 mai 2019.
Du mardi au samedi à 21 h sauf mardi 16 et jeudi 18 avril à 20 h, dimanche à 15 h.
La Scala, Paris 10e, 01 40 03 44 30.
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