© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
Miracle du chant et de l’opéra. Que se passe-t-il en nous quand soudain un chanteur (ici une chanteuse : la superbe Lucretia du mezzo soprano polonais Agata Schmidt) nous émeut jusqu’aux larmes par son interprétation ? D’autres beaux moments transcendent la partition d’un opéra assez difficile où on passe volontiers, en des états divers, de l’ennui au complet bouleversement.
L’argument est bien connu : le viol de Lucrèce raconté par Tite-Live dans son "Histoire romaine". Cet événement fondateur pour l’avènement de la république romaine est au centre de la pièce d’André Obey en 1931. Celle-ci est le point de départ du livret de Ronald Duncan. Ce sera le premier "opéra de chambre" de Benjamin Britten qui deviendra le plus grand compositeur anglais du XXe siècle (presque malgré lui : en tant qu’homosexuel, il est un criminel alors au regard de la loi).
L’argument est bien connu : le viol de Lucrèce raconté par Tite-Live dans son "Histoire romaine". Cet événement fondateur pour l’avènement de la république romaine est au centre de la pièce d’André Obey en 1931. Celle-ci est le point de départ du livret de Ronald Duncan. Ce sera le premier "opéra de chambre" de Benjamin Britten qui deviendra le plus grand compositeur anglais du XXe siècle (presque malgré lui : en tant qu’homosexuel, il est un criminel alors au regard de la loi).
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
Créé en 1946 sur fond de ruines de la seconde guerre mondiale pour la réouverture du Festival de Glyndebourne, l’opéra se signale par son épure tant par les moyens modestes qu’il nécessite (huit chanteurs, treize à quinze musiciens) que par son langage musical très personnel (et encore tonal). Après les charniers et autres horreurs perpétrées en Europe, l’austérité d’une musique au lyrisme sévère souvent contenu s’impose à Britten.
Une œuvre sans concession qui retrace en moins de deux heures, en une condensation dramatique remarquable (quand même), les circonstances de la profanation de l‘épouse fidèle de Collatinus par Sextus Tarquin. Une bête brutale et sensuelle qui va utiliser sa force et profiter de la solitude de Lucrèce. Depuis Shakespeare, on connaît l’issue de l’histoire : la chaste épouse violée se suicide. Le contexte historique de sa création par Britten en fait une allégorie pour tous les désastres : les guerres, les égoïsmes assassins, la domination éternelle de la force et la fragilité de l’amour vrai.
Une œuvre sans concession qui retrace en moins de deux heures, en une condensation dramatique remarquable (quand même), les circonstances de la profanation de l‘épouse fidèle de Collatinus par Sextus Tarquin. Une bête brutale et sensuelle qui va utiliser sa force et profiter de la solitude de Lucrèce. Depuis Shakespeare, on connaît l’issue de l’histoire : la chaste épouse violée se suicide. Le contexte historique de sa création par Britten en fait une allégorie pour tous les désastres : les guerres, les égoïsmes assassins, la domination éternelle de la force et la fragilité de l’amour vrai.
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
L’originalité de cet opéra consiste surtout à proposer deux personnages chrétiens (et anachroniques au Ve siècle avant JC) comme chœurs : un rôle de soprano interprété lors de la première par une grande Andreea Soare et un ténor, le russe Oleksiy Palchykov, convaincant (mais son articulation de l’anglais est perfectible). Commentant et explicitant les actions et pensées des protagonistes, ils suggèrent la prééminence malgré tout de l’amour-charité sur l’amour-pulsions, d’Agapè (cette "philia" ou amour désintéressé des Anciens) sur un Éros mortifère.
Loin d’être un message lénifiant - comme il a été souvent dit - destiné à adoucir une histoire atroce, cette méditation chrétienne sur le sens du sacrifice de Lucretia est au cœur de l’œuvre. Dédicacée à son amant le ténor Peter Pears, créateur du rôle du chœur masculin, elle exprime aussi sans doute les plus profondes hantises du compositeur. Seul Agapè sauverait le monde et notre humanité.
Loin d’être un message lénifiant - comme il a été souvent dit - destiné à adoucir une histoire atroce, cette méditation chrétienne sur le sens du sacrifice de Lucretia est au cœur de l’œuvre. Dédicacée à son amant le ténor Peter Pears, créateur du rôle du chœur masculin, elle exprime aussi sans doute les plus profondes hantises du compositeur. Seul Agapè sauverait le monde et notre humanité.
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
La mise en scène de Stephen Taylor rappelle les circonstances de la création de l’opéra. Ambiance RAF anglaise 1940 et vignettes façon "Blake et Mortimer" ne convainquent guère et nuisent à l’universalité du propos. Taylor veut-il signifier l’impuissance de la charité dans l’Histoire ? Peut-être. Heureusement les solistes de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris sont toujours excellents - et quelle chanteuse Agata Schmidt décidément ! L’ensemble Le Balcon en résidence à l’Athénée est de très bonne tenue grâce à son directeur Maxime Pascal. Une mention spéciale pour le pianiste Alphonse Cemin et la harpiste Clara Izambert qui ont, il est vrai, le beau rôle dans la partition.
Spectacle vu le 14 janvier 2014
Jeudi 16, vendredi 17, samedi 18 janvier 2014 à 20 h. Dimanche 19 janvier à 16 h.
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 01 53 05 19 19.
Square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e.
>> athenee-theatre.com
Spectacle vu le 14 janvier 2014
Jeudi 16, vendredi 17, samedi 18 janvier 2014 à 20 h. Dimanche 19 janvier à 16 h.
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, 01 53 05 19 19.
Square de l’Opéra Louis-Jouvet, Paris 9e.
>> athenee-theatre.com
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
"Le Viol de Lucrèce"(1946).
Musique : Benjamin Britten.
Livret : Ronald Duncan.
En anglais surtitré en français.
Durée : 2 h 20 avec entracte.
Direction musicale : Maxime Pascal.
Mise en scène : Stephen Taylor.
Scénographie : Laurent Peduzzi.
Costumes : Nathalie Prats.
Lumières : Christian Pinaud.
Ensemble Le Balcon.
Les Solistes de l’Atelier Lyrique en alternance.
Musique : Benjamin Britten.
Livret : Ronald Duncan.
En anglais surtitré en français.
Durée : 2 h 20 avec entracte.
Direction musicale : Maxime Pascal.
Mise en scène : Stephen Taylor.
Scénographie : Laurent Peduzzi.
Costumes : Nathalie Prats.
Lumières : Christian Pinaud.
Ensemble Le Balcon.
Les Solistes de l’Atelier Lyrique en alternance.
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
Les 16 et 18 janvier :
Agata Schmidt, Lucretia.
Piotr Kumon, Tarquinius.
Andriy Gnatiuk, Collatinus.
Tiago Matos, Junius.
Cornelia Oncioiu, Bianca.
Armelle Khourdoïan, Lucia.
Oleksiy Pachykov, le chœur masculin.
Andreea Soare, le chœur féminin.
Agata Schmidt, Lucretia.
Piotr Kumon, Tarquinius.
Andriy Gnatiuk, Collatinus.
Tiago Matos, Junius.
Cornelia Oncioiu, Bianca.
Armelle Khourdoïan, Lucia.
Oleksiy Pachykov, le chœur masculin.
Andreea Soare, le chœur féminin.
© Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca.
Les 17 et 19 janvier :
Aude Extrémo, Lucretia.
Vladimir Kapshuk, Tarquinius.
Pietro Di Bianco, Collatinus.
Damien Pass, Junius.
Cornelia Oncioiu, Bianca.
Olga Seliverstova, Lucia.
Kevin Amiel, le chœur masculin.
Élodie Hache, le chœur féminin.
Aude Extrémo, Lucretia.
Vladimir Kapshuk, Tarquinius.
Pietro Di Bianco, Collatinus.
Damien Pass, Junius.
Cornelia Oncioiu, Bianca.
Olga Seliverstova, Lucia.
Kevin Amiel, le chœur masculin.
Élodie Hache, le chœur féminin.