© Agustin Rodriguez.
Le flamenco est un art qui, suivant la qualité de ses interprètes et de son créateur, peut sortir de son arène pour aller puiser dans une trame musicale dans laquelle toute émotion, amour, défi, passion et tragédie peuvent se donner la repartie. Le corps est roi et les différentes gestuelles flamenquistes sont comme une caisse de résonance dans laquelle la théâtralité est de mise.
L'originalité et la pertinence musicale sont au rendez-vous avec la mise en exergue de la batterie en lieu et place du cajon. La guitare vient aussi jouer sa partie mais les percussions restent l'ossature principale du compas. Elles leur donnent une consistance très terre à terre à la gestuelle, toujours en mouvement, soit rapide soit lente, avec quelques arrêts. Ses ruptures de jeu sont en écho avec un jeu physique, à la fois très intime, comme l'expression du reflet intérieur d'une âme, et extime, avec un rapport à l'autre, viril ou affectueux. Il y a dans celui-ci un mélange sourd et distinct d'une relation qui oscille entre différents pôles de sentiments, celle d'une fille à son père.
Ici, point de robe flamenca mais une longue cape en dentelle est parfois portée. Ana Morales est vêtue d'un académique intégral. En solo, elle offre une gestique des plus caractéristiques, faisant tourner autant son buste, telle une virgule, que ses membres supérieurs comme des points d'exclamation, laissant parfois plonger ses poings vers le bas. Ce sont sur ces deux mouvements antinomiques, l'un rêche et droit, l'autre, rapide et courbe, que la danseuse explore les différents contours de son art en le faisant cohabiter avec l'ailleurs d'une autre danse.
L'originalité et la pertinence musicale sont au rendez-vous avec la mise en exergue de la batterie en lieu et place du cajon. La guitare vient aussi jouer sa partie mais les percussions restent l'ossature principale du compas. Elles leur donnent une consistance très terre à terre à la gestuelle, toujours en mouvement, soit rapide soit lente, avec quelques arrêts. Ses ruptures de jeu sont en écho avec un jeu physique, à la fois très intime, comme l'expression du reflet intérieur d'une âme, et extime, avec un rapport à l'autre, viril ou affectueux. Il y a dans celui-ci un mélange sourd et distinct d'une relation qui oscille entre différents pôles de sentiments, celle d'une fille à son père.
Ici, point de robe flamenca mais une longue cape en dentelle est parfois portée. Ana Morales est vêtue d'un académique intégral. En solo, elle offre une gestique des plus caractéristiques, faisant tourner autant son buste, telle une virgule, que ses membres supérieurs comme des points d'exclamation, laissant parfois plonger ses poings vers le bas. Ce sont sur ces deux mouvements antinomiques, l'un rêche et droit, l'autre, rapide et courbe, que la danseuse explore les différents contours de son art en le faisant cohabiter avec l'ailleurs d'une autre danse.
© Benjamin Mengelle.
Sur scène, elle compose, en compagnie de José Manuel Álvarez, telle une artiste peintre, le spectacle avec différentes couleurs, sombres dans son expression corporelle, à dessein ardente, claires dans sa relation à l'autre. Celles-ci sont dans les attitudes, parfois rugueuses et tranchées, d'autres fois plus en courbes et arrondies.
Les chorégraphies sont de celles de couple où, avec maestria et élégance, l'agressivité se dispute à l'affect. Les échanges, autour, entre autres, de taconéos, sont, à tour de rôle, l'écho d'une dispute ou d'une discussion où le dit et le non-dit sont enlacés l'un à l'autre. Le physique supplée à ces difficultés de communication en plongeant le corps dans une mise en tension très vive et martelée à la scène.
Derrière, la batterie lance le compas avec deux guitares, l'une à la suite de l'autre. Avec la deuxième, cachée derrière un mur de lattes de bois, se découvre un chanteur derrière son instrument. On se donne la réplique flamenca avec des talons qui glissent sur le sol pour le taper ensuite. On joue aussi au ballon avec un long morceau de chiffon en couleur. Il y a du recueillement, des silences avec ces moments de pause qui donnent du relief aux chorégraphies. Álvarez et Morales sont dans un face à face tant affectueux que de défi.
La danseuse, à la démarche altière, traîne derrière elle une cape beige dentelée. Guitare et batterie forment un couple musical l'accompagnant dans ses déplacements. Elle s'arrête, repart, de façon vive, souvent tranchante pour aller également puiser dans quelques figures de danse contemporaine. C'est un spectacle qui va au-delà des braceos, des taconéos ou des palmas. Ici, la robe devient un compagnon de jeu. Elle est trainée, portée, jetée, lancée. Elle est une sorte d'identité dans laquelle les mouvements racontent plus qu'une histoire car ils incarnent un personnage.
Morales, quant à lui, se tourne, se retourne, fait plusieurs tours autour d'elle, s'arrête, repart puis en enchaîne une autre série. Le braceo a perdu de ses courbes pour prendre une attitude plus rectiligne, plus rêche, voire virile sans que ce terme ne doit être pris dans un parti pris masculin. La main droite est tendue en prolongement de son tronc, poing ouvert vers un ailleurs, ne jetant son regard que vers la scène ou tout droit, marquant ainsi une dichotomie entre un état présent et une projection vers un passé ou une réminiscence.
L'art devient mnésique, sensoriel, où le corps exprime les relations non dicibles d'une fille à son père en se faisant le porte-voix d'émotions. Il y a du mordant. C'est envolé, presque tragique et poétiquement agressif.
Les chorégraphies sont de celles de couple où, avec maestria et élégance, l'agressivité se dispute à l'affect. Les échanges, autour, entre autres, de taconéos, sont, à tour de rôle, l'écho d'une dispute ou d'une discussion où le dit et le non-dit sont enlacés l'un à l'autre. Le physique supplée à ces difficultés de communication en plongeant le corps dans une mise en tension très vive et martelée à la scène.
Derrière, la batterie lance le compas avec deux guitares, l'une à la suite de l'autre. Avec la deuxième, cachée derrière un mur de lattes de bois, se découvre un chanteur derrière son instrument. On se donne la réplique flamenca avec des talons qui glissent sur le sol pour le taper ensuite. On joue aussi au ballon avec un long morceau de chiffon en couleur. Il y a du recueillement, des silences avec ces moments de pause qui donnent du relief aux chorégraphies. Álvarez et Morales sont dans un face à face tant affectueux que de défi.
La danseuse, à la démarche altière, traîne derrière elle une cape beige dentelée. Guitare et batterie forment un couple musical l'accompagnant dans ses déplacements. Elle s'arrête, repart, de façon vive, souvent tranchante pour aller également puiser dans quelques figures de danse contemporaine. C'est un spectacle qui va au-delà des braceos, des taconéos ou des palmas. Ici, la robe devient un compagnon de jeu. Elle est trainée, portée, jetée, lancée. Elle est une sorte d'identité dans laquelle les mouvements racontent plus qu'une histoire car ils incarnent un personnage.
Morales, quant à lui, se tourne, se retourne, fait plusieurs tours autour d'elle, s'arrête, repart puis en enchaîne une autre série. Le braceo a perdu de ses courbes pour prendre une attitude plus rectiligne, plus rêche, voire virile sans que ce terme ne doit être pris dans un parti pris masculin. La main droite est tendue en prolongement de son tronc, poing ouvert vers un ailleurs, ne jetant son regard que vers la scène ou tout droit, marquant ainsi une dichotomie entre un état présent et une projection vers un passé ou une réminiscence.
L'art devient mnésique, sensoriel, où le corps exprime les relations non dicibles d'une fille à son père en se faisant le porte-voix d'émotions. Il y a du mordant. C'est envolé, presque tragique et poétiquement agressif.
"Sin permiso - Canciones para el silencio"
© Agustin Rodriguez.
Direction artistique et mise en scène : Ana Morales, Guilermo Weicker.
Chorégraphie : Ana Morales, José Manuel Álvarez.
Collaboration chorégraphique : David Coria.
Avec : Ana Morales, José Manuel Álvarez (danse), Juan José Amador (chant), Juan Antonio Suarez "Canito" (guitare), Daniel Suarez (batterie, musique électronique).
Son : Kike Seco.
Lumières : Olga García (A.A.I.).
Décors : Francisco Munzón.
Costumes : Pilar Cordero, Lopez de Santos, Belén de la Quintana, Marcela, Cotelac.
Collaborateurs : Michio Woirgart, Sabio musique électronique off en création musicale, Ivan Bavcevic.
Durée : 1 h 15.
A été représenté les 29 et 30 janvier dans la salle Firmin Gémier du Théâtre national de Chaillot (Paris) dans le cadre de la Quatrième Biennale d'Art Flamenco.
Chorégraphie : Ana Morales, José Manuel Álvarez.
Collaboration chorégraphique : David Coria.
Avec : Ana Morales, José Manuel Álvarez (danse), Juan José Amador (chant), Juan Antonio Suarez "Canito" (guitare), Daniel Suarez (batterie, musique électronique).
Son : Kike Seco.
Lumières : Olga García (A.A.I.).
Décors : Francisco Munzón.
Costumes : Pilar Cordero, Lopez de Santos, Belén de la Quintana, Marcela, Cotelac.
Collaborateurs : Michio Woirgart, Sabio musique électronique off en création musicale, Ivan Bavcevic.
Durée : 1 h 15.
A été représenté les 29 et 30 janvier dans la salle Firmin Gémier du Théâtre national de Chaillot (Paris) dans le cadre de la Quatrième Biennale d'Art Flamenco.
Quatrième Biennale d'Art Flamenco
Du 26 janvier au 13 février 2020.
Du mardi au vendredi à 19 h 45.
Jeudi à 19 h 45 et 20 h 30.
Samedi à 20 h 30.
Dimanche à 15 h 30.
Chaillot - Théâtre national de la Danse, Paris 16e, 01 53 65 31 00.
>> theatre-chaillot.fr
Programme
Du 29 au 30 janvier 2020 : "Sin permiso - canciones para el silencio", Ana Morales.
Du 30 au 31 janvier 2020 : "La espina que quiso ser flor o la flor que soñó con ser bailaora", Olga Pericet.
1er février 2020 : "Impulso" Rocío Molina.
Du 4 au 6 février 2020 : "Cuentos de Azúcar" Eva Yerbabuena.
8 février 2020 : "Tomatito", Tomatito sextet.
Du 6 au 13 février 2020 : "Magma", Marie-Agnès Gillot, Andrés Marín, Christian Rizzo.
Du 26 janvier au 13 février 2020.
Du mardi au vendredi à 19 h 45.
Jeudi à 19 h 45 et 20 h 30.
Samedi à 20 h 30.
Dimanche à 15 h 30.
Chaillot - Théâtre national de la Danse, Paris 16e, 01 53 65 31 00.
>> theatre-chaillot.fr
Programme
Du 29 au 30 janvier 2020 : "Sin permiso - canciones para el silencio", Ana Morales.
Du 30 au 31 janvier 2020 : "La espina que quiso ser flor o la flor que soñó con ser bailaora", Olga Pericet.
1er février 2020 : "Impulso" Rocío Molina.
Du 4 au 6 février 2020 : "Cuentos de Azúcar" Eva Yerbabuena.
8 février 2020 : "Tomatito", Tomatito sextet.
Du 6 au 13 février 2020 : "Magma", Marie-Agnès Gillot, Andrés Marín, Christian Rizzo.