© DR.
Un pauvre hère qui ne fait que passer, mais qui a besoin, l'espace d'un instant, d'un ancrage pour reconstruire sa mémoire éparse. Sa perte de repères et son absence d'attache sentimentale désormais font malgré tout de lui un homme libre. Avec son petit pécule maternel, il erre de ville en ville et de gare en gare. Il dort dans des camions ou des trains. Surtout des trains.
Un jour, il s'introduit dans un théâtre vide dans lequel, probablement, le public ne va pas tarder à arriver et les comédiens à jouer. Mais personne ne vient… Alors, il investit la scène sur laquelle trône un simple fauteuil oublié d'un spectacle précédent. Dès lors, un processus mnésique s'enclenche pour lui. Ce fauteuil devient celui de sa mère et un "décor" mental se construit peu à peu avec des éléments trouvés en coulisses : un carton, un escabeau, un seau.
L'appartement de son enfance et de sa vie se reconstitue peu à peu, un lieu à la fois imaginaire et réel qu'il s'approprie en lui redonnant un semblant d'existence. Il se reconstruit et restaure à sa façon le lien social en évoquant sa solitude, son errance et son besoin d'altérité…
Un jour, il s'introduit dans un théâtre vide dans lequel, probablement, le public ne va pas tarder à arriver et les comédiens à jouer. Mais personne ne vient… Alors, il investit la scène sur laquelle trône un simple fauteuil oublié d'un spectacle précédent. Dès lors, un processus mnésique s'enclenche pour lui. Ce fauteuil devient celui de sa mère et un "décor" mental se construit peu à peu avec des éléments trouvés en coulisses : un carton, un escabeau, un seau.
L'appartement de son enfance et de sa vie se reconstitue peu à peu, un lieu à la fois imaginaire et réel qu'il s'approprie en lui redonnant un semblant d'existence. Il se reconstruit et restaure à sa façon le lien social en évoquant sa solitude, son errance et son besoin d'altérité…
© Luca Pascotto.
En avril 2020, le spectacle vivant est en berne et nombreuses ont été les compagnies au bord du gouffre. Il a fallu pour elles se réinventer, renouer avec le public et composer avec un contexte sanitaire complexe…
Le "Collectif Ah le Zèbre !" a choisi de mettre en scène une pièce écrite par Emmanuel Darley dans un format de théâtre en appartement permettant un espace de diffusion préservé et une nouvelle approche artistique… Un mal pour un bien tout compte fait !
La pièce connaît un vif succès relayé par les médias, mais est stoppée avec le deuxième confinement. Ce sera l'occasion pour la compagnie d'écrire une nouvelle adaptation scénique sous la houlette de Thierry de Pina à la fois interprète, metteur en scène et créateur du collectif. Dans cette pièce, et face au contexte en question, on peut se demander qui joue vraiment, Alexandre ou Thierry, tant la frontière est sensible et subtile entre le comédien et l'interprète. On a pour habitude de dire qu'un acteur incarne un personnage et qu'un comédien est habité par lui.
Thierry de Pina est un exemple remarquable du comédien habité pour le plus grand bonheur des spectateurs. Dans ce seul en scène, il captive le public entre fiction et réalité en incarnant un clown triste qui parfois dérange mais dont l'humour et l'ironie, cela dit, ne sont pas loin. Le spectateur est happé très rapidement par cet être perdu que les choses sombres pourtant ne semblent pas déranger plus que ça. Et ce, très vite, dès le début de la pièce.
Le cri d'amour qu'il porte à sa mère ne peut laisser le public indifférent.
C'est poignant et subtilement interprété.
Le "Collectif Ah le Zèbre !" a choisi de mettre en scène une pièce écrite par Emmanuel Darley dans un format de théâtre en appartement permettant un espace de diffusion préservé et une nouvelle approche artistique… Un mal pour un bien tout compte fait !
La pièce connaît un vif succès relayé par les médias, mais est stoppée avec le deuxième confinement. Ce sera l'occasion pour la compagnie d'écrire une nouvelle adaptation scénique sous la houlette de Thierry de Pina à la fois interprète, metteur en scène et créateur du collectif. Dans cette pièce, et face au contexte en question, on peut se demander qui joue vraiment, Alexandre ou Thierry, tant la frontière est sensible et subtile entre le comédien et l'interprète. On a pour habitude de dire qu'un acteur incarne un personnage et qu'un comédien est habité par lui.
Thierry de Pina est un exemple remarquable du comédien habité pour le plus grand bonheur des spectateurs. Dans ce seul en scène, il captive le public entre fiction et réalité en incarnant un clown triste qui parfois dérange mais dont l'humour et l'ironie, cela dit, ne sont pas loin. Le spectateur est happé très rapidement par cet être perdu que les choses sombres pourtant ne semblent pas déranger plus que ça. Et ce, très vite, dès le début de la pièce.
Le cri d'amour qu'il porte à sa mère ne peut laisser le public indifférent.
C'est poignant et subtilement interprété.
© DR.
"Qui va là" est une pièce construite aussi sur un jeu de miroirs et une mise en abîme auxquels le spectateur sera rapidement sensibilisé pour peu qu'il se détache un instant du plateau et de la salle de théâtre car, comme Alexandre qui est la rue, Thierry, lui, et de nombreux comédiens l'ont été aussi plusieurs mois, corps et âmes.
À la rue ou confinés, finalement quelle est la différence ?
Il y a une intelligence dense et centrée dans cette pièce, une grande intelligence qui fait d'elle une magnifique allégorie de l'absence, de l'abandon, du manque.
Le manque de la culture (le public ne vient pas et le comédien devant jouer semble avoir disparu).
Le manque de la mère, absente et présente à la fois qui touche le spectateur au plus profond de son être.
La pièce oscille entre une nostalgie vivifiante qui emporte le spectateur grâce à l'interprétation époustouflante du comédien et un réalisme métaphorique tout en subtilité.
La mise en scène est sobre et sans artifices, car le texte se suffit à lui-même. Ce texte qui nous confronte aussi et surtout à ce que nous ne voulons pas voir comme tous ces SDF dans nos rues que nous croisons si souvent et qui nous ramènent à nos propres peurs.
"Qui va là" est une pièce qui constitue un grand moment de théâtre intime et collectif à la fois.
Elle se rejouera lors du festival d'Avignon. À ne rater sous aucun prétexte, car les portes des théâtres seront bel et bien grandes ouvertes.
À la rue ou confinés, finalement quelle est la différence ?
Il y a une intelligence dense et centrée dans cette pièce, une grande intelligence qui fait d'elle une magnifique allégorie de l'absence, de l'abandon, du manque.
Le manque de la culture (le public ne vient pas et le comédien devant jouer semble avoir disparu).
Le manque de la mère, absente et présente à la fois qui touche le spectateur au plus profond de son être.
La pièce oscille entre une nostalgie vivifiante qui emporte le spectateur grâce à l'interprétation époustouflante du comédien et un réalisme métaphorique tout en subtilité.
La mise en scène est sobre et sans artifices, car le texte se suffit à lui-même. Ce texte qui nous confronte aussi et surtout à ce que nous ne voulons pas voir comme tous ces SDF dans nos rues que nous croisons si souvent et qui nous ramènent à nos propres peurs.
"Qui va là" est une pièce qui constitue un grand moment de théâtre intime et collectif à la fois.
Elle se rejouera lors du festival d'Avignon. À ne rater sous aucun prétexte, car les portes des théâtres seront bel et bien grandes ouvertes.
"Qui va là"
© DR.
D'après d'Emmanuel Darley (aux Éditions Actes Sud, 2020).
Adaptation et mise en scène : Collectif Ah le Zèbre !
Avec : Thierry de Pina.
Duré : 1 h.
La pièce s'est jouée du 25 novembre au 17 décembre 2021 au Théo Théâtre, Paris 15e.
Le 15 janvier à 20 h 30 à la Maison de la Poésie à Avignon (84).
Puis au Festival Off d'Avignon en juillet 2022.
Adaptation et mise en scène : Collectif Ah le Zèbre !
Avec : Thierry de Pina.
Duré : 1 h.
La pièce s'est jouée du 25 novembre au 17 décembre 2021 au Théo Théâtre, Paris 15e.
Le 15 janvier à 20 h 30 à la Maison de la Poésie à Avignon (84).
Puis au Festival Off d'Avignon en juillet 2022.