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"Press"… Un spectacle étonnant, presque étouffant, fait d’équilibres et de déséquilibres

"Press", Théâtre du Rond-Point, Paris (Future rubrique "Les Temps Dansent")

Rigal, seul sur scène, déploie un jeu où équilibre et déséquilibre se donnent la répartie. Dans une série d’enchaînements et de basculements, son personnage lutte pour gagner sa liberté contre un espace d’oppression et de déperdition.



© Frédéric Stoll.
Sur scène, une pièce, presque une cave, dans laquelle une chaise et une lumière rouge articulée par un bras font office de décor. Un homme (Rigal), en costume noir, est debout. Les premiers instants laissent apparaître une fixité presque machinale dans les mouvements. Le personnage essaie d’exister dans un espace avec, pour seul appui, une chaise et, pour seul repère, une lumière qui le dispose ou l’indispose.

Ancien athlète, spécialiste du 400 m et 400 m haies, Rigal déploie avec énergie des enchaînements de mouvements rapides, vifs ou lents entre équilibres et déséquilibres. Il recherche ce point ultime où l’équilibre bascule dans le déséquilibre, où la recherche d’un équilibre devient la réalité du déséquilibre.

© Frédéric Stoll.
Les mouvements, automatiques au début, deviennent plus souples au fil du spectacle sans qu’aucune ondulation ne gagne le corps du personnage. Bras, jambes, tête font corps avec l’espace en touchant sol et plafond. Rigal joue des membres dans une série de basculements originaux. Le jeu se fait aussi par le biais d’un comique de situation presque ubuesque dans laquelle Rigal attend, avec impatience, le pied tapotant le plafond alors que la tête est contre le sol. Tout est à l’envers et décalé.

Et puis, il y a ce corps qui cherche un espace de vie quand tout se réduit alentour. L’espace s’amenuise en hauteur au fil du spectacle. Le plafond descend comme pour enterrer un peu plus le personnage sur un fond sonore donnant une atmosphère étrange.

© Frédéric Stoll.
La pièce, lieu d’existence au début, devient pressoir pour finir par écraser notre personnage. Le corps est démantibulé, comme perdant sa cohérence organique dans un espace qui se réduit de plus en plus. L’envers devient l’endroit. Le sol devient plafond. Seuls les murs gardent leur cohérence comme pour mieux emmurer notre personnage. La perte de repère devient une perte d’identité.

Le spectacle peut être aussi plaisant à regarder que déplaisant car les mouvements d’équilibre aux limites du déséquilibre rendent celui-ci aussi étrange que décalé, aussi énigmatique que baigné de clarté. C’est un univers où la sonorité n’est mélodieuse que par intermittence. Le verbe a foutu le camp, seul le corps parle et devient médiateur entre un homme et son monde oppressant, un homme qui essaie de goûter les limites d’un espace de vie qui devient lieu de déperdition. À la fois original et très énigmatique.

"Press"

De Pierre Rigal.
Conception, chorégraphie, mise en scène : Pierre Rigal.
Avec : Pierre Rigal.
Compagnie Dernière minute.

À été joué du 15 octobre au 18 novembre 2012.
Dans le cadre de "Rigal dans tous les sens", Pierre Rigal présente trois autres spectacles.
"Théâtre des opérations", du 22 au 25 novembre 2012 à 18 h 30, le dimanche à 15 h et 18 h 30.
"Micro", du 13 au 17 novembre puis du 27 novembre au 1er décembre 2012 à 18 h 30.
"Arrêts de jeu", du 20 au 24 novembre 2012 à 21 h.
Théâtre du Rond-Point, Paris 8e, 01 44 95 98 21.
>> theatredurondpoint.fr

Safidine Alouache
Mardi 20 Novembre 2012
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