© Stéphane Gaillochon.
Et puis, l'histoire s'écrit petit à petit autour de cette silhouette, sous la plume virevoltante d'un groupe de cinq amis(es) qui se connaissent depuis dix ans, le Collectif Mind the Gap, créatrices et créateurs toujours complices, même quand les doutes et les épreuves surgissent.
"Pour que l'année soit bonne et la terre fertile" voit le jour non sans bon nombre de questionnements créatifs comme celui des "limites tangibles des brosses à cheveux ou de la manière potentielle d'évoquer la nature sur un plateau de théâtre tout en se rendant compte que la nature n'existe pas sur un plateau de théâtre, et peut-être même tout court, en fait !"
Il en est ainsi, parfois, voire très souvent, de l'acte créatif en gestation. Il est là, bien présent, presque obsédant, avec ses interrogations, ses doutes, ses rebondissements, ses espoirs, et son éternelle question : quel sera le résultat ? Non sans, malgré tout, conserver chevillée au corps la joie d'y croire, et de partager une expérience. Qu'on soit seul.e ou à plusieurs.
De toute évidence, le Collectif Mind the Gap, constitué de cinq artistes qui se sont rencontrés sur les bancs du Conservatoire d'Orléans, a dû passer cette fois-ci par de nombreux méandres aux allures "Maxi-monstrueuses" et il est fort probable que les Dolipranes et autres aspirines ont dû être nécessaires pour ces cinq compères et leurs complices de plateau.
"Pour que l'année soit bonne et la terre fertile" voit le jour non sans bon nombre de questionnements créatifs comme celui des "limites tangibles des brosses à cheveux ou de la manière potentielle d'évoquer la nature sur un plateau de théâtre tout en se rendant compte que la nature n'existe pas sur un plateau de théâtre, et peut-être même tout court, en fait !"
Il en est ainsi, parfois, voire très souvent, de l'acte créatif en gestation. Il est là, bien présent, presque obsédant, avec ses interrogations, ses doutes, ses rebondissements, ses espoirs, et son éternelle question : quel sera le résultat ? Non sans, malgré tout, conserver chevillée au corps la joie d'y croire, et de partager une expérience. Qu'on soit seul.e ou à plusieurs.
De toute évidence, le Collectif Mind the Gap, constitué de cinq artistes qui se sont rencontrés sur les bancs du Conservatoire d'Orléans, a dû passer cette fois-ci par de nombreux méandres aux allures "Maxi-monstrueuses" et il est fort probable que les Dolipranes et autres aspirines ont dû être nécessaires pour ces cinq compères et leurs complices de plateau.
© Stéphane Gaillochon.
Ce Collectif n'en est pourtant pas à ses débuts. "Tonnerre (dans un ciel sans nuages)", en 2015, s'est produit à Tours et y a reçu les honneurs du Wet, Festival dédié aux compagnies émergentes. Le Festival Impatiences, en 2022, l'a accueilli aussi avec "J'aurais mieux fait d'utiliser une hache", une déconstruction théâtrale et ludique des films d'épouvante.
Ici, dans ce nouveau spectacle au titre encore une fois énigmatique, les cinq artistes compères excellent d'emblée dans leur rôle respectif. Mais le spectacle a-t-il réellement démarré ? Ils s'adressent au public de manière tragique et déstabilisante en annonçant que la représentation ne peut pas avoir lieu ! Le jeu des deux comédiens et des trois comédiennes est exceptionnel de vérité ! On y croit ! On s'apprête à quitter la salle. Certains spectateurs en sont à deux doigts. On évoque plusieurs raisons. On sourit à l'évocation de celles-ci (punaises de lit dans la salle, mort subite d'un partenaire, accident). Effet miroir ? Théâtre dans le théâtre ?
Puis l'évocation de la découverte du monstre poilu est abordée de manière bien huilée et fluide, laissant toujours les spectatrices et les spectateurs dans le doute le plus total. Le coup de cœur pour ce costume improbable a bien eu lieu, à telle enseigne que quatre autres ont été réalisés.
"C'est l'histoire d'un groupe qui voulait se transformer pour changer sa vision du monde (...), qui voulait se connecter au Vivant, mais qui doit le faire avec des perruques en fibres synthétiques achetées en Chine. C'est l'histoire d'un projet chevelu et ébouriffé aux créatures qui ont pris le dessus sur leurs créateurs et qui les ont fait suffoquer. C'est l'histoire d'un groupe qui voulait faire le show, mais qui a eu trop chaud".
Cette idée de départ, à la dramaturgie sensible et subtile, est ingénieuse et évoque plus largement la notion du vivre-ensemble avec tout ce que cela implique. Et si les monstres poilus dans lesquels les artistes avaient pour projet de cacher pour en extraire un message clair et limpide, n'étaient en vérité qu'une remarquable leçon d'humanité ?
"Pour que l'année soit bonne et la terre fertile, s'interroge sur notre place sur la planète Terre, propre sur elle, bien présente depuis des millénaires, visible, trop visible peut-être, et se questionne sur "le reste", les autres sans visage, ceux qui interpellent par leurs différences, ceux qui sont peut-être là, quelque part dans l'Univers, ceux que nous ne connaissons pas pour la simple raison qu'on ne sait pas ce qu'ils ressentent ni ce qu'ils veulent.
Sur la nécessité urgente du regard écologique aussi.
Les longues lianes de laine qui sortent des vêtements de certains comédiens sont un peu comme des fils d'Ariane qui nous permettront, un jour, de sortir du labyrinthe dans lequel l'espèce humaine s'est emmêlée elle-même. Les monstres, sur scène, sont esthétiquement beaux. Beaux comme le processus créatif, sans lequel l'humanité n'est rien.
On a juste envie de monter sur scène, de nous blottir dans la forêt de leur duvet poilu, de nous dissimuler dans leurs franges envahissantes, et de danser avec eux. Pas pour disparaître, non ! Mais pour tenter de mieux nous comprendre. Entrer dans la grotte broussailleuse de Platon et réfléchir. À l'image de Thomas, Julia, Anthony, Coline et Solenn.
◙ Brigitte Corrigou
Vu le mercredi 20 novembre 2024 au Théâtre de Vanves (92).
Ici, dans ce nouveau spectacle au titre encore une fois énigmatique, les cinq artistes compères excellent d'emblée dans leur rôle respectif. Mais le spectacle a-t-il réellement démarré ? Ils s'adressent au public de manière tragique et déstabilisante en annonçant que la représentation ne peut pas avoir lieu ! Le jeu des deux comédiens et des trois comédiennes est exceptionnel de vérité ! On y croit ! On s'apprête à quitter la salle. Certains spectateurs en sont à deux doigts. On évoque plusieurs raisons. On sourit à l'évocation de celles-ci (punaises de lit dans la salle, mort subite d'un partenaire, accident). Effet miroir ? Théâtre dans le théâtre ?
Puis l'évocation de la découverte du monstre poilu est abordée de manière bien huilée et fluide, laissant toujours les spectatrices et les spectateurs dans le doute le plus total. Le coup de cœur pour ce costume improbable a bien eu lieu, à telle enseigne que quatre autres ont été réalisés.
"C'est l'histoire d'un groupe qui voulait se transformer pour changer sa vision du monde (...), qui voulait se connecter au Vivant, mais qui doit le faire avec des perruques en fibres synthétiques achetées en Chine. C'est l'histoire d'un projet chevelu et ébouriffé aux créatures qui ont pris le dessus sur leurs créateurs et qui les ont fait suffoquer. C'est l'histoire d'un groupe qui voulait faire le show, mais qui a eu trop chaud".
Cette idée de départ, à la dramaturgie sensible et subtile, est ingénieuse et évoque plus largement la notion du vivre-ensemble avec tout ce que cela implique. Et si les monstres poilus dans lesquels les artistes avaient pour projet de cacher pour en extraire un message clair et limpide, n'étaient en vérité qu'une remarquable leçon d'humanité ?
"Pour que l'année soit bonne et la terre fertile, s'interroge sur notre place sur la planète Terre, propre sur elle, bien présente depuis des millénaires, visible, trop visible peut-être, et se questionne sur "le reste", les autres sans visage, ceux qui interpellent par leurs différences, ceux qui sont peut-être là, quelque part dans l'Univers, ceux que nous ne connaissons pas pour la simple raison qu'on ne sait pas ce qu'ils ressentent ni ce qu'ils veulent.
Sur la nécessité urgente du regard écologique aussi.
Les longues lianes de laine qui sortent des vêtements de certains comédiens sont un peu comme des fils d'Ariane qui nous permettront, un jour, de sortir du labyrinthe dans lequel l'espèce humaine s'est emmêlée elle-même. Les monstres, sur scène, sont esthétiquement beaux. Beaux comme le processus créatif, sans lequel l'humanité n'est rien.
On a juste envie de monter sur scène, de nous blottir dans la forêt de leur duvet poilu, de nous dissimuler dans leurs franges envahissantes, et de danser avec eux. Pas pour disparaître, non ! Mais pour tenter de mieux nous comprendre. Entrer dans la grotte broussailleuse de Platon et réfléchir. À l'image de Thomas, Julia, Anthony, Coline et Solenn.
◙ Brigitte Corrigou
Vu le mercredi 20 novembre 2024 au Théâtre de Vanves (92).
"Pour que l'année soit bonne et la terre fertile"
© Stéphane Gaillochon.
Mise en scène : Solenn Louër, Julia De Reyke, Anthony Lozano, Coline Pilet, Thomas Cabel.
Avec : Solenn Louër, Julia De Reyke, Anthony Lozano, Coline Pilet, Thomas Cabel.
Dramaturgie : Léa Tarral.
Scénographie : Clémence Delille.
Création son : Estelle Lambert.
Création lumières : Théo Tisseuil.
Regard chorégraphique : Flora Pilet.
Créatrice costumes : Karine Marquès Ferreira.
Couturières costumes : Clara Signoud, Flore Chrétien, Melody Desbrueres, Solenn Louër.
Régie générale : Paul Cabel.
Par le Collectif Mind the Gap.
À partir de 10 ans.
Durée : 1 h 15.
Ce spectacle s'est joué au CDN de Tours les 7 et 9 novembre 2024 et au Théâtre de Vanves (92) les 19 et 20 novembre 2024.
Du 26 novembre au 6 décembre 2024.
Du lundi au vendredi à 20 h, samedi à 18 h.
Théâtre 13 - Bibliothèque, Paris 13ᵉ, 01 45 88 62 22.
>> https://theatre13.com/
Tournée
10 décembre 2024 : Halle aux Grains - Scène nationale, Blois (41).
Du 14 au 17 janvier 2025 : Centre Dramatique National, Orléans (45).
Avec : Solenn Louër, Julia De Reyke, Anthony Lozano, Coline Pilet, Thomas Cabel.
Dramaturgie : Léa Tarral.
Scénographie : Clémence Delille.
Création son : Estelle Lambert.
Création lumières : Théo Tisseuil.
Regard chorégraphique : Flora Pilet.
Créatrice costumes : Karine Marquès Ferreira.
Couturières costumes : Clara Signoud, Flore Chrétien, Melody Desbrueres, Solenn Louër.
Régie générale : Paul Cabel.
Par le Collectif Mind the Gap.
À partir de 10 ans.
Durée : 1 h 15.
Ce spectacle s'est joué au CDN de Tours les 7 et 9 novembre 2024 et au Théâtre de Vanves (92) les 19 et 20 novembre 2024.
Du 26 novembre au 6 décembre 2024.
Du lundi au vendredi à 20 h, samedi à 18 h.
Théâtre 13 - Bibliothèque, Paris 13ᵉ, 01 45 88 62 22.
>> https://theatre13.com/
Tournée
10 décembre 2024 : Halle aux Grains - Scène nationale, Blois (41).
Du 14 au 17 janvier 2025 : Centre Dramatique National, Orléans (45).