© HeeKyung Lee.
L'expression "être sous le charme" retrouve son sens étymologique dans cette nouvelle proposition hautement artistique, projetant dans une époque futuriste deux des plus célèbres personnages nés de l'imaginaire flamboyant du maître de Stratford-upon-Avon…. À plus de quatre cents années de distance (la première représentation date de 1597), immergés dans une scénographie aussi minimaliste qu'éclatante des couleurs inspirées par la tradition du "Pays du matin calme", nous redécouvrons Juliette et Roméo, éternellement vivants, prêts à rejouer devant nous le jeu cruel de l'amour et de la mort.
Un plateau tendu d'un jaune soleil levant, peuplé de danseurs acteurs parés de couleurs resplendissantes, bleu pour les hommes, rouge pour les femmes, tant, en cet âge futuriste, les sexes ne se mélangent pas… Alignés en bordure du tatami théâtral, de part et d'autre d'un musicien jouant en live, les protagonistes parés de leurs costumes design haute-couture s'apprêtent à entrer en jeu pour rejouer le combat qui oppose depuis des siècles et des siècles deux familles de Vérone, Les Capulet et les Montaigu.
Un plateau tendu d'un jaune soleil levant, peuplé de danseurs acteurs parés de couleurs resplendissantes, bleu pour les hommes, rouge pour les femmes, tant, en cet âge futuriste, les sexes ne se mélangent pas… Alignés en bordure du tatami théâtral, de part et d'autre d'un musicien jouant en live, les protagonistes parés de leurs costumes design haute-couture s'apprêtent à entrer en jeu pour rejouer le combat qui oppose depuis des siècles et des siècles deux familles de Vérone, Les Capulet et les Montaigu.
© HeeKyung Lee.
En ouverture, une chorégraphie somptueuse à la facture très contemporaine voit s'opposer frontalement la rangée des hommes, les Montaigu de Roméo, à celle des femmes, Les Capulet de Juliette. Des noms d'oiseau fusent de part et d'autres, contrastant avec la tenue des corps engagés dans des battles réglés au millimètre, et inscrivant ainsi délibérément l'intrigue dans une proximité vivante. Dans le même dessein, l'emploi de mots crus sera repris par la suite.
Des rivalités chorales orchestrées chorégraphiquement dans des joutes rendues encore plus captivantes par la vêture des protagonistes les magnifiant, aux solos du couple maudit touché par la grâce du coup de foudre, tout est prétexte à livrer de saisissants tableaux picturaux propres à refléter l'intensité de ce qui se joue. Quant au chœur qui se forme selon les aléas de l'action, il est fidèle à sa fonction, offrir une caisse de résonance aux mouvements de l'âme pour les réfléchir tel un miroir bienveillant.
Des tourments de Roméo pour Rosaline qu'il oubliera vite, à la ferveur qui s'empare de lui à la vue de Juliette, les élans du plus célèbre des Montaigu se heurtant à la famille des Capulet ayant destiné leur fille, la belle Juliette, à l'un de leur clan, tout sera l'objet d'un traitement dramaturgique entièrement inscrit dans une mise en jeu lumineuse où chaque détail est pensé comme la touche d'un peintre. D'ailleurs, selon une confidence, Alain Timar aurait pris le soin de réaliser auparavant, pour plusieurs scènes, des aquarelles…
Des rivalités chorales orchestrées chorégraphiquement dans des joutes rendues encore plus captivantes par la vêture des protagonistes les magnifiant, aux solos du couple maudit touché par la grâce du coup de foudre, tout est prétexte à livrer de saisissants tableaux picturaux propres à refléter l'intensité de ce qui se joue. Quant au chœur qui se forme selon les aléas de l'action, il est fidèle à sa fonction, offrir une caisse de résonance aux mouvements de l'âme pour les réfléchir tel un miroir bienveillant.
Des tourments de Roméo pour Rosaline qu'il oubliera vite, à la ferveur qui s'empare de lui à la vue de Juliette, les élans du plus célèbre des Montaigu se heurtant à la famille des Capulet ayant destiné leur fille, la belle Juliette, à l'un de leur clan, tout sera l'objet d'un traitement dramaturgique entièrement inscrit dans une mise en jeu lumineuse où chaque détail est pensé comme la touche d'un peintre. D'ailleurs, selon une confidence, Alain Timar aurait pris le soin de réaliser auparavant, pour plusieurs scènes, des aquarelles…
© HeeKyung Lee.
Les amants jouent du malheur propre aux héros romantiques, le fatum semblant depuis leur naissance les poursuivre… Pourquoi sont-ils nés dans deux familles hostiles de Vérone ? Pourquoi, en voulant protéger son fidèle ami, Roméo le tue-t-il malencontreusement avant de passer par le fil de l'épée Tybalt, son agresseur, un Capulet cousin de Juliette, ce qui signe son arrêt de mort. Et le Chœur de renchérir : "Roméo l'a tué ! Roméo a tué Tybalt… Il doit mourir". Finalement, l'exil sera sa peine. Mais avant de s'éloigner, jurant à Juliette qu'ils se retrouveraient, le metteur en scène les fait se rencontrer une dernière fois – elle au sol, lui penché au-dessus d'elle – dans une scène brûlante, où le baiser échangé renvoie à celui dit de "L'hôtel de ville" de Robert Doisneau, les couleurs charnelles en plus.
Un destin qui s'acharne… Comme les histoires d'amour finissent mal en général, et là en particulier, le stratagème inventé pour que Juliette, prétendument empoisonnée, puisse échapper à l'union avec le Capulet que sa famille lui impose – "La mort a couché avec Juliette juste avant son mariage" – se retournera finalement contre les amants.
Un destin qui s'acharne… Comme les histoires d'amour finissent mal en général, et là en particulier, le stratagème inventé pour que Juliette, prétendument empoisonnée, puisse échapper à l'union avec le Capulet que sa famille lui impose – "La mort a couché avec Juliette juste avant son mariage" – se retournera finalement contre les amants.
© HeeKyung Lee.
Et ce, jusqu'à l'ultime scène où Capulet et Montaigu, assis en tailleur autour du tatami théâtral – et nous avec eux comme dans une mise en abyme précédant la descente au tombeau –, s'apprêtent à assister à l'épiphanie posthume (saisissante là encore de beauté sculpturale), avant de se lever pour disparaitre un à un dans les coulisses de l'histoire.
La puissance de cette forme théâtrale réside sans nul doute dans sa représentation plastique que l'on doit à l'œil à nul autre pareil de son metteur en scène et dans son interprétation par une troupe coréenne rompue aux arts de la scène. Si bien que cette pièce faisant partie du patrimoine de l'humanité, ayant inspiré des générations de metteurs en scène, se redécouvre parée de couleurs nouvelles propres à nous "ravir". C'est là, dans cet effet de surprise, lié au vacillement de la conscience confrontée à la beauté plastique ouvrant vers tous les possibles, que se joue notre "ravissement" (au sens où l'entendait Marguerite Duras dans "Le Ravissement de Lol V. Stein").
◙ Yves Kafka
Vu le vendredi 12 juillet 2024 dans la Salle du Chapitre du Théâtre des Halles d'Avignon.
La puissance de cette forme théâtrale réside sans nul doute dans sa représentation plastique que l'on doit à l'œil à nul autre pareil de son metteur en scène et dans son interprétation par une troupe coréenne rompue aux arts de la scène. Si bien que cette pièce faisant partie du patrimoine de l'humanité, ayant inspiré des générations de metteurs en scène, se redécouvre parée de couleurs nouvelles propres à nous "ravir". C'est là, dans cet effet de surprise, lié au vacillement de la conscience confrontée à la beauté plastique ouvrant vers tous les possibles, que se joue notre "ravissement" (au sens où l'entendait Marguerite Duras dans "Le Ravissement de Lol V. Stein").
◙ Yves Kafka
Vu le vendredi 12 juillet 2024 dans la Salle du Chapitre du Théâtre des Halles d'Avignon.
"Roméo et Juliette"
© HeeKyung Lee.
Spectacle en coréen surtitré en français.
Texte, William Shakespeare.
Adaptation, traduction : Alain Timár.
Mise en scène, scénographie : Alain Timár.
Dramaturgie, mise en scène associée, traduction coréenne : Junho Choe.
Avec : Jaeha Hwang, Hyun Jang, Minwoo Jeong, Junhyeong Ji, Yuran Jwa, Sewon Kim, Yebin Lee, Taewoong Mun, Seoyeong Na, Chaewon Park, Sanghun Park, Habin Song, Hyunbin Song, Naeun Yang.
Musique sur scène : Youngsuk Choi.
Costumes : Jinhee Lee.
Maquillage : Dongmin Lee.
Chorégraphie : Hyuk Kwon.
Lumière, vidéo : Yein Kim.
Décor : Seojeong Lim.
Régie : Soyeon Choi, Seon Kim, Yoojung Kim, Junmin Lee
Par l'Université nationale des Arts de Corée (K'ARTS - Korea National University of Arts, Seoul).
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 50.
•Avignon Off 2024•
A été représenté du 4 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 21 h 30. Relâche le mercredi.
Théâtre des Halles, Salle du Chapitre, rue du Roi René, Avignon.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com
Texte, William Shakespeare.
Adaptation, traduction : Alain Timár.
Mise en scène, scénographie : Alain Timár.
Dramaturgie, mise en scène associée, traduction coréenne : Junho Choe.
Avec : Jaeha Hwang, Hyun Jang, Minwoo Jeong, Junhyeong Ji, Yuran Jwa, Sewon Kim, Yebin Lee, Taewoong Mun, Seoyeong Na, Chaewon Park, Sanghun Park, Habin Song, Hyunbin Song, Naeun Yang.
Musique sur scène : Youngsuk Choi.
Costumes : Jinhee Lee.
Maquillage : Dongmin Lee.
Chorégraphie : Hyuk Kwon.
Lumière, vidéo : Yein Kim.
Décor : Seojeong Lim.
Régie : Soyeon Choi, Seon Kim, Yoojung Kim, Junmin Lee
Par l'Université nationale des Arts de Corée (K'ARTS - Korea National University of Arts, Seoul).
À partir de 14 ans.
Durée : 1 h 50.
•Avignon Off 2024•
A été représenté du 4 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 21 h 30. Relâche le mercredi.
Théâtre des Halles, Salle du Chapitre, rue du Roi René, Avignon.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com
© HeeKyung Lee.
© HeeKyung Lee.