© Philippe Laurent.
S'attaquer à l'un des fleurons de la littérature française, considéré comme "Le" premier roman réaliste, était à nos yeux un pari audacieux. De toute évidence, ce roman de Flaubert paru en 1857, qui fut attaqué par les procureurs du Second Empire pour immoralité et obscénité, et qui a fait scandale, ont de toute évidence grandement marqué les deux comédiennes autrices et interprètes de la pièce.
"Nous sommes des générations de lycéens forçats qui se sont farcies "Madame Bovary" sous la contrainte, alors, nous, pauvres folles, on l'a relu vingt ans plus tard". En ce qui nous concerne, ce roman, nous l'avons enseigné de longues années, et contrairement à Camille et Marion, ce ne fut jamais un pensum que de le faire ! Loin de là… Mais là n'est pas le propos de cet article… De ce fait, nous appréhendions quelque peu cette revisite théâtrale du roman. Avouons-le !
Ce pari, les deux comédiennes en rêvaient secrètement depuis longtemps. Il est possible que ce soit ce temps de maturité qui ait œuvré en leur faveur, car le résultat sur scène est très convaincant. Faire d'un classique de la littérature, et non des moindres, une pièce de théâtre, aurait pu s'avérer bien risqué, au risque de nous répéter !
Évoquer le long processus de fabrication du roman par Gustave Flaubert, sans aucun moment de faiblesse ni d'ennui, relève véritablement d'une prouesse. Nous aurions bien aimé avoir autant de talent, lors de nos années d'enseignement, afin de jeter sur cet ouvrage monumental un tel regard si juste et si pertinent.
"Nous sommes des générations de lycéens forçats qui se sont farcies "Madame Bovary" sous la contrainte, alors, nous, pauvres folles, on l'a relu vingt ans plus tard". En ce qui nous concerne, ce roman, nous l'avons enseigné de longues années, et contrairement à Camille et Marion, ce ne fut jamais un pensum que de le faire ! Loin de là… Mais là n'est pas le propos de cet article… De ce fait, nous appréhendions quelque peu cette revisite théâtrale du roman. Avouons-le !
Ce pari, les deux comédiennes en rêvaient secrètement depuis longtemps. Il est possible que ce soit ce temps de maturité qui ait œuvré en leur faveur, car le résultat sur scène est très convaincant. Faire d'un classique de la littérature, et non des moindres, une pièce de théâtre, aurait pu s'avérer bien risqué, au risque de nous répéter !
Évoquer le long processus de fabrication du roman par Gustave Flaubert, sans aucun moment de faiblesse ni d'ennui, relève véritablement d'une prouesse. Nous aurions bien aimé avoir autant de talent, lors de nos années d'enseignement, afin de jeter sur cet ouvrage monumental un tel regard si juste et si pertinent.
© Philippe Laurent.
L'académisme de l'ouvrage, qui a quand même, rappelons-le, donné naissance à la théorie du "bovarysme", est revisité ici de manière virevoltante et très efficace et, à aucun moment, le public ne s'ennuie, contrairement à son héroïne, et, tout d'un coup, cette dernière nous paraît moins insupportable et plus attachante ! Avoir enseigné, avec conviction et plaisir, ce roman aux futurs bacheliers, ne nous a pas empêchée de ne pas être en phase totale avec les agissements de ce célèbre personnage, comme son suicide, par exemple.
Il fallait y penser, quand même : adapter ce roman au théâtre ! La mise en scène épurée laisse une grande place au jeu des deux comédiennes qui ont su choisir, selon nous, avec espièglerie, humour et justesse, les scènes essentielles du roman. Le dosage est pertinent, car il aurait pu en être autrement. Emma, Charles, Rodolphe revivent sous nos yeux de façon très moderne, notamment grâce à la mise en scène d'Edward Decesari qui a fait le choix d'introduire des chorégraphies originales.
Le duo "Marion Pouvreau Camille Broquet" fonctionne très bien et il a su mettre en exergue un certain regard féminin sur l'ouvrage, sans se targuer de visions féministes revendicatrices ni trop ostentatoires. Encore une fois, l'ensemble revisité de cette œuvre intemporelle est agencé de manière intelligemment décalée et vraiment virtuose. On y découvre particulièrement que la manière de vivre au XIXe siècle n'est pas si éloignée de la nôtre… Les thèmes de la famille, du couple, de la maladie ou encore de la mort, ou sans doute de manière plus inquiétante de celui de la place de la femme encore aujourd'hui, sont brillamment convoqués et interprétés.
"Pour toi, celui qui a un doute : l'auteur, c'est Balzac ou Maupassant ? Pour toi qui as souffert à sa lecture. Pour toi, l'amoureux ou l'amoureuse de Flaubert qui tolère qu'on parle de lui avec humour. Pour toi qui liras Madame Bovary sur le Net, en te contentant de son résumé, ce spectacle est pour vous."
Camille Broquet et Marion Pouvreau se sont peut-être identifiées à certains moments de l'écriture de leur pièce à Charles, à Emma, à leur couple difficile, à l'amour aussi, mais leur processus créatif a œuvré avec une grande sensibilité.
"L'ennui interminable d'Emma Bovary a résonné en nous. La relecture du roman a été douloureuse parfois, drôle aussi, et nous nous sommes retrouvées par moments dans cette histoire. Nous avons grandi, et ce roman nous a purement et simplement absorbées".
Bien leur en a pris de grandir, car assister à cette relecture théâtrale du célèbre roman est un bien joli moment de théâtre, pétillant et savoureux, mêlant alternance de genres, semblant d'improvisation, doublage, rythme et humour absurde. Le tout bardé d'un talent notoire.
Il fallait y penser, quand même : adapter ce roman au théâtre ! La mise en scène épurée laisse une grande place au jeu des deux comédiennes qui ont su choisir, selon nous, avec espièglerie, humour et justesse, les scènes essentielles du roman. Le dosage est pertinent, car il aurait pu en être autrement. Emma, Charles, Rodolphe revivent sous nos yeux de façon très moderne, notamment grâce à la mise en scène d'Edward Decesari qui a fait le choix d'introduire des chorégraphies originales.
Le duo "Marion Pouvreau Camille Broquet" fonctionne très bien et il a su mettre en exergue un certain regard féminin sur l'ouvrage, sans se targuer de visions féministes revendicatrices ni trop ostentatoires. Encore une fois, l'ensemble revisité de cette œuvre intemporelle est agencé de manière intelligemment décalée et vraiment virtuose. On y découvre particulièrement que la manière de vivre au XIXe siècle n'est pas si éloignée de la nôtre… Les thèmes de la famille, du couple, de la maladie ou encore de la mort, ou sans doute de manière plus inquiétante de celui de la place de la femme encore aujourd'hui, sont brillamment convoqués et interprétés.
"Pour toi, celui qui a un doute : l'auteur, c'est Balzac ou Maupassant ? Pour toi qui as souffert à sa lecture. Pour toi, l'amoureux ou l'amoureuse de Flaubert qui tolère qu'on parle de lui avec humour. Pour toi qui liras Madame Bovary sur le Net, en te contentant de son résumé, ce spectacle est pour vous."
Camille Broquet et Marion Pouvreau se sont peut-être identifiées à certains moments de l'écriture de leur pièce à Charles, à Emma, à leur couple difficile, à l'amour aussi, mais leur processus créatif a œuvré avec une grande sensibilité.
"L'ennui interminable d'Emma Bovary a résonné en nous. La relecture du roman a été douloureuse parfois, drôle aussi, et nous nous sommes retrouvées par moments dans cette histoire. Nous avons grandi, et ce roman nous a purement et simplement absorbées".
Bien leur en a pris de grandir, car assister à cette relecture théâtrale du célèbre roman est un bien joli moment de théâtre, pétillant et savoureux, mêlant alternance de genres, semblant d'improvisation, doublage, rythme et humour absurde. Le tout bardé d'un talent notoire.
"Madame Bovary (en plus drôle et moins long)"
Classique revisité en duo humour.
Texte : Marion Pouvreau et Camille Broquet.
Mise en scène : Edward Decesari.
Avec : Camille Broquet et Marion Pouvreau.
Lumières : Simon Maulevrier.
Tout public à partir de 8 ans.
Par la Cie Le Monde au Balcon.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 3 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 11 h 30. Pas de relâche.
Théâtre des Corps-Saints, Salle 1, 76, place des Corps-Saints, Avignon.
Réservations : 04 84 51 25 75.
>> theatre-corps-saints-avignon.com
Tournée
25, 26 et 27 octobre 2024 : Story Board, Conflans-Sainte-Honorine (78).
Du 28 novembre au 7 décembre 2024 : Théâtre de Poche Graslin, Nantes (44).
29 et 29 janvier 2025 : Petit Manoir, Asnières-sur-Seine (92).
22 février 2024 : Le Dépôt, Gaillac (81).
4 avril 2025 : Théâtre Georges Brassens, Saint-Laurent-du-Var (06).
25 avril 2025 : Quai des Arts, Vibraye(72).
Texte : Marion Pouvreau et Camille Broquet.
Mise en scène : Edward Decesari.
Avec : Camille Broquet et Marion Pouvreau.
Lumières : Simon Maulevrier.
Tout public à partir de 8 ans.
Par la Cie Le Monde au Balcon.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2024•
Du 3 au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 11 h 30. Pas de relâche.
Théâtre des Corps-Saints, Salle 1, 76, place des Corps-Saints, Avignon.
Réservations : 04 84 51 25 75.
>> theatre-corps-saints-avignon.com
Tournée
25, 26 et 27 octobre 2024 : Story Board, Conflans-Sainte-Honorine (78).
Du 28 novembre au 7 décembre 2024 : Théâtre de Poche Graslin, Nantes (44).
29 et 29 janvier 2025 : Petit Manoir, Asnières-sur-Seine (92).
22 février 2024 : Le Dépôt, Gaillac (81).
4 avril 2025 : Théâtre Georges Brassens, Saint-Laurent-du-Var (06).
25 avril 2025 : Quai des Arts, Vibraye(72).