© Fabienne Rappeneau.
Portraitiste décalé et impertinent d'une Histoire de France ou de l'Humanité aux galbes pas toujours gracieux dont surgissent parfois les affres de notre condition humaine, Régis Vlachos, "Cabaret Louise" (Louise Michel), "Dieu est mort" (Dieu, mieux vaut en rire)"Little Boy" (nom de la bombe larguée sur Hiroshima), revient avec un nouveau spectacle (création 2023) inspiré d'un des plus grands scandales de notre histoire contemporaine : la Françafrique. Et qui d'autre que Jacques Chirac – l'homme qui faisait la bise aux dictateurs – pouvait être convoqué au "tribunal" du rire et de la fantaisie par l'auteur facétieux, mais doté d'une conscience politique aiguë, qu'est Régis Vlachos.
Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.
La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.
Le président disparu en 2019 fut un homme complexe composé du Chirac "bulldozer" en politique, menteur, magouilleur, et du Jacques, individu affable, charmeur, mettant autant la main au cul des vaches que des femmes. Celui-ci fut d'abord attiré le communisme pour ses idéaux pacifistes. Il vendra même L'Humanité-dimanche devant l'église Saint-Sulpice.
La diversité des personnalités importantes qui marquèrent le début de son chemin politique joue tout autant la complexité : Michel Rocard, André Malraux et, bien sûr, Georges Pompidou comme modèle, Marie-France Garaud, Pierre Juillet… et Dassault comme portefeuille ! Le tout agrémenté de nombre de symboles forts et de cafouillages désastreux : le bruit et l'odeur, la pomme, le cul des vaches, les vacances à l'île Maurice, les amitiés avec les despotes infréquentables, l'affaire ELF, etc.
© Fabienne Rappeneau.
Pour narrer le parcours de Jacques Chirac et de son passage/impact sur la 5ᵉ République, émerge sur la plume de l'auteur, soutenue, accentuée par la mise en scène de Marc Pistolesi, une farce irrévérencieuse où se met en place, côté scénographie, l'ingénieux et impressionnant dispositif vidéo créé par Cédric Cartaut, composé d'une douzaine d'écrans de différentes tailles pouvant diffuser en même temps le même extrait d'émissions télé ou être une mosaïque de différentes séquences audiovisuelles, images d'archives ou images fabriquées.
De ces dernières et d'une sérieuse recherche documentaire émanent les quelques phrases bien senties que Chirac a laissées à l'Histoire de France quelques phrases : "Je ne trompe pas ma femme, je me trompe de femme" ; (à propos de Margaret Thatcher) "Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ?" ; "Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou" ("Discours d'Orléans", 19 juin 1991) ; (en version anglaise approximative lors de sa visite en Israël en 1996, sermonnant le service de sécurité israélien) "What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? (…) This is not a method. This is provocation !".
De ces dernières et d'une sérieuse recherche documentaire émanent les quelques phrases bien senties que Chirac a laissées à l'Histoire de France quelques phrases : "Je ne trompe pas ma femme, je me trompe de femme" ; (à propos de Margaret Thatcher) "Mais qu'est-ce qu'elle me veut de plus cette mégère ? Mes couilles sur un plateau ?" ; "Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou" ("Discours d'Orléans", 19 juin 1991) ; (en version anglaise approximative lors de sa visite en Israël en 1996, sermonnant le service de sécurité israélien) "What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? (…) This is not a method. This is provocation !".
© Fabienne Rappeneau.
L'humour, le comique de situation, voire les notes burlesques, sont savamment dosés, subtilement distillés, ponctuant, tout au long du spectacle, les assertions, les thèses et autres révélations de l'auteur… qui, pour certaines, furent risibles à leur époque, mais n'en demeuraient pas moins dramatiques, voire côtoyant l'horreur, concernant notamment l'amitié avec nombre de dictateurs.
Parfois, et c'est là tout le talent de Régis Vlachos, Charlotte Zotto et Marc Pistolesi, certains événements sont traités en associant une forme d'élégance surannée et une dérision bon enfant, particulièrement la séquence de l'année que Jacques a passée aux États-Unis, sa rencontre et ses fiançailles avec une jeune fille de Caroline du Sud. Le traitement de cette période, à la fois dans le jeu de la comédienne et des deux comédiens, dans les costumes et le choix d'une gestuelle intelligemment chorégraphiée par Mathilde Ramade, n'est pas sans rappeler l'ambiance graphique des romans-photos des années soixante.
Charlotte Zotto, dans ses différents rôles, fait montre d'une énergie incroyable, embrassant les personnages – Florence l'américaine, Claude Chirac, Marie-France Garaud, une animatrice de jeux télévisés, etc – avec un égal enthousiasme artistique. D'une manière générale, les trois interprètes – Charlotte susnommée, Régis Vlachos et Marc Pistolesi (interprétant aussi plusieurs personnages, tant masculins que féminins, dont Bernadette) – expriment avec talent la force à la fois cocasse et tragique de chaque personnalité, avec parfois ce dessin corporel et caricatural propre à la BD.
Parfois, et c'est là tout le talent de Régis Vlachos, Charlotte Zotto et Marc Pistolesi, certains événements sont traités en associant une forme d'élégance surannée et une dérision bon enfant, particulièrement la séquence de l'année que Jacques a passée aux États-Unis, sa rencontre et ses fiançailles avec une jeune fille de Caroline du Sud. Le traitement de cette période, à la fois dans le jeu de la comédienne et des deux comédiens, dans les costumes et le choix d'une gestuelle intelligemment chorégraphiée par Mathilde Ramade, n'est pas sans rappeler l'ambiance graphique des romans-photos des années soixante.
Charlotte Zotto, dans ses différents rôles, fait montre d'une énergie incroyable, embrassant les personnages – Florence l'américaine, Claude Chirac, Marie-France Garaud, une animatrice de jeux télévisés, etc – avec un égal enthousiasme artistique. D'une manière générale, les trois interprètes – Charlotte susnommée, Régis Vlachos et Marc Pistolesi (interprétant aussi plusieurs personnages, tant masculins que féminins, dont Bernadette) – expriment avec talent la force à la fois cocasse et tragique de chaque personnalité, avec parfois ce dessin corporel et caricatural propre à la BD.
© Fabienne Rappeneau.
Quant à Régis Vlachos, il endosse à la perfection un Jacques doublé d'un Chirac à la fois charismatique, séducteur, ardent travailleur, parfois émouvant, laissant apparaître les fêlures générées par la non-réalisation de ses rêves de liberté. Donnant de temps en temps une densité dramatique au Jacques frustré, il réussit à incarner avec brio le Chirac de comédie, guignol politique qui marque néanmoins la cinquième république.
Auteur et comédien, créateur de la compagnie Le Grand Soir, après avoir joué plusieurs pièces emblématiques de Bertolt Brecht, Régis Vlachos nous nourrit d'un théâtre populaire – comme l'imaginait le dramaturge allemand – où l'on rit et l'on se divertit, dans une manière de pamphlet, sur des sujets cruciaux sur lesquels il est ou serait nécessaire de prendre parti.
◙ Gil Chauveau
* Référence à "Magouille blue" de François Béranger, chanson sortie en 1974.
Auteur et comédien, créateur de la compagnie Le Grand Soir, après avoir joué plusieurs pièces emblématiques de Bertolt Brecht, Régis Vlachos nous nourrit d'un théâtre populaire – comme l'imaginait le dramaturge allemand – où l'on rit et l'on se divertit, dans une manière de pamphlet, sur des sujets cruciaux sur lesquels il est ou serait nécessaire de prendre parti.
◙ Gil Chauveau
* Référence à "Magouille blue" de François Béranger, chanson sortie en 1974.
"Jacques et Chirac"
© Fabienne Rappeneau.
Auteur : Régis Vlachos.
Adaptation : Charlotte Zotto.
Mise en scène : Marc Pistolesi.
Avec : Régis Vlachos, Charlotte Zotto, Marc Pistolesi.
Décor : Jean-Marie Azeau.
Lumières : Thomas Rizzotti.
Costumes : Coline Faucon.
Chorégraphie : Mathilde Ramade.
Création son et vidéo : Cédric Cartaut.
Régie : Leïla Hamidaoui, Cédric Cartaut.
Part la Compagnie du Grand Soir.
Durée : 1 h 25.
•Avignon Off 2024•
Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 13 h 05. Relâche le lundi.
Théâtre La Luna, Salle 1, 1, rue Séverine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 96 28.
>> theatre-laluna.fr
Adaptation : Charlotte Zotto.
Mise en scène : Marc Pistolesi.
Avec : Régis Vlachos, Charlotte Zotto, Marc Pistolesi.
Décor : Jean-Marie Azeau.
Lumières : Thomas Rizzotti.
Costumes : Coline Faucon.
Chorégraphie : Mathilde Ramade.
Création son et vidéo : Cédric Cartaut.
Régie : Leïla Hamidaoui, Cédric Cartaut.
Part la Compagnie du Grand Soir.
Durée : 1 h 25.
•Avignon Off 2024•
Du 29 juin au 21 juillet 2024.
Tous les jours à 13 h 05. Relâche le lundi.
Théâtre La Luna, Salle 1, 1, rue Séverine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 96 28.
>> theatre-laluna.fr