© Serge Gutwirth.
Cette compagnie avignonnaise fut créée en 2017 par quatre membres fondateurs : Coline Agard (comédienne) Léa Guillec (Metteur en scène, comédienne), Baptiste Zsilina (marionnettiste, musicien, metteur en scène), Sarah Rieu (comédienne, costumière).
Rencontre avec Léa Guillec…
Quelle est l'essence de la Compagnie Deraïdenz ?
Dans nos créations, nous ne partons pas de sujet ou de thème, plutôt d'une nécessité.
Pour "Inkarné", c'est parti du rouge, d'une personne et son double, exactement pareil, avec obligatoirement Marion Gassin au plateau et voilà, on y va, quoi ! Ce qui fait que nous prenons des risques à chaque création et parce que la façon de raconter les choses est différente aussi pour chaque pièce. Celui-ci est notre seul spectacle chorégraphique. Le prochain est de la marionnette à fil, le seul aussi. Le spectacle "Les souffrances de Job" est une distribution tournante ; c'est le public qui vote pour qui joue à chaque représentation. Nous ne faisons pas cela pour montrer que nous réalisons une forme différente à chaque spectacle, il se trouve que c'est la forme qui s'impose à la pièce.
Rencontre avec Léa Guillec…
Quelle est l'essence de la Compagnie Deraïdenz ?
Dans nos créations, nous ne partons pas de sujet ou de thème, plutôt d'une nécessité.
Pour "Inkarné", c'est parti du rouge, d'une personne et son double, exactement pareil, avec obligatoirement Marion Gassin au plateau et voilà, on y va, quoi ! Ce qui fait que nous prenons des risques à chaque création et parce que la façon de raconter les choses est différente aussi pour chaque pièce. Celui-ci est notre seul spectacle chorégraphique. Le prochain est de la marionnette à fil, le seul aussi. Le spectacle "Les souffrances de Job" est une distribution tournante ; c'est le public qui vote pour qui joue à chaque représentation. Nous ne faisons pas cela pour montrer que nous réalisons une forme différente à chaque spectacle, il se trouve que c'est la forme qui s'impose à la pièce.
© Serge Gutwirth.
Il vous tient à cœur l'œuvre totale, qu'entends-tu par cela ?
Ce que je mets derrière la création totale est une forme d'écriture qui prend en compte tous les aspects d'un spectacle vivant, c'est-à-dire d'écrire ce qu'il se passe, pas forcément avec des mots. Ce peut être visuel et chorégraphique. Le fait d'écrire ce qui se passe sur scène, de penser et de construire la scénographie, de penser et de fabriquer les costumes, de penser et de construire les marionnettes, le langage propre à chaque spectacle, penser, composer et enregistrer la musique, et d'essayer, pour chaque pièce, d'être dans une composition d'univers qui concourt à la création totale et englobante.
Nous essayons d'aller aussi dans le sensible en sollicitant tous les sens du spectateur. D'entrer par les oreilles, par les yeux, par l'inconscient, par l'énergie, et même si ce n'est que par vagues et si ce n'est pas en continu. Parce que nous laissons, notamment dans "InKarnè", de gros espaces de respiration où les gens se racontent ce qu'ils veulent, ce n'est pas du "tout cuit".
Ce que je mets derrière la création totale est une forme d'écriture qui prend en compte tous les aspects d'un spectacle vivant, c'est-à-dire d'écrire ce qu'il se passe, pas forcément avec des mots. Ce peut être visuel et chorégraphique. Le fait d'écrire ce qui se passe sur scène, de penser et de construire la scénographie, de penser et de fabriquer les costumes, de penser et de construire les marionnettes, le langage propre à chaque spectacle, penser, composer et enregistrer la musique, et d'essayer, pour chaque pièce, d'être dans une composition d'univers qui concourt à la création totale et englobante.
Nous essayons d'aller aussi dans le sensible en sollicitant tous les sens du spectateur. D'entrer par les oreilles, par les yeux, par l'inconscient, par l'énergie, et même si ce n'est que par vagues et si ce n'est pas en continu. Parce que nous laissons, notamment dans "InKarnè", de gros espaces de respiration où les gens se racontent ce qu'ils veulent, ce n'est pas du "tout cuit".
© Serge Gutwirth.
In karné = "éprouver dans sa chair". Quels sont les messages que vous avez souhaité exprimer ?
C'est parti d'une nécessité de se rencontrer différemment avec Marion par un chemin de création jamais emprunté.
Il y eut beaucoup de temps où nous partions du néant. Le commencement fut chorégraphique. Je posais des sensations sur des petits papiers par terre. Marion était toujours en mouvement, elle devait découvrir les mots, les interpréter, s'en charger et passer à un autre mot. Nous avons beaucoup travaillé sur la transformation des émotions et comment faire circuler l'énergie. L'envie de parler de féminité sous toutes ses formes était prégnante aussi. Sans faire ni de catalogue ni de documentaire, mais d'évoquer les émotions traversées en tant que femme juste en creusant et en mettant des mots de plus en plus précis sur certaines choses.
Évidemment, en apparence, le plus simple, serait de dire que c'est un spectacle sur le double avec une danseuse… Ce double n'étant qu'un prétexte à parler de soi tout simplement et de ce qui s'opère lorsque nous sommes face à soi et face à son propre poids. Nous parlons aussi de corps parce que c'est dansé, mais c'est symbolique ; qu'est-ce que ça dit et qu'est-ce que ça donne ? La marionnette est légèrement plus âgée que Marion parce qu'on voulait évoquer aussi le lien générationnel, de la transmission et notamment celle relative à la féminité.
Ce lien nous charge de beaucoup d'amour, mais aussi de non-dits parce que souvent la féminité, d'une génération à l'autre, n'est pas abordée. Nous souhaitions aussi souligner des choses basiques comme la vie, la mort, l'accouchement, les sensations d'amitié, d'amour, de perdre pied aussi jusqu'à ne plus savoir qui nous sommes, où nous allons, jusqu'au dégoût du corps et qu'à ces instants il nous faut prendre le large, soit dans la tête, soit dans le corps. Des chemins de réconciliation sont alors à trouver dans ce cycle pour s'accompagner soi-même à être bien.
"InKarnè" : Tel un processus d'individuation ?
Oui, trouver sa place dans le monde mais d'abord en soi. Au début, ce personnage de pseudo ballerine est très beau, mais surfait. Il arrive tout de suite devant le public et est donc en construction par rapport aux autres. Il va très rapidement se déconstruire, se rouiller et sentir qu'il n'est pas à son bon endroit. Comprendre qu'il faille d'abord faire un chemin énorme dans le paysage de soi, de son intériorité. Nous ne nous rendons pas toujours compte que nous allons mal. C'est souvent un élément extérieur, quelqu'un ou nous-mêmes qui nous fait réaliser que… Une fois que nous sommes réconciliés avec soi, c'est beaucoup plus facile de retourner vers l'autre.
C'est parti d'une nécessité de se rencontrer différemment avec Marion par un chemin de création jamais emprunté.
Il y eut beaucoup de temps où nous partions du néant. Le commencement fut chorégraphique. Je posais des sensations sur des petits papiers par terre. Marion était toujours en mouvement, elle devait découvrir les mots, les interpréter, s'en charger et passer à un autre mot. Nous avons beaucoup travaillé sur la transformation des émotions et comment faire circuler l'énergie. L'envie de parler de féminité sous toutes ses formes était prégnante aussi. Sans faire ni de catalogue ni de documentaire, mais d'évoquer les émotions traversées en tant que femme juste en creusant et en mettant des mots de plus en plus précis sur certaines choses.
Évidemment, en apparence, le plus simple, serait de dire que c'est un spectacle sur le double avec une danseuse… Ce double n'étant qu'un prétexte à parler de soi tout simplement et de ce qui s'opère lorsque nous sommes face à soi et face à son propre poids. Nous parlons aussi de corps parce que c'est dansé, mais c'est symbolique ; qu'est-ce que ça dit et qu'est-ce que ça donne ? La marionnette est légèrement plus âgée que Marion parce qu'on voulait évoquer aussi le lien générationnel, de la transmission et notamment celle relative à la féminité.
Ce lien nous charge de beaucoup d'amour, mais aussi de non-dits parce que souvent la féminité, d'une génération à l'autre, n'est pas abordée. Nous souhaitions aussi souligner des choses basiques comme la vie, la mort, l'accouchement, les sensations d'amitié, d'amour, de perdre pied aussi jusqu'à ne plus savoir qui nous sommes, où nous allons, jusqu'au dégoût du corps et qu'à ces instants il nous faut prendre le large, soit dans la tête, soit dans le corps. Des chemins de réconciliation sont alors à trouver dans ce cycle pour s'accompagner soi-même à être bien.
"InKarnè" : Tel un processus d'individuation ?
Oui, trouver sa place dans le monde mais d'abord en soi. Au début, ce personnage de pseudo ballerine est très beau, mais surfait. Il arrive tout de suite devant le public et est donc en construction par rapport aux autres. Il va très rapidement se déconstruire, se rouiller et sentir qu'il n'est pas à son bon endroit. Comprendre qu'il faille d'abord faire un chemin énorme dans le paysage de soi, de son intériorité. Nous ne nous rendons pas toujours compte que nous allons mal. C'est souvent un élément extérieur, quelqu'un ou nous-mêmes qui nous fait réaliser que… Une fois que nous sommes réconciliés avec soi, c'est beaucoup plus facile de retourner vers l'autre.
© Serge Gutwirth.
Le rouge sang comme symbole de la vie ?
J'ai toujours été très attirée par cette couleur, mais je n'avais jamais réalisé un décor complet en nuances de rouge. L'envie de rouge était directement liée au textile, comparé à d'autres spectacles plus "trash" où le rouge fut associé au sang. Là, c'était un besoin de douceur, le tapis ressemble à un grand tapis de jeu pour enfants, avec une notion de paysage à traverser aussi dans ce décor, avec des chemins, des cours d'eau, une matrice ; quelque chose d'organique entre le paysage intérieur et extérieur.
Donc, oui, c'est le rouge du feu, de la vie, du sang, de la douleur, de la colère et celui des entrailles ; de là d'où nous venons… Cette matrice est telle une sorte de berceau et d'endroit où tout se passe.
Marion Gassin, danseuse et seule interprète au plateau…
Je n'aurais jamais fait ce spectacle sans elle. Quand j'en ai parlé à Baptiste, je lui ai dit : cette création, c'est Marion en ballerine avec le double d'elle-même. Je voulais quelqu'un qui soit à la fois danseuse, comédienne, qui est un rapport avec la marionnette ou à l'objet scénique, et qui ne soit pas qu'autocentrée. Marion a tout ça et c'est ce qui contribue à toucher les gens. Cela a rendu le travail passionnant et l'est encore, car c'est toujours en train de se travailler, de respirer par l'articulation des moments chorégraphiés et la naissance d'une émotion, soit du mouvement, soit du paysage intérieur et le rapport à la marionnette. Voilà, elle est exceptionnelle !
J'ai toujours été très attirée par cette couleur, mais je n'avais jamais réalisé un décor complet en nuances de rouge. L'envie de rouge était directement liée au textile, comparé à d'autres spectacles plus "trash" où le rouge fut associé au sang. Là, c'était un besoin de douceur, le tapis ressemble à un grand tapis de jeu pour enfants, avec une notion de paysage à traverser aussi dans ce décor, avec des chemins, des cours d'eau, une matrice ; quelque chose d'organique entre le paysage intérieur et extérieur.
Donc, oui, c'est le rouge du feu, de la vie, du sang, de la douleur, de la colère et celui des entrailles ; de là d'où nous venons… Cette matrice est telle une sorte de berceau et d'endroit où tout se passe.
Marion Gassin, danseuse et seule interprète au plateau…
Je n'aurais jamais fait ce spectacle sans elle. Quand j'en ai parlé à Baptiste, je lui ai dit : cette création, c'est Marion en ballerine avec le double d'elle-même. Je voulais quelqu'un qui soit à la fois danseuse, comédienne, qui est un rapport avec la marionnette ou à l'objet scénique, et qui ne soit pas qu'autocentrée. Marion a tout ça et c'est ce qui contribue à toucher les gens. Cela a rendu le travail passionnant et l'est encore, car c'est toujours en train de se travailler, de respirer par l'articulation des moments chorégraphiés et la naissance d'une émotion, soit du mouvement, soit du paysage intérieur et le rapport à la marionnette. Voilà, elle est exceptionnelle !
"InKarnè"
© Serge Gutwirth.
Texte : Cie Deraïdenz.
Mise en scène : Léa Guillec.
Interprète(s) : Marion Gassin.
Compositeur et constructeur marionnette : Baptiste Zsilina.
Création décor et costume : Salvatorè Pascapè, Barbara Fougnon, Sarah Rieu.
Création lumière : Loris Lallouette.
Régie Plateau : Coline Agard.
Photographe : Serge Gutwirth.
Mixage musique : Arthur Bohl.
À partir de 12 ans.
Durée : 55 minutes.
•Avignon Off 2023•
Du 7 au 27 Juillet 2023.
Tous les jours à 20 h 15. Relâche le lundi.
Théâtre Golovine, 1 bis, rue Sainte-Catherine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 01 27.
>> theatre-golovine.com
Mise en scène : Léa Guillec.
Interprète(s) : Marion Gassin.
Compositeur et constructeur marionnette : Baptiste Zsilina.
Création décor et costume : Salvatorè Pascapè, Barbara Fougnon, Sarah Rieu.
Création lumière : Loris Lallouette.
Régie Plateau : Coline Agard.
Photographe : Serge Gutwirth.
Mixage musique : Arthur Bohl.
À partir de 12 ans.
Durée : 55 minutes.
•Avignon Off 2023•
Du 7 au 27 Juillet 2023.
Tous les jours à 20 h 15. Relâche le lundi.
Théâtre Golovine, 1 bis, rue Sainte-Catherine, Avignon.
Réservations : 04 90 86 01 27.
>> theatre-golovine.com