© Camille Desbiez.
Quel dispositif serait plus approprié qu'un casque audio stéréophonique pour dupliquer l'écho des mots étranges de Jon Fosse, délivrés au travers de la voix suave de Frédéric Garbe ? Comme si des correspondances baudelairiennes réunissaient l'auteur et son interprète, l'un et l'autre partageant la même intuition d'une poétique du langage, seule apte à distiller l'indicible. Et lorsque le "texte vivant" trouve son double visuel et sonore dans une animation graphique aux couleurs subtiles, rien d'étonnant alors que la fête des "sens" soit au rendez-vous.
"Si lentement"… Des maisons dont les fenêtres éclairent la nuit profonde. Un ciel d'un bleu outremer se constellant d'étoiles. Une musique douce flottant dans l'air… Travelling avant. On s'avance lentement vers l'un des immeubles, on en franchit la porte, se retrouve sur le palier d'un appartement… "Tu étais où ? Maman dira qu'elle s'est inquiétée, elle ne dira rien de plus. Je m'inquiète quand tu ne rentres pas à l'heure prévue". Ainsi en va-t-il de la puissance suggestive de la poésie qu'au travers de la dissociation écholalique d'un non-événement se crée un univers d'une puissance évocatrice insoupçonnable.
"Si lentement"… Des maisons dont les fenêtres éclairent la nuit profonde. Un ciel d'un bleu outremer se constellant d'étoiles. Une musique douce flottant dans l'air… Travelling avant. On s'avance lentement vers l'un des immeubles, on en franchit la porte, se retrouve sur le palier d'un appartement… "Tu étais où ? Maman dira qu'elle s'est inquiétée, elle ne dira rien de plus. Je m'inquiète quand tu ne rentres pas à l'heure prévue". Ainsi en va-t-il de la puissance suggestive de la poésie qu'au travers de la dissociation écholalique d'un non-événement se crée un univers d'une puissance évocatrice insoupçonnable.
© Camille Desbiez.
Et l'enfant, tenant dans ses mains innocentes l'objet de son larcin, se devra de fournir une explication quant à sa provenance… La banane, elle dépassait du cabas de la vieille dame, c'était trop tentant… Mais ça, bien sûr, c'est son secret, inavouable. "C'est une vieille dame qui me l'a donnée. Tu lui as dit merci ? Il faut dire merci quand on te donne quelque chose. Viens avec moi, on va ensemble lui dire merci"…
Confronté à l'angoisse d'avoir menti et d'être un méchant garçon, l'enfant galopant à toutes jambes rattrapera la vieille dame avant sa maman. Mais le mot qu'il lui adressera alors en pénitence ne sera pas merci…
Confronté à l'angoisse d'avoir menti et d'être un méchant garçon, l'enfant galopant à toutes jambes rattrapera la vieille dame avant sa maman. Mais le mot qu'il lui adressera alors en pénitence ne sera pas merci…
© Camille Desbiez.
"Kant"… "Je m'appelle Christopher, j'ai huit ans et le soir, éveillé dans mon lit, je pense. Je pense, ou bien je lis Mickey. Je m'appelle Christopher et j'ai huit ans. L'Univers, je n'arrive pas à comprendre… S'il a une fin… qu'y a-t-il après ?"… Ainsi s'enclenche le mouvement irrésistible de la pensée, conduisant ce jeune enfant à découvrir intuitivement les vertus insoupçonnées de la philosophie kantienne. Toute connaissance supposant une "co-naissance" du sujet pensant, appréhendant avec sa sensibilité le monde avant de le comprendre avec sa raison, Christopher va apprendre à tutoyer les mystères "universels".
"Je suis au CE et je n'aime pas les choses qu'on comprend pas. Heureusement il y a papa pour m'expliquer… L'Univers, c'est pas possible qu'il s'étende au-delà de ses limites. Ou bien, si on vivait dans le rêve d'un géant endormi quelque part au fin fond de l'Univers, disparaîtrait-on s'il se réveillait ?"… La peur venue du fond des âges d'être englouti par le vide sidéral, seul un papa bienveillant a le pouvoir de l'apaiser…
Défilent alors sur l'écran de la nuit du petit garçon, une myriade de planètes et d'étoiles chorégraphiées. Au "J'ai peur, papa" de Christopher, se sentant décidément bien petit face à l'infiniment grand, papa répondra qu'il ne sert à rien d'avoir peur, qu'il faut comprendre que l'on ne peut pas tout comprendre… Et là, lové entre les bras protecteurs, le lit de l'innocent enfant flotte, voguant dans l'immensité de la voûte céleste. On se croirait immergé dans un tableau de Marc Chagall, peintre de la "surréalité", avec ses personnages volant.
"Je suis au CE et je n'aime pas les choses qu'on comprend pas. Heureusement il y a papa pour m'expliquer… L'Univers, c'est pas possible qu'il s'étende au-delà de ses limites. Ou bien, si on vivait dans le rêve d'un géant endormi quelque part au fin fond de l'Univers, disparaîtrait-on s'il se réveillait ?"… La peur venue du fond des âges d'être englouti par le vide sidéral, seul un papa bienveillant a le pouvoir de l'apaiser…
Défilent alors sur l'écran de la nuit du petit garçon, une myriade de planètes et d'étoiles chorégraphiées. Au "J'ai peur, papa" de Christopher, se sentant décidément bien petit face à l'infiniment grand, papa répondra qu'il ne sert à rien d'avoir peur, qu'il faut comprendre que l'on ne peut pas tout comprendre… Et là, lové entre les bras protecteurs, le lit de l'innocent enfant flotte, voguant dans l'immensité de la voûte céleste. On se croirait immergé dans un tableau de Marc Chagall, peintre de la "surréalité", avec ses personnages volant.
© Camille Desbiez.
"Je m'appelle Christopher. J'ai huit ans. Et mon papa m'a parlé d'un auteur qui s'appelle Kant. Mais moi je préfère Mickey". Sous un ciel de lit étoilé, brillant de mille constellations, l'enfant rassuré peut enfin s'abandonner au sommeil…
Deux contes initiatiques à l'écriture onirique rendue palpable par l'entremise d'un metteur en jeu de "l'autre scène", telles apparaissent ces pièces d'un théâtre murmurant à l'oreille de chacun pour mieux exhumer les rhizomes de ce qui attise la peur ancestrale ; peur fondatrice, originelle de notre "être au monde".
Vu le lundi 11 juillet au Théâtre Transversal, Avignon.
Deux contes initiatiques à l'écriture onirique rendue palpable par l'entremise d'un metteur en jeu de "l'autre scène", telles apparaissent ces pièces d'un théâtre murmurant à l'oreille de chacun pour mieux exhumer les rhizomes de ce qui attise la peur ancestrale ; peur fondatrice, originelle de notre "être au monde".
Vu le lundi 11 juillet au Théâtre Transversal, Avignon.
"Ici, la nuit"
© Camille Desbiez.
Voyage immersif.
Textes : "Si lentement" et "Kant" de Jon Fosse (aux éditions de L'Arche).
Traduction : Terje Sinding.
Conception et mise en scène : Frédéric Garbe.
Avec : Frédéric Garbe.
Univers graphique (illustration) : Camille Desbiez.
Animation Vidéo : Baptiste Alexandrowicz.
Conception sonore, Alexandre Maillard.
Par L'Autre Compagnie.
Tout public à partir de 8 ans.
Durée : 50 minutes.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 26 juillet 2022.
Tous les jours à 15 h 15, relâche le mercredi.
Théâtre Transversal, Salle 2, 10, rue d'Amphoux, Avignon.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatretransversal.com
Textes : "Si lentement" et "Kant" de Jon Fosse (aux éditions de L'Arche).
Traduction : Terje Sinding.
Conception et mise en scène : Frédéric Garbe.
Avec : Frédéric Garbe.
Univers graphique (illustration) : Camille Desbiez.
Animation Vidéo : Baptiste Alexandrowicz.
Conception sonore, Alexandre Maillard.
Par L'Autre Compagnie.
Tout public à partir de 8 ans.
Durée : 50 minutes.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 26 juillet 2022.
Tous les jours à 15 h 15, relâche le mercredi.
Théâtre Transversal, Salle 2, 10, rue d'Amphoux, Avignon.
Réservations : 04 90 86 17 12.
>> theatretransversal.com