© Pauline Saubesty.
Être maîtresse, la doxa populaire se plaît à clamer que c'est le plus beau métier du monde… Oui, si on veut… Mais pourquoi ce métier alors - du moins en maternelle et primaire - est-il en quasi-totalité exercé par la gent féminine ? Les hommes laisseraient-ils par pure bonté aux femmes la part royale des métiers ? À moins que le salaire ne soit pas assez attractif… et la tâche jugée pas assez noble pour que les rejetons du patriarcat puissent s'y intéresser.
D'emblée, on entre dans l'antre de la machinerie pédagogique… Soit une (vraie) salle de classe réduite à son expression la plus rudimentaire : une chaise, avec laquelle la performeuse jouera, peuplant de ses interprétations époustouflantes l'espace nu pour le saturer de vie. Elle sera tour à tour les personnages traversant ce lieu témoin d'une comédie humaine effervescente. Des enfants aux collègues, à l'inspecteur de l'Éducation nationale, elle fera vivre ce monde de l'éducation avec justesse et humour, témoignant d'une empathie à toutes épreuves.
D'emblée, on entre dans l'antre de la machinerie pédagogique… Soit une (vraie) salle de classe réduite à son expression la plus rudimentaire : une chaise, avec laquelle la performeuse jouera, peuplant de ses interprétations époustouflantes l'espace nu pour le saturer de vie. Elle sera tour à tour les personnages traversant ce lieu témoin d'une comédie humaine effervescente. Des enfants aux collègues, à l'inspecteur de l'Éducation nationale, elle fera vivre ce monde de l'éducation avec justesse et humour, témoignant d'une empathie à toutes épreuves.
© Pauline Saubesty.
"Bonjour les enfants, vous avez passé de bonnes vacances ?" Le ouiii prononcé en chœur est perturbé par une première voix bougonne : "Trop nulles mes vacances ! Le centre de loisirs avec même pas de jeux vidéo !". Une autre voix, très "adaptée" celle-ci, s'inquiète de savoir si de nouveaux livres concernant la tragédie grecque seront disponibles dans le coin bibliothèque, ce à quoi un autre élève rétorque que les Wapiti, c'est pas pour lui, y'a trop de mots… Cet échange initial des plus "vivants" est accompagné de bruits répétitifs émis par une élève que les livres avec ou sans mots ennuient profondément, elle, elle préfère jouer avec le mécanisme de son stylo, ce qui énerve passablement sa gentille maîtresse jusqu'à lui faire perdre son sourire.
Quand vient le moment de distribuer aux élèves une fiche de renseignements, elle doit se rendre à l'évidence : la traitresse de photocopieuse n'a rien imprimé… Sauvée par la récréation ? Pas vraiment. Celui qui mange des feuilles, qui devrait être pris en charge, mais qui ne l'est pas, les parents étant dans le déni de ses difficultés et, de toute façon, il n'y a plus de place avec la psychologue avant février, vu les suppressions de postes. Celle qu'il faut surveiller, qui saute par-dessus le grillage et même que son instit, une année, s'est retrouvé aux urgences pour avoir voulu la rattraper.
Quand vient le moment de distribuer aux élèves une fiche de renseignements, elle doit se rendre à l'évidence : la traitresse de photocopieuse n'a rien imprimé… Sauvée par la récréation ? Pas vraiment. Celui qui mange des feuilles, qui devrait être pris en charge, mais qui ne l'est pas, les parents étant dans le déni de ses difficultés et, de toute façon, il n'y a plus de place avec la psychologue avant février, vu les suppressions de postes. Celle qu'il faut surveiller, qui saute par-dessus le grillage et même que son instit, une année, s'est retrouvé aux urgences pour avoir voulu la rattraper.
© Pauline Saubesty.
Bref, un aperçu kaléidoscopique du quotidien ordinaire d'une classe et de sa cour de récréation… Suivra encore la récitation de poèmes où Justin, l'élève modèle, toujours le premier à se porter volontaire, délivrera avec gestes impeccables sa composition personnelle à la gloire de l'école et de la "maîtresse qui nous enchante", aussitôt suivi de la lunaire Marie… qui elle a complètement oublié ce qu'elle avait préparé. Ewann, monté sur ressorts, lui fera son show en éructant son poème à la gloire de la guerre… vite interrompu par le trou de mémoire qui fait rouler à terre le poète maudit. Quant à Lonna, crispée et travaillée autant par la rage intérieure d'un père absent que par les quolibets de ses gentilles camarades ("Cet âge est sans pitié", dixit La Fontaine), elle laissera échapper une phrase-poème sans rime : "Tu me manques…".
S'ajoute à ce tableau d'une journée ordinaire, la cohabitation avec une collègue dépressive, hypocondriaque, épuisée et un brin fouille-merde tant pour combler le désert de son existence elle se nourrit du malheur des autres. Heureusement qu'il y a l'électron libre d'Ewann, toujours impliqué dans les bons "coups", pour distraire la maîtresse. Certes, il est un peu lourd dans ses justifications - "ah non maîtresse je te jure, c'est pas moi qui l'ai mordu, c'est lui qui est venu se cogner contre mes dents !" - auxquelles, avec un humour désarmant, la maîtresse répondra, laissant une porte de sortie poétique au fautif : "Soit tu n'es pas très malin de te faire accuser pour rien, soit tu es un menteur qui fait rêver…".
S'ajoute à ce tableau d'une journée ordinaire, la cohabitation avec une collègue dépressive, hypocondriaque, épuisée et un brin fouille-merde tant pour combler le désert de son existence elle se nourrit du malheur des autres. Heureusement qu'il y a l'électron libre d'Ewann, toujours impliqué dans les bons "coups", pour distraire la maîtresse. Certes, il est un peu lourd dans ses justifications - "ah non maîtresse je te jure, c'est pas moi qui l'ai mordu, c'est lui qui est venu se cogner contre mes dents !" - auxquelles, avec un humour désarmant, la maîtresse répondra, laissant une porte de sortie poétique au fautif : "Soit tu n'es pas très malin de te faire accuser pour rien, soit tu es un menteur qui fait rêver…".
© Pauline Saubesty.
Entre élève ingérable à gérer, enfant malheureuse pouvant donner des poings pour soulager sa rage intérieure, moquerie des petites filles modèles, la maîtresse jongle pour rassurer son monde par sa présence d'adulte bienveillante autant que ferme. Elle aura aussi affaire à la sacrosainte visite de l'Inspecteur de l'Éducation Nationale dissertant sur les processus cognitifs, les objectifs opérationnels au service des fondamentaux, sur la nécessaire différenciation pédagogique, "bla bla bla" jargonique bien éloigné de la réalité du vécu au quotidien… Heureusement, il y aura la kermesse de sortie qui, au-delà du stress de son organisation, libèrera le souffle cacophonique de chacun, communiant dans le même plaisir d'avoir vécu finalement une belle année.
Une seule en scène de Gloria Da Queija… qui n'en est pas un, tant le foisonnement de portraits plus vrais que nature a peuplé l'espace de la représentation. Belle énergie que celle de cette performeuse, très inspirée par le sujet…
Vu le dimanche 24 juillet à L'Espace Alya, Avignon.
Une seule en scène de Gloria Da Queija… qui n'en est pas un, tant le foisonnement de portraits plus vrais que nature a peuplé l'espace de la représentation. Belle énergie que celle de cette performeuse, très inspirée par le sujet…
Vu le dimanche 24 juillet à L'Espace Alya, Avignon.
"Cartable"
© Pauline Saubesty.
Texte : Gloria Da Queija et Vincent Toujas.
Mise en scène : Vincent Toujas.
Avec : Gloria Da Queija.
Régisseur : Tom Rojouan.
Par la Cie Toujours Là.
À partir de 7 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 28 juillet 2022.
Tous les jours à 20 h 45, relâche le mardi.
L'Espace Alya, Salle B, 31 bis, rue Guillaume Puy, Avignon.
Réservations : 04 90 27 38 23.
>> alyatheatre.com
Mise en scène : Vincent Toujas.
Avec : Gloria Da Queija.
Régisseur : Tom Rojouan.
Par la Cie Toujours Là.
À partir de 7 ans.
Durée : 1 h 15.
•Avignon Off 2022•
Du 7 au 28 juillet 2022.
Tous les jours à 20 h 45, relâche le mardi.
L'Espace Alya, Salle B, 31 bis, rue Guillaume Puy, Avignon.
Réservations : 04 90 27 38 23.
>> alyatheatre.com