© Tristan Jeanne-Valès
Face à face, deux êtres séparés par le vide du plateau. Derrière eux, en fond de scène, quatre tables à roulettes. À chaque extrémité, les deux encombrées de cartons recelant les souvenirs gardés par chacune de leurs unions, boîtes nombreuses pour elle, réduites à la portion congrue pour lui. Celles du centre accueillant accessoires et vivres pour soutenir un long siège. Pieds rivés au sol, ils s'apprêtent à affronter droit dans les yeux ce passé qui insiste et n'arrive pas à passer en eux.
S'ils se retrouvent en effet d'un commun accord dans cette pièce louée pour la circonstance, huis clos à double tour scellé par les clés jetées au fond de la pièce et les portables entreposés dans une boîte, c'est parce qu'il s'agit de l'ultime rencontre. Celle où pour en finir avec les ressentiments qui cognent à la porte, on décide de se réconcilier… dans le désamour.
Entre eux, une souffrance partagée, leur fille partie s'exiler au Moyen Orient pour fuir leur histoire à eux deux. Mais encore plus pour échapper à sa mère à laquelle elle ne veut surtout pas ressembler. Les liens du sang entre filles et mères sont ainsi faits. Et puis le ressentiment très fort de la femme, détruite par le départ de son homme pour une autre, une "banalité" somme toute, vécue comme une brisure. À la question pressante posée par elle "Tu me promets de ne pas t'arranger avec la réalité ?", lui répond, apparemment détaché, "la réalité a pris la forme d'un cancer du sein pour toi, d'un grand verre de fraîcheur pour moi".
S'ils se retrouvent en effet d'un commun accord dans cette pièce louée pour la circonstance, huis clos à double tour scellé par les clés jetées au fond de la pièce et les portables entreposés dans une boîte, c'est parce qu'il s'agit de l'ultime rencontre. Celle où pour en finir avec les ressentiments qui cognent à la porte, on décide de se réconcilier… dans le désamour.
Entre eux, une souffrance partagée, leur fille partie s'exiler au Moyen Orient pour fuir leur histoire à eux deux. Mais encore plus pour échapper à sa mère à laquelle elle ne veut surtout pas ressembler. Les liens du sang entre filles et mères sont ainsi faits. Et puis le ressentiment très fort de la femme, détruite par le départ de son homme pour une autre, une "banalité" somme toute, vécue comme une brisure. À la question pressante posée par elle "Tu me promets de ne pas t'arranger avec la réalité ?", lui répond, apparemment détaché, "la réalité a pris la forme d'un cancer du sein pour toi, d'un grand verre de fraîcheur pour moi".
© Tristan Jeanne-Valès
Le ton est donné : ils ne s'épargneront pas. Mais ce jeu de la vérité n'est pas sans danger. En creusant ce qui fut, en exhumant les photos anciennes - lui en Che Guevara, le cigare aux lèvres, elle, rayonnante, au bord de la piscine, et puis le cliché de la terrasse vide lorsqu'il l'a quittée -, les livres lus ensemble sous la couette dont les pages collées portent encore les traces de sperme, ou encore le poème écrit l'un pour l'une, c'est tout un passé brûlant qui est réactivé. "On a vu souvent rejaillir le feu de l'ancien volcan que l'on croyait trop vieux", chantait Brel, et lorsque lui, lui fait entendre "Une petite cantate" de Barbara, ces deux-là sont à deux doigts de se laisser prendre par un retour de l'amour refoulé. Mais non, ils ne sont pas là pour ça.
Les feuilles des livres lus, arrachées à leur "reliure", vont être infusées dans la soupe asiatique confectionnée au plateau et partagée ensemble. Si elle rappelle le doux goût du Masque et la Plume, cette soupe des dimanches soirs de leur passé commun, elle porte aussi celui amer du gâchis des déchirures.
Reconstituer le passé, pour tenter d'en désactiver la charge hautement inflammable, prend aussi la forme d'un jeu de rôles dans lequel ils vont revivre grandeur nature, "en habits d'époque", le cadre de leur rencontre et du premier regard échangé devant le ciel bleu. "Jeu" qui peut s'avérer des plus cruels tant ça peut faire mal de confronter les pleins des temps fusionnels aux déliés de la perte présente.
Cette mise à nu - métaphorique mais aussi réelle - d'une "Reconstitution" passant par la dissection au scalpel d'un amour défunt, réserve une chute "dramatique"… qu'on ne dévoilera pas. Mais ce qui peut être dit, c'est la force implacable du texte et de la mise en jeu de Pascal Rambert donnant à voir et à entendre, avec la précision d'un médecin légiste passionné, les fragments épars d'un discours amoureux porté à son incandescence par un couple d'acteurs, Véronique Dahuron et Guy Delamotte, sachant d'où et de quoi ils parlent.
Les feuilles des livres lus, arrachées à leur "reliure", vont être infusées dans la soupe asiatique confectionnée au plateau et partagée ensemble. Si elle rappelle le doux goût du Masque et la Plume, cette soupe des dimanches soirs de leur passé commun, elle porte aussi celui amer du gâchis des déchirures.
Reconstituer le passé, pour tenter d'en désactiver la charge hautement inflammable, prend aussi la forme d'un jeu de rôles dans lequel ils vont revivre grandeur nature, "en habits d'époque", le cadre de leur rencontre et du premier regard échangé devant le ciel bleu. "Jeu" qui peut s'avérer des plus cruels tant ça peut faire mal de confronter les pleins des temps fusionnels aux déliés de la perte présente.
Cette mise à nu - métaphorique mais aussi réelle - d'une "Reconstitution" passant par la dissection au scalpel d'un amour défunt, réserve une chute "dramatique"… qu'on ne dévoilera pas. Mais ce qui peut être dit, c'est la force implacable du texte et de la mise en jeu de Pascal Rambert donnant à voir et à entendre, avec la précision d'un médecin légiste passionné, les fragments épars d'un discours amoureux porté à son incandescence par un couple d'acteurs, Véronique Dahuron et Guy Delamotte, sachant d'où et de quoi ils parlent.
"Reconstitution"
© Tristan Jeanne-Valès
Texte : Pascal Rambert.
Mise en scène, scénographie, lumières : Pascal Rambert.
Avec : Véro Dahuron et Guy Delamotte.
Régie lumière : Fabrice Fontal et Olivier Bourguignon.
Régie plateau : Pénélope Germain.
Durée : 1 h 50.
À partir de 15 ans.
Cie Le Panta Théâtre.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 14 juillet 2019.
Tous les jours à 11 h 40, relâche le 11.
La Manufacture/La Patinoire
2 bis, rue des écoles.
Réservations : 04 90 85 12 71.
>> lamanufacture.org
Mise en scène, scénographie, lumières : Pascal Rambert.
Avec : Véro Dahuron et Guy Delamotte.
Régie lumière : Fabrice Fontal et Olivier Bourguignon.
Régie plateau : Pénélope Germain.
Durée : 1 h 50.
À partir de 15 ans.
Cie Le Panta Théâtre.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 14 juillet 2019.
Tous les jours à 11 h 40, relâche le 11.
La Manufacture/La Patinoire
2 bis, rue des écoles.
Réservations : 04 90 85 12 71.
>> lamanufacture.org