© DR.
François Cervantes nourrit une addiction pour l'humain. On se souvient de manière émue de "Prison possession" où, à partir de quelques lettres d'un prisonnier, il avait créé une autofiction saisissante de vérité. Ici, il "instruit la réalité" des longs moments passés en la compagnie de cette femme ordinaire sans pareille (sic), né de parents maghrébins immigrés dans les années cinquante.
Catherine Germain accueille en elle l'histoire de Latifa qu'elle fait sienne au point de coiffer une perruque brune pour mieux, sous l'injonction de cette dernière, intégrer son corps. D'origine Chaouïa, Latifa Tir est née ici, y a toujours vécu, n'a jamais voyagé, et c'est au travers de ce récit réifié, porté par une actrice-femme "raccord" en tout point avec son modèle, que désormais son histoire "fictionnalisée" nous parvient pour voyager en nous.
Adossée à une petite table du snack, elle raconte, se raconte… Ce rideau de fer, ce geste qu'elle répétait immuablement chaque matin et chaque soir, elle ne le ferait plus…
Désormais, des cauchemars nocturnes, des hurlements se perdant dans le vide, et personne pour y répondre… Des ombres qui passent, des oiseaux qui survolent, des mauvaises herbes poussées anarchiquement parmi lesquelles de vivaces coquelicots rouges…
Le " je" qui égrène la parole - mais pouvait-on en douter ? - est bien celui de la propriétaire bailleuse du snack, sortie tout droit de la vraie vie (processus du renversement dans son contraire de "La Rose pourpre du Caire" de Woody Allen où c'était l'acteur qui sortait de l'écran pour rejoindre une vraie femme… elle-même héroïne du film) pour intégrer la voix de l'actrice. "Je m'appelle Latifa Tir. Je suis dans mon lit dans les quartiers nord. Je suis dans le corps de la comédienne".
Catherine Germain accueille en elle l'histoire de Latifa qu'elle fait sienne au point de coiffer une perruque brune pour mieux, sous l'injonction de cette dernière, intégrer son corps. D'origine Chaouïa, Latifa Tir est née ici, y a toujours vécu, n'a jamais voyagé, et c'est au travers de ce récit réifié, porté par une actrice-femme "raccord" en tout point avec son modèle, que désormais son histoire "fictionnalisée" nous parvient pour voyager en nous.
Adossée à une petite table du snack, elle raconte, se raconte… Ce rideau de fer, ce geste qu'elle répétait immuablement chaque matin et chaque soir, elle ne le ferait plus…
Désormais, des cauchemars nocturnes, des hurlements se perdant dans le vide, et personne pour y répondre… Des ombres qui passent, des oiseaux qui survolent, des mauvaises herbes poussées anarchiquement parmi lesquelles de vivaces coquelicots rouges…
Le " je" qui égrène la parole - mais pouvait-on en douter ? - est bien celui de la propriétaire bailleuse du snack, sortie tout droit de la vraie vie (processus du renversement dans son contraire de "La Rose pourpre du Caire" de Woody Allen où c'était l'acteur qui sortait de l'écran pour rejoindre une vraie femme… elle-même héroïne du film) pour intégrer la voix de l'actrice. "Je m'appelle Latifa Tir. Je suis dans mon lit dans les quartiers nord. Je suis dans le corps de la comédienne".
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Expérience sensible de la violence sociopolitique faite à celle qui ayant vécu plus de quarante années dans ce lieu se voit contrainte à le quitter en vingt-quatre heures. Tout ça au nom de la sacro-sainte "réhabilitation des quartiers", dût-elle, elle et son commerce, être déshabilités. Toute son existence est inscrite dans ses murs… Les souvenirs, comme des lambeaux de la tapisserie promise à disparaître sous les mâchoires des monstrueux engins au bruit infernal, se détachent d'elle…
Son père, propriétaire avant elle de ce snack, homme apprécié et respecté au bled. Bien sûr il avait parfois la main un peu leste… Une ombre fugitive, imperceptible, couvre son visage… Berbère, Kabyle, il avait noué ce héros de père un lien d'amitié improbable avec une châtelaine qui l'avait adopté, lui l'épicier de la colline. C'est là qu'elle est née, au château. La dernière d'une famille de quatorze enfants. Tous les Chaouis étaient venus les rejoindre. Du bidonville au château, un sacré grand écart ! Un rêve enterré avec la mort de la châtelaine.
Alors, ce snack, elle le défendra bec et ongles jusqu'à ce que le nouveau local soit terminé. Lieu refuge des jeunes du quartier en mal de famille, lieu emblématique inscrit dans le tissu d'une solidarité de proximité, la mobilisation générale est décrétée. Le chef de chantier chargé de la démolition en aura le nez cassé. Les "Indiens de la Colline" veillent…
Avec l'authenticité de l'artiste qui, pour la première fois, joue le rôle d'une femme réelle, Catherine Germain, complice de Latifa Tir et de François Cervantes, le metteur en mots, délivre un moment d'une grande vérité humaine. Ainsi, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, "La dame du snack", porteuse d'une culture que les engins des travaux publics ne pourront jamais détruire, devient sous l'effet de l'écriture et de l'interprétation théâtrales un mythique personnage entrant de plain-pied dans les "légendes cervantes". Quant aux quartiers nord de Marseille, ils s'en trouvent à juste "conte"... "réhabilités".
Son père, propriétaire avant elle de ce snack, homme apprécié et respecté au bled. Bien sûr il avait parfois la main un peu leste… Une ombre fugitive, imperceptible, couvre son visage… Berbère, Kabyle, il avait noué ce héros de père un lien d'amitié improbable avec une châtelaine qui l'avait adopté, lui l'épicier de la colline. C'est là qu'elle est née, au château. La dernière d'une famille de quatorze enfants. Tous les Chaouis étaient venus les rejoindre. Du bidonville au château, un sacré grand écart ! Un rêve enterré avec la mort de la châtelaine.
Alors, ce snack, elle le défendra bec et ongles jusqu'à ce que le nouveau local soit terminé. Lieu refuge des jeunes du quartier en mal de famille, lieu emblématique inscrit dans le tissu d'une solidarité de proximité, la mobilisation générale est décrétée. Le chef de chantier chargé de la démolition en aura le nez cassé. Les "Indiens de la Colline" veillent…
Avec l'authenticité de l'artiste qui, pour la première fois, joue le rôle d'une femme réelle, Catherine Germain, complice de Latifa Tir et de François Cervantes, le metteur en mots, délivre un moment d'une grande vérité humaine. Ainsi, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes, "La dame du snack", porteuse d'une culture que les engins des travaux publics ne pourront jamais détruire, devient sous l'effet de l'écriture et de l'interprétation théâtrales un mythique personnage entrant de plain-pied dans les "légendes cervantes". Quant aux quartiers nord de Marseille, ils s'en trouvent à juste "conte"... "réhabilités".
"Le rouge éternel des coquelicots"
Création 2019.
Texte : François Cervantes, à partir de conversations avec Latifa Tir.
Mise en scène : François Cervantes
Avec : Catherine Germain
Son : Xavier Brousse
Lumière : Dominique Borrini.
L'Entreprise - Cie François Cervantes.
Durée : 1 h.
À partir de 12 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 26 juillet 2019.
Tous les jours à 22 h 15, relâche le mercredi.
11 • Gilgamesh Belleville, Salle 3
11, boulevard Raspail.
Réservations : 04 90 89 82 63.
>> 11avignon.com
Texte : François Cervantes, à partir de conversations avec Latifa Tir.
Mise en scène : François Cervantes
Avec : Catherine Germain
Son : Xavier Brousse
Lumière : Dominique Borrini.
L'Entreprise - Cie François Cervantes.
Durée : 1 h.
À partir de 12 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 26 juillet 2019.
Tous les jours à 22 h 15, relâche le mercredi.
11 • Gilgamesh Belleville, Salle 3
11, boulevard Raspail.
Réservations : 04 90 89 82 63.
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