© Caroline Bottaro.
En effet, c'est de leur capacité à résister, à eux aussi adultes, que de cette rude confrontation pourra, ou non, advenir un changement radical dans son rapport à la société et à elle-même de cette jeunesse malmenée, salie, brisée. Les professionnels le savent, ils ont choisi ce métier en connaissance de cause. Aucune dérobade ne leur est permise car c'est de leur authentique solidité, ils en sont convaincus, que le lien de confiance pourra se retisser.
La violence qui éclate sous les sunlights médiatiques est toujours l'effet d'une violence souterraine subie, moins spectaculaire mais ô combien plus pérenne. Le parcours singulier de chaque jeune est là pour en attester. S'extrayant du canapé où avachis les uns contre les autres, ils se donnaient un peu de chaleur, ils vont débouler un à un "face au public".
La jeune fille volubile qui rêve de jouer Bérénice, le jeune homme slameur dont l'idole est l'antisémite Dieudonné, le Vietnamien emmuré dans un silence agressif qui s'est fait prendre à Roissy avec de la drogue, le jeune homme qui rêvait d'études pour devenir chirurgien massacré par un père rejetant, la jeune fille qui se fait frapper dur par son beau-père… Un échantillon représentatif de ce foyer en ébullition où chacun, venu fuir la violence extérieure, va trouver la violence des autres.
Chacun, à sa manière, va croiser les parcours des autres pensionnaires en un point commun : sans exception, ils ont tous connu peu ou prou l'humiliation, la domination arbitraire, les coups répétés, les violences sexuelles et les bleus à l'âme, et - surtout - le sentiment bien réel qui ne les quitte désormais plus, d'être abandonné parce que "l'on est de trop".
La violence qui éclate sous les sunlights médiatiques est toujours l'effet d'une violence souterraine subie, moins spectaculaire mais ô combien plus pérenne. Le parcours singulier de chaque jeune est là pour en attester. S'extrayant du canapé où avachis les uns contre les autres, ils se donnaient un peu de chaleur, ils vont débouler un à un "face au public".
La jeune fille volubile qui rêve de jouer Bérénice, le jeune homme slameur dont l'idole est l'antisémite Dieudonné, le Vietnamien emmuré dans un silence agressif qui s'est fait prendre à Roissy avec de la drogue, le jeune homme qui rêvait d'études pour devenir chirurgien massacré par un père rejetant, la jeune fille qui se fait frapper dur par son beau-père… Un échantillon représentatif de ce foyer en ébullition où chacun, venu fuir la violence extérieure, va trouver la violence des autres.
Chacun, à sa manière, va croiser les parcours des autres pensionnaires en un point commun : sans exception, ils ont tous connu peu ou prou l'humiliation, la domination arbitraire, les coups répétés, les violences sexuelles et les bleus à l'âme, et - surtout - le sentiment bien réel qui ne les quitte désormais plus, d'être abandonné parce que "l'on est de trop".
© Caroline Bottaro.
Alors pour exister, pour se faire entendre, pour adresser au-delà de leurs comportements hors règles un cri d'appel, jusqu'ici ils n'ont trouvé que le passage à l'acte répété à l'envi, les délivrant d'une angoisse sans parole articulée à leur mal. L'enjeu actuel, est d'articuler leur mal à leur parole pour que celle-ci puisse, sinon les en délivrer, du moins les apaiser.
Mission complexe pour ceux qui - face au public comme les jeunes précédemment - ont leur moment de doute. Interrompant alors le jeu de leur personnage pour une adresse directe ayant effet de coup de poing, ils lâchent : "leur champ de bataille a envahi ma vie". Les métamorphoses sont longues parfois à venir et cheminent avec des allers-retours aussi nécessaires qu'éprouvants. Fernand Deligny, anarchiste et éducateur disait déjà, dans "Graine de crapule" (1945) à ceux qui font profession (de foi) d'éduquer : "si tu crois avoir réussi avec celui-ci et que le jour d'après il rechute, si tu t'en trouves affecté et te décourages, alors change de métier".
Par le biais d'une écriture qui traduit l'intensité des zones de turbulences traversées, par l'entremise de ce "mentir vrai" que le poète Louis Aragon assignait au contrat littéraire, la vérité à laquelle chacun est en quête va exp(l)oser ses ramifications vivaces empruntant le corps et la voix de vrais acteurs porte-parole sur un plateau de théâtre qui devient le lieu du réel recomposé.
Sans angélisme aucun, ni souci d'un happy end édifiant, l'action se déroule percutée d'éclats, pour faire entendre la détresse des jeunes et de ceux qui sont en charge d'eux, leur extrême violence mais aussi leur désir émouvant de tendresse, et de pauses réflexives, pour traduire leurs interrogations intimes. Et si la "réussite" en ce domaine reste toujours un épiphénomène ardemment souhaité, le travail de fond ne peut se mesurer à la seule aune de critères comptables.
Ainsi, la gigantesque pendule, immobile et sans aiguille, suspendue au-dessus de la cage de verre où l'autorité se dit, prend-elle valeur de symbole en rappelant à qui l'aurait oublié, la nécessité en matière éducative, de laisser du temps au temps.
Mission complexe pour ceux qui - face au public comme les jeunes précédemment - ont leur moment de doute. Interrompant alors le jeu de leur personnage pour une adresse directe ayant effet de coup de poing, ils lâchent : "leur champ de bataille a envahi ma vie". Les métamorphoses sont longues parfois à venir et cheminent avec des allers-retours aussi nécessaires qu'éprouvants. Fernand Deligny, anarchiste et éducateur disait déjà, dans "Graine de crapule" (1945) à ceux qui font profession (de foi) d'éduquer : "si tu crois avoir réussi avec celui-ci et que le jour d'après il rechute, si tu t'en trouves affecté et te décourages, alors change de métier".
Par le biais d'une écriture qui traduit l'intensité des zones de turbulences traversées, par l'entremise de ce "mentir vrai" que le poète Louis Aragon assignait au contrat littéraire, la vérité à laquelle chacun est en quête va exp(l)oser ses ramifications vivaces empruntant le corps et la voix de vrais acteurs porte-parole sur un plateau de théâtre qui devient le lieu du réel recomposé.
Sans angélisme aucun, ni souci d'un happy end édifiant, l'action se déroule percutée d'éclats, pour faire entendre la détresse des jeunes et de ceux qui sont en charge d'eux, leur extrême violence mais aussi leur désir émouvant de tendresse, et de pauses réflexives, pour traduire leurs interrogations intimes. Et si la "réussite" en ce domaine reste toujours un épiphénomène ardemment souhaité, le travail de fond ne peut se mesurer à la seule aune de critères comptables.
Ainsi, la gigantesque pendule, immobile et sans aiguille, suspendue au-dessus de la cage de verre où l'autorité se dit, prend-elle valeur de symbole en rappelant à qui l'aurait oublié, la nécessité en matière éducative, de laisser du temps au temps.
"Ils n'avaient pas prévu qu'on allait gagner"
Texte : Christine Citti.
Mise en scène et scénographie : Jean-Louis Martinelli.
Avec : Christine Citti, Yoann Denaive, Loic Djani, Zakariya Gouram, Yasmine Hadj Ali, Yasin Houicha, Elisa Kane, Kenza Lagnaoui, Margot Madani, François-Xavier Phan, Mounia Raoui, Samira Sedira.
Chorégraphie : Thierry Thieû Niang.
Costumes : Élisabeth Tavernier.
Création lumière : Jean-Marc Skatchko.
Création son : Sylvain Jacques.
Construction décor : Ateliers de la MC93.
Cie Allers/Retours.
Durée : 1 h 35.
À partir de 12 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 11 h, relâche le mardi.
Théâtre des Halles, Salle Chapitre
4, rue Noël Biret.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com
Mise en scène et scénographie : Jean-Louis Martinelli.
Avec : Christine Citti, Yoann Denaive, Loic Djani, Zakariya Gouram, Yasmine Hadj Ali, Yasin Houicha, Elisa Kane, Kenza Lagnaoui, Margot Madani, François-Xavier Phan, Mounia Raoui, Samira Sedira.
Chorégraphie : Thierry Thieû Niang.
Costumes : Élisabeth Tavernier.
Création lumière : Jean-Marc Skatchko.
Création son : Sylvain Jacques.
Construction décor : Ateliers de la MC93.
Cie Allers/Retours.
Durée : 1 h 35.
À partir de 12 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 5 au 28 juillet 2019.
Tous les jours à 11 h, relâche le mardi.
Théâtre des Halles, Salle Chapitre
4, rue Noël Biret.
Réservations : 04 32 76 24 51.
>> theatredeshalles.com
Tournée 2019-2020
4 et 5 octobre 2019 : Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules (83).
8 et 9 octobre 2019 : Théâtre du Gymnase, Marseille (13).
17 et 18 octobre 2019 : l'Espace des Arts - Scène nationale, Chalon-sur-Saône (71).
5 au 7 novembre 2019 : la MC2 - Scène nationale, Grenoble (38).
23 et 14 novembre 2019 : Théâtre de Sartrouville - CDN, Sartrouville (78).
8 et 9 octobre 2019 : Théâtre du Gymnase, Marseille (13).
17 et 18 octobre 2019 : l'Espace des Arts - Scène nationale, Chalon-sur-Saône (71).
5 au 7 novembre 2019 : la MC2 - Scène nationale, Grenoble (38).
23 et 14 novembre 2019 : Théâtre de Sartrouville - CDN, Sartrouville (78).