© Patrick Berger.
Le dispositif est composé d'un rectangle fermé formé par des tables sur lesquelles des livres et des fonds de dossiers sont déployés. Au centre, un arbre en pot. Il n'y pas de scène. En s'asseyant à l'une des tables, le spectateur comprend vite que la forme influe sur le contenu.
À chaque extrémité des médianes, quatre interlocuteurs, en vis à vis, s'emploient d'abondance à lire le texte, le déchiffrer. Pas à pas. Lettre à lettre. Mot à mot. Verset à verset. Passionnés, ces exégètes (même le modérateur) ! Qui relient le signe, la chose et l'imagination raisonnable que l'on peut en déduire. Tous enclins à la précision et l'humilité du regard critique. La disposition est propice à l'échange, au dialogue en commun. Assurément, l'histoire de la genèse est contée de manière singulière.
Le spectateur en apprend de belles et s'émerveille non seulement de la qualité des échanges et de la connaissance (cela est délectable), mais aussi de la beauté et de la justesse de ce poème célébrissime et si peu lu. Des questions lui mordent les lèvres. Mais il est malgré tout au théâtre et écoute religieusement une toute autre histoire que celle qu'il attend.
Et les dialogues et les disputes entamées, révèlent un monde plein d'humour, de surprises, d'étonnement : un monde à rebours des idées reçues. C'est que le jardin d’Éden, qui abrite cet être de terre glaise fertile comme glèbe nommé Adam, connaît l'altérité. Le paradis abrite en fait Ish et Isha, qui sont des dédoublements au sein d'Adam. C'est apparemment un condition jugée nécessaire par cet Élohim, cette force qui crée un monde à son image et dont l'attribut YHWH, imprononçable, offre, malgré tout, la faculté de tout nommer, de tout faire.
À chaque extrémité des médianes, quatre interlocuteurs, en vis à vis, s'emploient d'abondance à lire le texte, le déchiffrer. Pas à pas. Lettre à lettre. Mot à mot. Verset à verset. Passionnés, ces exégètes (même le modérateur) ! Qui relient le signe, la chose et l'imagination raisonnable que l'on peut en déduire. Tous enclins à la précision et l'humilité du regard critique. La disposition est propice à l'échange, au dialogue en commun. Assurément, l'histoire de la genèse est contée de manière singulière.
Le spectateur en apprend de belles et s'émerveille non seulement de la qualité des échanges et de la connaissance (cela est délectable), mais aussi de la beauté et de la justesse de ce poème célébrissime et si peu lu. Des questions lui mordent les lèvres. Mais il est malgré tout au théâtre et écoute religieusement une toute autre histoire que celle qu'il attend.
Et les dialogues et les disputes entamées, révèlent un monde plein d'humour, de surprises, d'étonnement : un monde à rebours des idées reçues. C'est que le jardin d’Éden, qui abrite cet être de terre glaise fertile comme glèbe nommé Adam, connaît l'altérité. Le paradis abrite en fait Ish et Isha, qui sont des dédoublements au sein d'Adam. C'est apparemment un condition jugée nécessaire par cet Élohim, cette force qui crée un monde à son image et dont l'attribut YHWH, imprononçable, offre, malgré tout, la faculté de tout nommer, de tout faire.
© Patrick Berger.
Dans ce jardin, Ish et Isha (Ève n'existe pas encore), face à l'arbre de la connaissance, sont soumis à l'épreuve du signe. Ce signe insidieux qui sera transformé en serpent pour baliser l'aventure de la connaissance mais ne serait pas fatal. Pour en avoir découvert le goût, ces Ish et Isha ne seraient pas chassés du paradis mais simplement conviés à son élaboration ! Ce jardin d’Éden ne connaît pas la faute !
Le simple spectateur, ou plutôt simple auditeur, car ce spectacle tourne au véritable colloque, en est tout tourneboulé. La genèse raconte l'histoire d'une liberté à construire… Quel superbe renversement de perspective !
Dans la disposition scénique adoptée, l'attention est soutenue, continue. Tout devient limpide comme source claire. L'espace clos est un espace de réflexion, un espace d'ensemencement, de séminaire. L'arbre au centre est à la fois sujet et objet d'étude. Les comédiens, les spectateurs appartiennent eux à une utopie temporaire. Ils sont tous des Ish et des Isha, à égalité, de même pâte humaine. Le public et les acteurs ont fusionné en une quête commune. Un petit paradis.
Un dialogue est engagé avec les spectateurs après la représentation. C'est le début d'une autre histoire que chacun est appelé à porter avec lui. Avec beaucoup de finesse, "Cherchez la faute !" décrypte les pouvoirs : le pouvoir du conte, les pouvoirs du théâtre (et peut-être un peu plus). C'est du grand Art.
Le simple spectateur, ou plutôt simple auditeur, car ce spectacle tourne au véritable colloque, en est tout tourneboulé. La genèse raconte l'histoire d'une liberté à construire… Quel superbe renversement de perspective !
Dans la disposition scénique adoptée, l'attention est soutenue, continue. Tout devient limpide comme source claire. L'espace clos est un espace de réflexion, un espace d'ensemencement, de séminaire. L'arbre au centre est à la fois sujet et objet d'étude. Les comédiens, les spectateurs appartiennent eux à une utopie temporaire. Ils sont tous des Ish et des Isha, à égalité, de même pâte humaine. Le public et les acteurs ont fusionné en une quête commune. Un petit paradis.
Un dialogue est engagé avec les spectateurs après la représentation. C'est le début d'une autre histoire que chacun est appelé à porter avec lui. Avec beaucoup de finesse, "Cherchez la faute !" décrypte les pouvoirs : le pouvoir du conte, les pouvoirs du théâtre (et peut-être un peu plus). C'est du grand Art.
© Patrick Berger.
P.S. : Le spectateur attend avec impatience une suite. Celle de la disparition d'Isha et l'apparition d'Ève, par exemple. Ou le sens d'Élohim. Quant à la prononciation d'YHWH, il faudra peut-être attendre… car c'est un défi lancé à la face des linguistes et des phonéticiens. Aux dernières nouvelles, il y aurait quelque chose comme Ya ho… mais cela reste très superficiel.
Car, avec ce tétragramme, il faut conjuguer des consonnes explosives, fricatives pharyngales, voire glottales, et des voyelles antérieures fermées et postérieures ouvertes, des fricatives latérales, etc.
Tout ce que l'on peut déduire de cette histoire, c'est que, dans la genèse, il est question d'une conjonction de puissances (Élohim est un pluriel) réunies en un souffle créateur qui a le pouvoir de nommer, de faire donc, de conférer ou de détruire. Et que cette faculté est confiée à une pâte fertile en création et en langage.
Car, avec ce tétragramme, il faut conjuguer des consonnes explosives, fricatives pharyngales, voire glottales, et des voyelles antérieures fermées et postérieures ouvertes, des fricatives latérales, etc.
Tout ce que l'on peut déduire de cette histoire, c'est que, dans la genèse, il est question d'une conjonction de puissances (Élohim est un pluriel) réunies en un souffle créateur qui a le pouvoir de nommer, de faire donc, de conférer ou de détruire. Et que cette faculté est confiée à une pâte fertile en création et en langage.
"Cherchez la faute !"
D'après "La Divine origine" (Dieu n'a pas créé l'homme) de Marie Balmary (Editions Grasset & Fasquelle/Livre de Poche).
Adaptation et mise en scène : François Rancillac.
Avec : Danielle Chinsky, Daniel Kenigsberg, Frédéric Révérend, François Rancillac.
Durée : 1 h.
À partir de 16 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 8 au 24 juillet 2019.
Tous les jours à 10 h 45, relâche les 11 et 18.
De 10 h 45 à 12 h 45, trajet en navette compris.
La Manufacture, Château de Saint-Chamand
2, rue des Écoles.
Réservations : 04 90 85 12 71.
>> lamanufacture.org
Adaptation et mise en scène : François Rancillac.
Avec : Danielle Chinsky, Daniel Kenigsberg, Frédéric Révérend, François Rancillac.
Durée : 1 h.
À partir de 16 ans.
•Avignon Off 2019•
Du 8 au 24 juillet 2019.
Tous les jours à 10 h 45, relâche les 11 et 18.
De 10 h 45 à 12 h 45, trajet en navette compris.
La Manufacture, Château de Saint-Chamand
2, rue des Écoles.
Réservations : 04 90 85 12 71.
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