Luc Héry et Emmanuel Krivine © Radio France/Christophe Abramowitz.
Premier chef titulaire français de l'ONF depuis le départ de Jean Martinon en 1973, Emmanuel Krivine est l'homme bienveillant, érudit et plein d'humour que l'on connaît. Ce violoniste, devenu chef de l'Orchestre National de Lyon (1987-2000), de l'Orchestre Français des Jeunes et de l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg (2006-2015), fondateur de La Chambre Philharmonique, prend donc en main cette année le destin d'une des premières phalanges françaises. Son premier concert dans le bel Auditorium de Radio France était donc très attendu.
Il avait choisi pour la circonstance la "Passacaille pour orchestre" opus 1 d'Anton Webern, les "Quatre derniers Lieder" (opus 150) de Richard Strauss et la Symphonie en ré mineur de César Franck - qu'il avait déjà dirigée en 1995 à la tête de l'ONF. L'occasion de mettre en pratique sa philosophie de chef : un musicien qui partage son amour des œuvres avec l'orchestre dans un climat de confiance mutuelle.
La "Passacaille" - seule œuvre tonale (avec l'opus 2) du compositeur de la Seconde École de Vienne, élève d'Arnold Schönberg de 1904 à 1910 - pose les principes d'écriture typiques de Webern avec ses constants renouvellements, l'utilisation du silence et sa concision. D'une durée d'une dizaine de minutes, cette passacaille (une danse de cour au XVIIe siècle) est l'une des partitions les plus longues du compositeur.
Il avait choisi pour la circonstance la "Passacaille pour orchestre" opus 1 d'Anton Webern, les "Quatre derniers Lieder" (opus 150) de Richard Strauss et la Symphonie en ré mineur de César Franck - qu'il avait déjà dirigée en 1995 à la tête de l'ONF. L'occasion de mettre en pratique sa philosophie de chef : un musicien qui partage son amour des œuvres avec l'orchestre dans un climat de confiance mutuelle.
La "Passacaille" - seule œuvre tonale (avec l'opus 2) du compositeur de la Seconde École de Vienne, élève d'Arnold Schönberg de 1904 à 1910 - pose les principes d'écriture typiques de Webern avec ses constants renouvellements, l'utilisation du silence et sa concision. D'une durée d'une dizaine de minutes, cette passacaille (une danse de cour au XVIIe siècle) est l'une des partitions les plus longues du compositeur.
Emmanuel Krivine et l'ONF © Radio France/Christophe Abramowitz.
L'énergie rageuse, les oppositions rythmiques de la première œuvre assumée d'Anton Webern trouve ses excellents interprètes avec les musiciens du National. Son lyrisme fiévreux s'épanouit dans une orchestration subtile qui met en valeur tous les pupitres. Le violon de Luc Héry (1) chante dès l'entrée dans un solo superbe.
Composés entre mai et septembre 1948, quelques mois avant sa mort, les "Vier Letzte Lieder" de Richard Strauss forment un cycle testamentaire (2) sublime, du Printemps ("Frühling") au Crépuscule ("Im Abendrot") telle une vie qui jette un dernier regard sur son passé et ses tragédies intimes. Ultime chant du post-romantisme, l'œuvre pour soprano et orchestre (vrai composé alchimique pour la voix et l'orchestre) fascine par son lyrisme ténébreux et les prestiges ensorcelants d'une élévation rare.
Si les musiciens déroule ce superbe tapis sonore legato - notons les merveilleux solos du cor de Hervé Joulain et le bouleversant violon de Luc Héry ("Beim Schlafengehen"), les interventions des cuivres, des bois et en particulier des flûtes si décisives ("Im Abendrot") - la soprano Ann Petersen déçoit. Lignes musicales parfois approximatives en décalage avec l'orchestre, aigus assez stridents, vibrato envahissant, tout se révèle insuffisant - jusqu'à un timbre peu séduisant.
Composés entre mai et septembre 1948, quelques mois avant sa mort, les "Vier Letzte Lieder" de Richard Strauss forment un cycle testamentaire (2) sublime, du Printemps ("Frühling") au Crépuscule ("Im Abendrot") telle une vie qui jette un dernier regard sur son passé et ses tragédies intimes. Ultime chant du post-romantisme, l'œuvre pour soprano et orchestre (vrai composé alchimique pour la voix et l'orchestre) fascine par son lyrisme ténébreux et les prestiges ensorcelants d'une élévation rare.
Si les musiciens déroule ce superbe tapis sonore legato - notons les merveilleux solos du cor de Hervé Joulain et le bouleversant violon de Luc Héry ("Beim Schlafengehen"), les interventions des cuivres, des bois et en particulier des flûtes si décisives ("Im Abendrot") - la soprano Ann Petersen déçoit. Lignes musicales parfois approximatives en décalage avec l'orchestre, aigus assez stridents, vibrato envahissant, tout se révèle insuffisant - jusqu'à un timbre peu séduisant.
Emmanuel Krivine et l'ONF © Radio France/Christophe Abramowitz.
La sympathie (au sens étymologique) perceptible entre Emmanuel Krivine et son orchestre se confirme avec la "Symphonie en ré mineur" de César Franck. Appartenant à la troisième (et meilleure) époque créative du compositeur (en 1888), elle influencera durablement l'écriture de la génération suivante. Cyclique par son architecture, mélancolique et de haut ton, elle n'est pourtant guère passionnante ici. En cause un sentiment de statisme à l'écoute du Finale (guère mystique ici) et ses récapitulations des deux premiers mouvements.
Mais Emmanuel Krivine entame seulement sa recherche sonore avec l'ONF et son travail (avec les cordes par exemple) est un gage pour l'avenir. À l'écoute de cette transparence coloriste et raffinée - l'apanage des Français comme on le sait - la superbe "Barcarolle" d'Offenbach, le bis choisi par le chef, en offre la promesse la plus émouvante.
(1) Luc Héry est l'excellent premier violon de l'ONF.
(2) L'ordre des Lieder fut arrêté à la création de l'œuvre (posthume).
Concert disponible pendant six mois sur les sites de France Musique et Arte Concert.
Programme complet de l'Auditorium de Radio France :
>> maisondelaradio.fr
>> Programme de l'Orchestre National de France
Mais Emmanuel Krivine entame seulement sa recherche sonore avec l'ONF et son travail (avec les cordes par exemple) est un gage pour l'avenir. À l'écoute de cette transparence coloriste et raffinée - l'apanage des Français comme on le sait - la superbe "Barcarolle" d'Offenbach, le bis choisi par le chef, en offre la promesse la plus émouvante.
(1) Luc Héry est l'excellent premier violon de l'ONF.
(2) L'ordre des Lieder fut arrêté à la création de l'œuvre (posthume).
Concert disponible pendant six mois sur les sites de France Musique et Arte Concert.
Programme complet de l'Auditorium de Radio France :
>> maisondelaradio.fr
>> Programme de l'Orchestre National de France