© Simon Gosselin.
"Des viandes dans des blocs de béton"… Les mots qu'a Wajdi Mouawad sur les HLM, appelés aussi pompeusement "Grands ensembles" lors de leur création, sont cruels pour ceux qui peuvent y habiter bien qu'ils visent l'architecture.
Étrange ce mot qui résonne plus d'une fois. Il n'est pas anodin, surtout venu de la plume alerte et acérée de Mouawad. "Viande" comme ce corps retrouvé sans vie, celui de Camille lors d'une période de répétitions, élève de ce groupe de théâtre qui joue la pièce ? "Viandes", ces corps allongés après les attentats du 13 novembre 2015 au moment où Mouawad travaillait avec ses élèves . Une viande est un corps sans âme et sans conscience.
Tout tourne autour de ce mot accompagné de ce cri de révolte et de rébellion de jeunes en proie à un monde sacrifié de ses rêves et de ses espoirs. Le dramaturge traite ainsi de la rencontre entre une partie "morte", sans vie, qui se résigne, et ce besoin de se révolter contre sa propre condition. L'instinct de survie contre l'instinct de mort.
Étrange ce mot qui résonne plus d'une fois. Il n'est pas anodin, surtout venu de la plume alerte et acérée de Mouawad. "Viande" comme ce corps retrouvé sans vie, celui de Camille lors d'une période de répétitions, élève de ce groupe de théâtre qui joue la pièce ? "Viandes", ces corps allongés après les attentats du 13 novembre 2015 au moment où Mouawad travaillait avec ses élèves . Une viande est un corps sans âme et sans conscience.
Tout tourne autour de ce mot accompagné de ce cri de révolte et de rébellion de jeunes en proie à un monde sacrifié de ses rêves et de ses espoirs. Le dramaturge traite ainsi de la rencontre entre une partie "morte", sans vie, qui se résigne, et ce besoin de se révolter contre sa propre condition. L'instinct de survie contre l'instinct de mort.
© Simon Gosselin.
La pièce est découpée selon trois grands tableaux qui relatent des événements après la mort de Camille. Fiction et réalité se croisent autour de ce canevas où les relations de camaraderie, d'amitiés floutées et de rapports humains tendus, trompeurs, sarcastiques, voire mensongers, posent la question de la responsabilité de chacun sur la "vie" de l'autre.
C'est aussi la mise en exergue des comportements d'une génération, celle des parents, qui se trouve être condamnée par la génération de leurs enfants qui se sent sacrifiée sur l'autel de la société de consommation. Wajdi Mouawad a décidé de traiter ces différentes thématiques au travers d'une violence physique et morale, celle d'un suicide. Il a, à cet égard, pris le contre-pied de la construction d'un acteur unique pour la création du personnage représentant cette génération de jeunes, en le faisant jouer par dix-huit protagonistes.
Dans un même souffle, tous les personnages expriment leur "révolte" en donnant ensemble leur point de vue par rapport à la société dans laquelle ils vivent. Cette scène, originale entre toutes, est toutefois un peu longue. "L'exercice" est difficile car demandant un sens de la mesure et une élocution sans failles des dix-huit comédiens. Quels sont tous les ressorts psychologiques d'un groupe ? Qu'est-ce qui peut les unir ou les désunir ? Ces questions sont les ricochets d'une autre question qui est de savoir ce qui relie une génération à une autre.
C'est aussi la mise en exergue des comportements d'une génération, celle des parents, qui se trouve être condamnée par la génération de leurs enfants qui se sent sacrifiée sur l'autel de la société de consommation. Wajdi Mouawad a décidé de traiter ces différentes thématiques au travers d'une violence physique et morale, celle d'un suicide. Il a, à cet égard, pris le contre-pied de la construction d'un acteur unique pour la création du personnage représentant cette génération de jeunes, en le faisant jouer par dix-huit protagonistes.
Dans un même souffle, tous les personnages expriment leur "révolte" en donnant ensemble leur point de vue par rapport à la société dans laquelle ils vivent. Cette scène, originale entre toutes, est toutefois un peu longue. "L'exercice" est difficile car demandant un sens de la mesure et une élocution sans failles des dix-huit comédiens. Quels sont tous les ressorts psychologiques d'un groupe ? Qu'est-ce qui peut les unir ou les désunir ? Ces questions sont les ricochets d'une autre question qui est de savoir ce qui relie une génération à une autre.
© Simon Gosselin.
Au travers du deuil de Camille, se mêlent le récit de la rencontre d'une comédienne avec Mouawad, une revendication de la "jeunesse" par rapport à la société dans laquelle ils vivent et une "dénonciation" du mode de vie de la société de consommation qui, au travers de ces HLM, fait de l'humain un objet.
La pièce se décompose en trois temps. Le premier, quand Hayet Darwich raconte sa rencontre avec l'auteur. Nous sommes ainsi dans une phase de contact, de rencontre, d'espoir, d'avenir. L'autre est ainsi intégré. Un deuxième où se retrouvent tous les protagonistes parlant d'une seule et même voix. C'est une phase de revendication, de résignation où c'est le présent qui est joué. L'autre est ainsi inclus dans le même univers.
Et un troisième tableau où le groupe se déchire dans des propos où violences physique et morale alternent. Là, c'est une phase appelant le passé, autour d'un drame, d'un échec. D'autres moments viennent s'immiscer comme cette situation où chaque personnage danse sa propre danse, sur le même tempo mais seul. L'individualisme trône dans ces déhanchements, dans cette non-écoute du partenaire où la musique est suffisamment forte pour se sentir seul. L'autre se retrouve ainsi éjecté.
La pièce se décompose en trois temps. Le premier, quand Hayet Darwich raconte sa rencontre avec l'auteur. Nous sommes ainsi dans une phase de contact, de rencontre, d'espoir, d'avenir. L'autre est ainsi intégré. Un deuxième où se retrouvent tous les protagonistes parlant d'une seule et même voix. C'est une phase de revendication, de résignation où c'est le présent qui est joué. L'autre est ainsi inclus dans le même univers.
Et un troisième tableau où le groupe se déchire dans des propos où violences physique et morale alternent. Là, c'est une phase appelant le passé, autour d'un drame, d'un échec. D'autres moments viennent s'immiscer comme cette situation où chaque personnage danse sa propre danse, sur le même tempo mais seul. L'individualisme trône dans ces déhanchements, dans cette non-écoute du partenaire où la musique est suffisamment forte pour se sentir seul. L'autre se retrouve ainsi éjecté.
© Simon Gosselin.
La mise en scène débute par une personne, puis par un groupe et se finit par un ensemble d'individualités où chacun fait étalage de ses états d'âme. La détresse est très bien incarnée collectivement. La colère est toutefois un peu trop montrée. Le désespoir ou la peur, voire l'effroi de la responsabilité, supposée ou non, d'un suicide aurait pu donner des couleurs différentes à la gamme des émotions. La scène de "disputes" est, d'un bout à l'autre, une compilation de colères, d'engueulades, mais aussi de pleurs renfrognés et de regards perdus.
Tous sont victimes collatérales ou directes d'une époque, celle d'une génération, d'une situation, celle du suicide de Camille, d'un événement, celui des attentats de Paris où cette troupe montait avec l'auteur leur projet. La fable rejoint la réalité de bout en bout, ce qui rend celle-ci tragiquement théâtrale. L'inspiration a eu pour source des événements réels, les comédiens jouant leur propre rôle dans une période qui est la nôtre. Il était difficile de faire plus actuel.
Tous sont victimes collatérales ou directes d'une époque, celle d'une génération, d'une situation, celle du suicide de Camille, d'un événement, celui des attentats de Paris où cette troupe montait avec l'auteur leur projet. La fable rejoint la réalité de bout en bout, ce qui rend celle-ci tragiquement théâtrale. L'inspiration a eu pour source des événements réels, les comédiens jouant leur propre rôle dans une période qui est la nôtre. Il était difficile de faire plus actuel.
"Notre innocence"
© Simon Gosselin.
Inspiré du texte "Victoires", paru en janvier 2017 aux éditions Leméac/Actes Sud-Papiers.
Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad.
Assistanat à la mise en scène : Vanessa Bonnet.
Avec : Emmanuel Besnault, Maxence Bod, Mohamed Bouadla, Sarah Brannens, Théodora Breux, Hayet Darwich, Lucie Digout, Jade Fortineau, Julie Julien, Maxime Le Gac‑Olanié, Hatice Özer, Lisa Perrio, Simon Rembado, Charles Segard‑Noirclère, Paul Toucang, Étienne Lou, Mounia Zahzam, Yuriy Zavalnyouk et Inès Combier, Aimée Mouawad, Céleste Segard (en alternance).
Musique originale : Pascal Sangla.
Scénographie : Clémentine Dercq.
Lumières : Gilles Thomain.
Costumes : Isabelle Flosi.
Son : Émile Bernard, Sylvère Caton.
Régie : Laurie Barrère.
Durée : 2 h 10.
Texte et mise en scène : Wajdi Mouawad.
Assistanat à la mise en scène : Vanessa Bonnet.
Avec : Emmanuel Besnault, Maxence Bod, Mohamed Bouadla, Sarah Brannens, Théodora Breux, Hayet Darwich, Lucie Digout, Jade Fortineau, Julie Julien, Maxime Le Gac‑Olanié, Hatice Özer, Lisa Perrio, Simon Rembado, Charles Segard‑Noirclère, Paul Toucang, Étienne Lou, Mounia Zahzam, Yuriy Zavalnyouk et Inès Combier, Aimée Mouawad, Céleste Segard (en alternance).
Musique originale : Pascal Sangla.
Scénographie : Clémentine Dercq.
Lumières : Gilles Thomain.
Costumes : Isabelle Flosi.
Son : Émile Bernard, Sylvère Caton.
Régie : Laurie Barrère.
Durée : 2 h 10.
© Simon Gosselin.
Du 14 mars au 11 avril 2018.
Du mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Théâtre National de La Colline, Grand Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
>> colline.fr
Du mercredi au samedi à 20 h 30, mardi à 19 h 30 et dimanche à 15 h 30.
Théâtre National de La Colline, Grand Théâtre, Paris 20e, 01 44 62 52 52.
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