© Patrick Berger.
La chorégraphie est découpée en différents segments artistiques, théâtre et danse se donnant la répartie. Le spectacle démarre avec des paroles lancées par un artilleur d’Afrique noire. Plainte, complainte ou revendication, l’élocution prête peu à la compréhension. Elle est surtout révélatrice d’une parole qui se perd, qui n’a pas de réponse car aucune oreille n’est à l’écoute.
Ce sont des séquences, des bouts de narration, des scènes de combat où la violence des mouvements est absente. Ici, c’est la violence de l’Histoire qui est mise en avant. Ce sont des mises en situations où la guerre, sans cri et sans sang, étale son drapeau. Elle transpire dans les mouvements des danseurs, dans leurs positions sur scène, dans leurs gestuelles. Nous devinons la guerre, nous la sentons car jouée et appréhendée par les danseurs.
Sur scène, de très beaux tableaux se déroulent dans lesquels les danseurs déploient une gestuelle physique. Il y a un parti-pris artistique de la chorégraphe, Chantal Loïal, avec une danse mondaine occidentale qui vient cohabiter avec le Sabar, danse du Sénégal, le Gwoka de la Guadeloupe et le Bèlè de la Martinique.
Cette mosaïque de danses "exotiques", adjectif utilisé au début du siècle dernier pour désigner les danses venues du continent africain ou d’ailleurs, accompagne cette mixité des colonies dans les tranchées. Les danses accompagnent des soldats vers un même destin, celui de la Mort. Face à la Mort, les hommes sont égaux. Face à la guerre et aux tranchées, l’ont-ils été ?
Ce sont des séquences, des bouts de narration, des scènes de combat où la violence des mouvements est absente. Ici, c’est la violence de l’Histoire qui est mise en avant. Ce sont des mises en situations où la guerre, sans cri et sans sang, étale son drapeau. Elle transpire dans les mouvements des danseurs, dans leurs positions sur scène, dans leurs gestuelles. Nous devinons la guerre, nous la sentons car jouée et appréhendée par les danseurs.
Sur scène, de très beaux tableaux se déroulent dans lesquels les danseurs déploient une gestuelle physique. Il y a un parti-pris artistique de la chorégraphe, Chantal Loïal, avec une danse mondaine occidentale qui vient cohabiter avec le Sabar, danse du Sénégal, le Gwoka de la Guadeloupe et le Bèlè de la Martinique.
Cette mosaïque de danses "exotiques", adjectif utilisé au début du siècle dernier pour désigner les danses venues du continent africain ou d’ailleurs, accompagne cette mixité des colonies dans les tranchées. Les danses accompagnent des soldats vers un même destin, celui de la Mort. Face à la Mort, les hommes sont égaux. Face à la guerre et aux tranchées, l’ont-ils été ?
© Patrick Berger.
Sur scène, le Sabar, danse où les membres supérieurs et inférieurs exécutent des mouvements courts et rapides, dans un rapport au sol rapide et vif, cohabite avec le Gwoka, danse où la plante des pieds au sol est "glissée", dans des mouvements moins rapides.
Les danses sont variées comme les combattants venant de différentes contrées et qui composaient la force noire du lieutenant-colonel Mangin. "La force noire" de Mangin, livre écrit en 1910, a été créée pendant la 1ère guerre mondiale avec pour éléments des tirailleurs d’Afrique occidentale française. Mangin considérait que l’homme d’Afrique "naissait plus soldat que guerrier". Chantal Loïal met en scène les noirs d’Afrique et des Antilles en compagnie des blancs de métropole dans les tranchées.
Les scènes sont "décentrées" dans son rapport à l’espace avec peu de synchronisations entre les danseurs. Ils ont leurs propres mouvements sans pour autant que le rythme ne soit bousculé entre eux. Tout est théâtral. Les marches sont autant artistiques que militaires. Les rapports entre les danseurs, dans les solos ou les danses de groupe, donnent à la chorégraphie un parfum d’individualisme, un chacun pour soi guerrier qui fait des moments de danses presque enchevêtrés entre eux comme des soldats au combat.
Chantal Loïal met en exergue cette mixité de conditions entre européens et soldats. L’hommage est artistiquement intéressant car elle fait de la danse le reflet d’un moment historique. Les danseurs sont surtout des danseuses. Nous pouvons aussi y voir, par extension et pour prendre une grille de lecture contemporaine, un hommage aux femmes, mises en "première ligne" en France, ou ailleurs, sans pour autant que leurs conditions sociales ne soient égales à celles des hommes.
Les danses sont variées comme les combattants venant de différentes contrées et qui composaient la force noire du lieutenant-colonel Mangin. "La force noire" de Mangin, livre écrit en 1910, a été créée pendant la 1ère guerre mondiale avec pour éléments des tirailleurs d’Afrique occidentale française. Mangin considérait que l’homme d’Afrique "naissait plus soldat que guerrier". Chantal Loïal met en scène les noirs d’Afrique et des Antilles en compagnie des blancs de métropole dans les tranchées.
Les scènes sont "décentrées" dans son rapport à l’espace avec peu de synchronisations entre les danseurs. Ils ont leurs propres mouvements sans pour autant que le rythme ne soit bousculé entre eux. Tout est théâtral. Les marches sont autant artistiques que militaires. Les rapports entre les danseurs, dans les solos ou les danses de groupe, donnent à la chorégraphie un parfum d’individualisme, un chacun pour soi guerrier qui fait des moments de danses presque enchevêtrés entre eux comme des soldats au combat.
Chantal Loïal met en exergue cette mixité de conditions entre européens et soldats. L’hommage est artistiquement intéressant car elle fait de la danse le reflet d’un moment historique. Les danseurs sont surtout des danseuses. Nous pouvons aussi y voir, par extension et pour prendre une grille de lecture contemporaine, un hommage aux femmes, mises en "première ligne" en France, ou ailleurs, sans pour autant que leurs conditions sociales ne soient égales à celles des hommes.
"Noir de boue et d’obus"
"Noir de boue et d’obus"
Pièce chorégraphique de la Compagnie Difé Kako.
Directrice artistique et chorégraphe : Chantal Loïal.
Assistante chorégraphique : Julie Sicher.
Avec : Louise Crivellaro, Mariama Diedhiou, Alseye Ndao, Julie Sicher.
Costumes : Michèle Sicher.
Compositeur : Pierre Boscheron.
Créateur lumière/vidéaste : Stéphane Bottard.
Collaboration artistique : Delphine Bachacou, Fanny Vignals, Vincent Byrd Le Sage et Matthias Groos.
Durée : 55 minutes.
Tournée
20 et 21 mars 2014 : La Merise, Trappes (78).
10 et 11 avril 2014 : La Maison des Arts, Lingolsheim (67).
29 et 30 avril 2014 : CMAC, Fort de France (Martinique).
6 mai 2014 : à la Trinité (Martinique).
Du 5 au 27 juillet 2014 : Théâtre Golovine, Festival Off d’Avignon (84).
Pièce chorégraphique de la Compagnie Difé Kako.
Directrice artistique et chorégraphe : Chantal Loïal.
Assistante chorégraphique : Julie Sicher.
Avec : Louise Crivellaro, Mariama Diedhiou, Alseye Ndao, Julie Sicher.
Costumes : Michèle Sicher.
Compositeur : Pierre Boscheron.
Créateur lumière/vidéaste : Stéphane Bottard.
Collaboration artistique : Delphine Bachacou, Fanny Vignals, Vincent Byrd Le Sage et Matthias Groos.
Durée : 55 minutes.
Tournée
20 et 21 mars 2014 : La Merise, Trappes (78).
10 et 11 avril 2014 : La Maison des Arts, Lingolsheim (67).
29 et 30 avril 2014 : CMAC, Fort de France (Martinique).
6 mai 2014 : à la Trinité (Martinique).
Du 5 au 27 juillet 2014 : Théâtre Golovine, Festival Off d’Avignon (84).