© Christophe Loiseau.
Il en est souvent ainsi dans ce vaste espace qu'est le théâtre : la place accordée au "théâtre d'objets" est bien trop minime et, à nos yeux, reste bien trop méconnue. Et pourtant, ce dernier existe depuis les années quatre-vingt, et c'est d'ailleurs à cette époque que l'expression a été inventée.
Nous en avons d'ailleurs pour preuve, l'existence du Festival Marto qui existe depuis vingt ans et qui, chaque année, dans les Hauts-de-Seine, témoigne de sa vitalité. Ou encore, la Biennale urbaine des Arts de la marionnette de Pantin.
Car il en est question, de ce "théâtre d'objets", dans "Move on over or we'll move over you", pièce de Stéphanie Farison du CollectfifF71. À bien y regarder, quelle autre source d'inspiration que celle de l'histoire des Black Panthers aurait pu convenir autant à ce projet du Collectif et à sa metteuse en scène ? Certes, ici, pas de marionnettes ni "d'objets" à proprement parler, car il y est davantage question de sérigraphie, de ses outils et de son mode d'expression. En un mot, de la force de l'image et de tout ce que cette dernière implique. Dans notre monde où l'image-objet fait loi depuis bien longtemps, l'hommage irréfutable qui lui est porté dans ce spectacle est remarquablement traité.
Nous en avons d'ailleurs pour preuve, l'existence du Festival Marto qui existe depuis vingt ans et qui, chaque année, dans les Hauts-de-Seine, témoigne de sa vitalité. Ou encore, la Biennale urbaine des Arts de la marionnette de Pantin.
Car il en est question, de ce "théâtre d'objets", dans "Move on over or we'll move over you", pièce de Stéphanie Farison du CollectfifF71. À bien y regarder, quelle autre source d'inspiration que celle de l'histoire des Black Panthers aurait pu convenir autant à ce projet du Collectif et à sa metteuse en scène ? Certes, ici, pas de marionnettes ni "d'objets" à proprement parler, car il y est davantage question de sérigraphie, de ses outils et de son mode d'expression. En un mot, de la force de l'image et de tout ce que cette dernière implique. Dans notre monde où l'image-objet fait loi depuis bien longtemps, l'hommage irréfutable qui lui est porté dans ce spectacle est remarquablement traité.
© Christophe Loiseau.
Mais, ici, il s'agit surtout de l'image comme force de propagande et de combat. La scénographie de ce spectacle, taillée au cordeau et menée de main de maître par les deux comédiens et la comédienne, lui permet de prendre vie à part entière et d'être, à elle seule, un élément intrinsèque qui danse véritablement sur le plateau. Le graphisme de ces dernières, réinventé de libres choix et par pure volonté esthétique par la metteuse en scène, est un mélange de poésie et de sensibles revendications.
Les centaines de dessins qui seront proposés au parti pour son vaste programme par le graphiste Emory Douglas, vivent littéralement de manière revisitée sur le plateau, sous les doigts agiles des interprètes, et virevoltent littéralement dans une danse chorégraphique formidablement plastique, hautement esthétique et maîtrisée.
"Je souhaite que le spectateur ressente le concret de la réalisation des affiches en temps réel dans le fait d'explorer les possibilités qu'offre ce processus de fabrication en direct sur scène et les actions concrètes qui la jalonnent", Stéphanie Farison. Le spectacle y parvient remarquablement.
Combattre le racisme alors que, pourtant, tout avait déjà été tenté ! Tel était le but du BPP (le Black Panther Party), ce mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d'inspiration marxiste-léniniste et maoïste né en Californie qui visait à combattre le capitalisme et l'impérialisme.
Les centaines de dessins qui seront proposés au parti pour son vaste programme par le graphiste Emory Douglas, vivent littéralement de manière revisitée sur le plateau, sous les doigts agiles des interprètes, et virevoltent littéralement dans une danse chorégraphique formidablement plastique, hautement esthétique et maîtrisée.
"Je souhaite que le spectateur ressente le concret de la réalisation des affiches en temps réel dans le fait d'explorer les possibilités qu'offre ce processus de fabrication en direct sur scène et les actions concrètes qui la jalonnent", Stéphanie Farison. Le spectacle y parvient remarquablement.
Combattre le racisme alors que, pourtant, tout avait déjà été tenté ! Tel était le but du BPP (le Black Panther Party), ce mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine d'inspiration marxiste-léniniste et maoïste né en Californie qui visait à combattre le capitalisme et l'impérialisme.
© CollectifF71.
C'est de façon très esthétique que le spectacle de la CompagnieF71 convoque la conception politique de l'art en déployant sur scène la création sérigraphique en live des affiches élaborées par les Black Panthers.
"L'art révolutionnaire est un outil de propagande", dira Emory Douglas, l'artiste-graveur officiel des BPP de 1967 à sa dissolution en 1980.
Ce qui caractérise le travail du CollectifF71, c'est l'interrogation du réel, de l'Histoire, des luttes et l'usage de matériaux dramaturgiques diversifiés pour créer une écriture scénique (archives, textes littéraires, articles, dessins, paroles, matériaux du réel non théâtraux).
Ici, le pari est largement gagné. Le spectacle convoque également la musique des années soixante-dix et des tubes de l'époque. Cela lui apporte un supplément d'âme, et tout particulièrement à cet atelier entièrement imaginé par Stéphanie Farison dans lequel bout et foisonne un besoin de lutte irrépressible. Le chant, remarquablement interprété par Camille Léon-Fucien, décuple tout en force et subtilité ce combat qui fut celui des Black Panthers. Les deux autres comédiens, Joris Avado et Maxence Bod interprètent brillamment, de façon viscérale et comme organique, cette lutte des Black Panthers dont les historiens disent qu'elle a été pour le moins "invisibilisée" et trop simplifiée…
"L'art révolutionnaire est un outil de propagande", dira Emory Douglas, l'artiste-graveur officiel des BPP de 1967 à sa dissolution en 1980.
Ce qui caractérise le travail du CollectifF71, c'est l'interrogation du réel, de l'Histoire, des luttes et l'usage de matériaux dramaturgiques diversifiés pour créer une écriture scénique (archives, textes littéraires, articles, dessins, paroles, matériaux du réel non théâtraux).
Ici, le pari est largement gagné. Le spectacle convoque également la musique des années soixante-dix et des tubes de l'époque. Cela lui apporte un supplément d'âme, et tout particulièrement à cet atelier entièrement imaginé par Stéphanie Farison dans lequel bout et foisonne un besoin de lutte irrépressible. Le chant, remarquablement interprété par Camille Léon-Fucien, décuple tout en force et subtilité ce combat qui fut celui des Black Panthers. Les deux autres comédiens, Joris Avado et Maxence Bod interprètent brillamment, de façon viscérale et comme organique, cette lutte des Black Panthers dont les historiens disent qu'elle a été pour le moins "invisibilisée" et trop simplifiée…
© Jeanne Bodelet.
Pas d'invisibilité dans leur jeu respectif, loin de là ! Bien au contraire. Les Black Panthers, par leur biais, revivent sous nos yeux et confèrent à ce spectacle des élans intrinsèques qui pourraient être largement contemporains et renaître…
"Il s'agit de traquer l'énergie, les intensités à l'œuvre qui, en deçà des discours, accompagnent les prises de consciences individuelles et convoquent les actions collectives pour penser le soulèvement", CollectifF71.
Sans tout ce travail particulier, parions que ce spectacle aurait pu basculer dans l'écueil de la simple évocation historique et factuelle, écueil dans lequel Stéphanie Farison et son équipe ne sont heureusement pas tombées.
Spectacle vu le mardi 5 décembre 2023 au CDN de Nancy.
"Il s'agit de traquer l'énergie, les intensités à l'œuvre qui, en deçà des discours, accompagnent les prises de consciences individuelles et convoquent les actions collectives pour penser le soulèvement", CollectifF71.
Sans tout ce travail particulier, parions que ce spectacle aurait pu basculer dans l'écueil de la simple évocation historique et factuelle, écueil dans lequel Stéphanie Farison et son équipe ne sont heureusement pas tombées.
Spectacle vu le mardi 5 décembre 2023 au CDN de Nancy.
"Move on over or we'll move on over you"
© Christophe Loiseau.
Texte : Stéphanie Farison (texte lauréat des encouragements à l'écriture - ARTCENA).
Mise en scène : Stéphanie Farison.
Assistante à la mise en scène : Fanny Gayard.
Collaboration dramaturgique : Lucie Nicolas.
Avec : Joris Avado, Maxence Bod, Camille Léon-Fucien.
Scénographie : Lucie Auclair
Création sonore : Éric Recordier
Création lumière : Laurence Magnée + Émeric Teste
Régie et construction + construction additionnelle : Lucas Rémon, Max Potiron.
Tout public à partir de 13 ans.
Projet du CollectifF71 créé le 2 mars 2023, aux Transversales de Verdun (55)
A été représenté au Théâtre de la Manufacture - CDN Nancy Lorraine, à Nancy, du 5 décembre au 8 décembre 2023.
Tournée
9 février 2024 : Centre Culturel Houdremont, La Courneuve (93).
10 mars 2024 : L'Azimut - Théâtre Firmin Gémier La Piscine,Festival MARTO, Chatenenay-Malabry (92).
Mise en scène : Stéphanie Farison.
Assistante à la mise en scène : Fanny Gayard.
Collaboration dramaturgique : Lucie Nicolas.
Avec : Joris Avado, Maxence Bod, Camille Léon-Fucien.
Scénographie : Lucie Auclair
Création sonore : Éric Recordier
Création lumière : Laurence Magnée + Émeric Teste
Régie et construction + construction additionnelle : Lucas Rémon, Max Potiron.
Tout public à partir de 13 ans.
Projet du CollectifF71 créé le 2 mars 2023, aux Transversales de Verdun (55)
A été représenté au Théâtre de la Manufacture - CDN Nancy Lorraine, à Nancy, du 5 décembre au 8 décembre 2023.
Tournée
9 février 2024 : Centre Culturel Houdremont, La Courneuve (93).
10 mars 2024 : L'Azimut - Théâtre Firmin Gémier La Piscine,Festival MARTO, Chatenenay-Malabry (92).