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"Mon vacarme fut silencieux"... Découverte d'une auteure : Manon Chircen

La chronique d'Isa-belle L

À Paris, Septembre 2014, rive gauche, a atterri pour la seconde fois un OVNI. Un "Objet volant non identifié" avec à son bord du spectacle vivant. Bien vivant. Je n'ai pas osé l'approcher l'an passé. La peur sans doute ! Le manque de temps... assurément. Ce soir, j'ai franchi le pas. C'est si près de chez moi. Dans le XIVe de Paris. Non loin des théâtres de la Gaité ou d'Edgar qui côtoient le Guichet tous trois cousins du petit et du grand Montparnasse.



© DR.
L'OVNI s'est posé et étalé sur 8 jours. Dans notre jargon, on l'appellerait "festival". Un mini Avignon. Osons.
OVNI dans le XIVe signifie : objet vivant non identifié. Rive gauche tout change ! Je vous jure, amis de Rive droite, venez nous rendre visite, il se passe tellement de choses ici.

Comme ce soir-là, où j'ai osé affronter cet Ovni, j'ai eu comme une apparition. Alors que je me trouvais assise tranquillement derrière un bar éphémère mis en place pour l'occasion (OVNI, c'est une fois dans l'année seulement), voilà qu'on me propose d'assister à un des spectacles.

- "Je pense que tu vas aimer."

C'est une charmante jeune fille qui me l'a dit. Et cette charmante enfant, qui ressemble à une amie à moi, n'est autre que l'instigatrice de l'événement. Delphine Roudaut, pour les curieux et les fans de beaux yeux.

Je suis donc son conseil. Je m'installe dans cette grande salle où des chaises attendent les spectateurs du week-end, venus de tous les arrondissements de Paname. Les Ovni se font rares aussi… Pas de soucoupe à l'horizon, quelques lumières et un plateau sur lequel déjà, sont positionnés des comédiens.

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La pièce de théâtre s'appelle : "Mon vacarme fut silencieux". Le titre me plaît. Beaucoup.
Silence dans la salle. Le spectacle vivant pas encore identifié démarre. La comédienne, franco-italienne, nous dit : "Je vais bien", nous aussi. Moi aussi. C'est parti, je décolle. Avec eux. Cette joyeuse bande de comédiens qui nous embarque dans leur histoire d'Amours. Avec un grand A et au pluriel, ça tombe du ciel !

L'AMOUR, l'amour qui nous envahit, qui nous transcende, qui nous effraie aussi. Qu'attend-on de l'amour ? Les vibrations, les émotions, les pulsions, les tentations ? C'est quoi l'amour ? Aimer ? Jusqu'où ? Comment ? Combien de temps ? Pourquoi on aime tant ? Et soudain, moins ?

Ce qui est beau et réussi dans cette pièce, de mes yeux de romantique avertie, ce sont les différents regards apportés par cette jeune auteure, sur cet incontournable sujet qu'est l'amour - l'amour et ses dérives, l'amour et ses surprises, l'amour et la passion, l'amour et la fin d'une relation, l'amour à mort, AMORE - mais pas du point de vue unique de la femme. Celle qu'on croit toujours plus vulnérable, plus fragile, plus faible et souvent plus incontrôlable. Dans ce spectacle, les hommes s'interrogent, s'énervent, s'effondrent. Un homme amoureux, transi de passion, aimanté à une femme dont le corps, la voix, soudain, viennent à disparaître de sa vie, craque devant nous. Épatant d'ailleurs ce comédien.

Spectacle extra-terrestre. Extraordinaire de trouvailles et tellement humain. Émouvant, captivant, renversant. Troublant. Un OVNI, clairement.

L'auteure prodige de cette pièce s'appelle Manon Chircen, elle est jeune, si jeune. Comment a-t-elle pu écrire si bien l'amour, déjà ? En connaître tant sur les remous, les éclats de verre, les cris, les larmes qu'on retient quand on ne sait plus quoi faire ?

Sur ma chaise, seule dans cette salle quasi noire, j'ai été traversée d'émotions diverses. Je regardais les gens autour de moi. Captivés le plus souvent, concentrés indéniablement. Les rires, parfois, fusaient. Parce que le talent de cette auteure c'est d'avoir su mêler l'humour au drame sans jamais en abuser. Il y a des scènes croustillantes à souhait (les deux cow-boys, l'ange et son nuage…) et des moments de bouillonnement où s'entremêlent montée de larmes et cœur qui s'emballe.

Un phénomène. Un étrange et formidable phénomène s'est posé à l'ACSEMD (lieu de la représentation, 6 bis, rue Hyppolite Maindron, Paris XIVe).

Un phénomène qui laisse des traces. Longtemps après, même.

OVNI : objet volant non identifié. Nombreux sont les sceptiques sur leur réelle existence. Malgré "De Funès ou Villeret", malgré "la Rencontre du troisième type", moi aussi, je reste perplexe.

Mais cet OVNI-là, celui qui se pose sur le XIVe, discrètement, depuis deux ans maintenant, mérite qu'on s'y arrête et qu'on le visite. Vraiment. Entrez pour voir et vous y découvrirez des pépites. Comme moi, l'autre soir.

Un objet vivant non identifié mais cela ne saurait tarder, qu'il soit parfaitement identifié. Je ne crois pas aux ovnis mais je crois au spectacle vivant, aux mots parfaitement choisis, aux textes bien écrits et au talent de cette jeunesse, que trop souvent on oublie.

Manon Chircen a, je crois, 23 ans. Il est temps, amis du théâtre vivant, de laisser la place aux auteures, à ces femmes, qui très souvent, écrivent des œuvres atypiques et si surprenantes.

Que ce "Vacarme silencieux" résonne longtemps dans les tympans du public de tous les arrondissements de Paris.

Que ce fantastique "Vacarme silencieux" s'impose dans notre pays, où le spectacle vivant, je le souhaite, restera identifié et identifiable à VIE.

"Mon vacarme fut silencieux"
Création de Mano Chircen.

Avec : Aurélie Barrin, Flavien Bellec, Joséphine Constantin, Thibault Villette, Eugénie Soulard.
Camille Doucet créa le rôle interprété par Joséphine Constantin.

Isabelle Lauriou
Mercredi 8 Octobre 2014
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