Théâtre

Les mots du peintre comme empreinte, comme parfum

"Van Gogh, autoportrait", Le Lucernaire, Paris

Jean O’Cottrell, qui crée "Van Gogh, autoportrait", est un comédien qui sait raconter. À sa manière. Dans une forme de distance chaleureuse avec les mots, il dit Van Gogh ; et le spectateur, avec bonheur, rencontre le peintre qui converse, en toute liberté, franchise et affection, avec son frère. Le comédien délivre des signes discrets pour fixer le cadre. Pour lui, une barbe taillée un peu roussie, autour de lui, une valise, une chaise, un fauteuil, un châssis, une palette, des iris. Éléments d’une évocation.



© DR.
Dans une grande maitrise de jeu, Jean O’Cottrell refuse d’entrer dans un quelconque personnage, de poser quelque décor que ce soit .Il laisse se développer les passions qui sous tendent le texte.

À la manière d’une archéologie respectueuse de son sujet, il sollicite un face à face fructueux entre le récit et le public. Ce travail rigoureux donne du relief et de l’intensité. Créant de fait une intimité de qualité, justement et discrètement appuyée par la musique de Jean-Marie Sénia.

Le comédien, par touches successives, imprègne l’espace de la scène de la présence du peintre. Lui donne une cohérence tout humaine.

Au final, lorsque le comédien salue, il semble se détacher des interstices de la représentation, de la scène. Celle-ci est chargée d’émotion. C’est bien dans l’atelier que le peintre vient de quitter que le spectacle a eu lieu. Les mots du peintre comme empreinte, comme parfum. "Van Gogh, autoportrait" est une œuvre de cénesthésie réussie.

"Van Gogh, autoportrait"

© DR.
(Vu le 14 septembre 2011)
De et par Jean O’Cottrell.
D’après des textes tirés de la correspondance de Vincent van Gogh et de Van Gogh le suicidé de la société d’Antonin Artaud.
Compagnon artistique : François Chattot.
Musique : Jean-Marie Sénia.
Régie générale : Antoine Barre-Foncelle.
Création lumières : Gérard Bonnot.
Accessoiriste : Claire Vaysse.

Spectacle du 14 septembre au 5 novembre 2011.
Du mardi au samedi à 21 h.
Durée : 1 h 10.
Théâtre le Lucernaire, salle Le Paradis, Paris 6e.
01 45 44 57 34. www.lucernaire.fr

Jean Grapin
Lundi 26 Septembre 2011
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