"Les femmes savantes" © Harmony U.
Le festival en est à sa dix-huitième édition. La programmation est composée de "Don Juan" (1630) de Tirso de Molina (1580 env.-1648), "Les femmes savantes" (1672) de Molière (1622-1673) et "Entre deux tempêtes" d'après William Shakespeare (1564-1616) et Aimé Césaire (1913-2008).
Représenter "Les femmes savantes" aujourd'hui, c'est un peu regarder cette époque avec gourmandise. Le monde, dans lequel nous vivons, a fait de l'information la maîtresse, à tort ou à raison, de nos conduites. Dans "Les femmes savantes", il n'est pas question de l'information mais du "savoir", sa cousine très éloignée. Molière nous emmène à une période où la culture était très peu démocratisée et où le beau sexe voulait être aux prises avec ce savoir, chasse gardée élitiste de ces messieurs. La pièce met en exergue l'avidité que l'on peut avoir de faire montre de ses connaissances quand de nos jours, nous essayons de ne pas perdre pied face à une invasion d'informations.
La musique de Lionel Losada nous plonge dans une atmosphère baroque. La mise en scène de Loïc Fieffé est tissée d'une série d'espiègleries de jeu donnant à la pièce un cachet de surprises, d'amusements où le vers châtié de Molière devient souffle de spontanéité. Le comique de la gestuelle fait cause commune avec l'humour des répliques.
Représenter "Les femmes savantes" aujourd'hui, c'est un peu regarder cette époque avec gourmandise. Le monde, dans lequel nous vivons, a fait de l'information la maîtresse, à tort ou à raison, de nos conduites. Dans "Les femmes savantes", il n'est pas question de l'information mais du "savoir", sa cousine très éloignée. Molière nous emmène à une période où la culture était très peu démocratisée et où le beau sexe voulait être aux prises avec ce savoir, chasse gardée élitiste de ces messieurs. La pièce met en exergue l'avidité que l'on peut avoir de faire montre de ses connaissances quand de nos jours, nous essayons de ne pas perdre pied face à une invasion d'informations.
La musique de Lionel Losada nous plonge dans une atmosphère baroque. La mise en scène de Loïc Fieffé est tissée d'une série d'espiègleries de jeu donnant à la pièce un cachet de surprises, d'amusements où le vers châtié de Molière devient souffle de spontanéité. Le comique de la gestuelle fait cause commune avec l'humour des répliques.
"Entre deux tempêtes", du 28 au 31 août © DR.
Trissotin (Charly Labourier) est virevoltant de majesté, prétentieux de façon ridiculement pédante, dans un étalage de vers appuyé par des échos vocaux tout en force et en harmonie. Certaines scènes sont un tantinet dansées, habillées d'une exhibition émotionnelle où le jeu scénique montre le savoir dans un théâtre d'apparat.
Toute une galerie de personnages, principaux ou secondaires, défilent pour apporter toujours une touche nouvelle donnant lieu à des effusions scéniques ou à des coups de griffes. Philaminte (Aurélie Noblesse) est sèche, hautaine avec une belle voix parfois "bien gueulante". Chrysale (Geoffroy Guerrier) sait aussi en jouer tel un peureux qui se sait vaillant quand il n'a pas l'ennemi devant lui. Julie Mori (Bélise) est pétillante de malice. Maquillée comme une pimbêche, elle campe une femme espiègle. Son jeu est baigné de générosité, la voix est superbe, le regard aguicheur.
Petit bémol au jeu, Clitandre (Jean-Romain Krynen) ne semble pas amoureux d'Henriette. Le regard n'est pas assez appuyé, plutôt fixe et bref, avec un manque d'émotions. Il faudrait peut-être qu'ils s'embrassent, la main sur le bas de la nuque, juste avant de monter sur scène !
Les personnages s'identifiant au "savoir" sont comme des enfants montrant leur jouet, incarnant par moments de façon caricaturale des débordements de fantaisie quand pour ceux qui sont loin des livres, la spontanéité et le naturel sont de mise. Chacun revendique son "identité", celui de l'esprit boursouflé d'un côté et de la simplicité de l'autre.
Toute une galerie de personnages, principaux ou secondaires, défilent pour apporter toujours une touche nouvelle donnant lieu à des effusions scéniques ou à des coups de griffes. Philaminte (Aurélie Noblesse) est sèche, hautaine avec une belle voix parfois "bien gueulante". Chrysale (Geoffroy Guerrier) sait aussi en jouer tel un peureux qui se sait vaillant quand il n'a pas l'ennemi devant lui. Julie Mori (Bélise) est pétillante de malice. Maquillée comme une pimbêche, elle campe une femme espiègle. Son jeu est baigné de générosité, la voix est superbe, le regard aguicheur.
Petit bémol au jeu, Clitandre (Jean-Romain Krynen) ne semble pas amoureux d'Henriette. Le regard n'est pas assez appuyé, plutôt fixe et bref, avec un manque d'émotions. Il faudrait peut-être qu'ils s'embrassent, la main sur le bas de la nuque, juste avant de monter sur scène !
Les personnages s'identifiant au "savoir" sont comme des enfants montrant leur jouet, incarnant par moments de façon caricaturale des débordements de fantaisie quand pour ceux qui sont loin des livres, la spontanéité et le naturel sont de mise. Chacun revendique son "identité", celui de l'esprit boursouflé d'un côté et de la simplicité de l'autre.
Les arènes de Montmartre © DR.
Paradoxalement, le "savoir", avec son aspect éthéré, caractéristique de l'esprit, devient "lourdaud" alors que les personnages, proches des considérations terre à terre, ont le visage de la sobriété, de la modération, presque de la sagesse. Tout est affaire d'illusions et d'apparat pour l'un, de discrétion pour l'autre.
Cette opposition est aussi déclinée dans les relations amoureuses. Il y a Trissotin, à l'affût de vers poétiques et d'un mariage financier avec Henriette (Agathe Boudrières) alors que Clitandre ne s'occupe que de la conquérir par amour. Tout est affaire d'attitudes entre les deux camps, comiquement grotesque et dominant d'un côté et sympathique mais dominé de l'autre. Les deux sont séparés par une conception différente des relations humaines dont la frontière est la "connaissance".
Le jeu est tranchant, vif, à l'opposé des valets l'Épine (Jean-Romain Krynen) et Vadius (Lionel Losada) qui sont dans une temporalité où le mouvement est accompagné volontairement de lenteur sous des dehors de bêtise. Leur style de jeu campe un univers différent, autant sur le tempo, que sur la parole et l'attitude.
Ainsi, les classes sociales sont identifiées par leur gestuelle et leur appréhension de l'espace. Conquérante et hautaine pour la classe des "sachants", combative pour la classe de ceux qui se moquent de l'être, et marginale pour les valets. Opposition qui montre avec gourmandise que la vraie richesse n'appartient pas à ceux qui possèdent les connaissances.
Cette opposition est aussi déclinée dans les relations amoureuses. Il y a Trissotin, à l'affût de vers poétiques et d'un mariage financier avec Henriette (Agathe Boudrières) alors que Clitandre ne s'occupe que de la conquérir par amour. Tout est affaire d'attitudes entre les deux camps, comiquement grotesque et dominant d'un côté et sympathique mais dominé de l'autre. Les deux sont séparés par une conception différente des relations humaines dont la frontière est la "connaissance".
Le jeu est tranchant, vif, à l'opposé des valets l'Épine (Jean-Romain Krynen) et Vadius (Lionel Losada) qui sont dans une temporalité où le mouvement est accompagné volontairement de lenteur sous des dehors de bêtise. Leur style de jeu campe un univers différent, autant sur le tempo, que sur la parole et l'attitude.
Ainsi, les classes sociales sont identifiées par leur gestuelle et leur appréhension de l'espace. Conquérante et hautaine pour la classe des "sachants", combative pour la classe de ceux qui se moquent de l'être, et marginale pour les valets. Opposition qui montre avec gourmandise que la vraie richesse n'appartient pas à ceux qui possèdent les connaissances.
"Les femmes savantes"
Les arènes de Montmartre © DR.
Texte : Molière.
Mise en scène : Loïc Fieffé.
Création musicale : Lionel Losada.
Création costumes : Céline Curutchet.
Scénographie, accessoires : Adrien Giros et Yohan Chemmoul Barthelemy.
Lumières : Lionel Losada.
Illustration : Amélie Carpentier.
Avec Geoffroy Guerrier, Aurélie Noblesse, Marie Giros, Agathe Boudrières, Nicolas Torrens, Julie Mori, Jean-Romain Krynen, Charly Labourier, Lionel Losada, Sandrine Moaligou.
Compagnie Les Croqueurs.
Du 21 août au 3 septembre 2017.
18e Festival Itinérant des Arènes de Montmartre,
Les Tréteaux Nomades, compagnie du Mystère Bouffe.
Cour de l'Hôtel de Beauvais (Paris 4e) et aux Arènes de Montmartre (Paris 18e).
Du lundi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h.
Réservations : 01 48 40 62 49.
>> treteauxnomades.com
Mise en scène : Loïc Fieffé.
Création musicale : Lionel Losada.
Création costumes : Céline Curutchet.
Scénographie, accessoires : Adrien Giros et Yohan Chemmoul Barthelemy.
Lumières : Lionel Losada.
Illustration : Amélie Carpentier.
Avec Geoffroy Guerrier, Aurélie Noblesse, Marie Giros, Agathe Boudrières, Nicolas Torrens, Julie Mori, Jean-Romain Krynen, Charly Labourier, Lionel Losada, Sandrine Moaligou.
Compagnie Les Croqueurs.
Du 21 août au 3 septembre 2017.
18e Festival Itinérant des Arènes de Montmartre,
Les Tréteaux Nomades, compagnie du Mystère Bouffe.
Cour de l'Hôtel de Beauvais (Paris 4e) et aux Arènes de Montmartre (Paris 18e).
Du lundi au samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h.
Réservations : 01 48 40 62 49.
>> treteauxnomades.com