"Tragédie" d'Olivier Dubois © Christophe Raynaud de Lage.
Les notions d'identité et d'identitaire sont mises à mal, synonymes d'engagement radical contre les tabous sociaux et culturels. La performance de l'artiste oscille entre minimalisme et excès. Peut-on y voir le reflet d'une société manichéenne ? Elle se calque également sur la télévision avec l'apparition du numérique sur scène. De nombreux metteurs en scène ont recours à l'écran dans leur spectacle.
Le metteur en scène, le chorégraphe, le régisseur, etc., ne sont plus les seuls à monter le spectacle. Aujourd'hui, les artistes participent pleinement à la création de l'œuvre, c'est une œuvre collective. Ils ne sont plus des pantins qui s'adaptent aux exigences du metteur en scène ; ils sont devenus des artistes-artisans. Actuellement, ce n'est plus l'artiste qui s'adapte à l'œuvre mais l'œuvre à l'artiste ; beaucoup de spectacles sont créés en fonction de l'artiste qui est choisi à l'avance. C'est le personnage qui est créé pour l'homme et non l'homme qui incarne le personnage.
Actuellement, on peut parler d'un théâtre de l'instantané, de la spontanéité avec une primauté du présent. On observe un rejet de la société, de l'éducation, de la culture telle qu'elle nous est imposée car elle ne correspond pas à la réalité. Le public est à la recherche d'autre chose. On repousse la bourgeoisie, le corps éduqué pour se tourner vers quelque chose de plus authentique.
Le metteur en scène, le chorégraphe, le régisseur, etc., ne sont plus les seuls à monter le spectacle. Aujourd'hui, les artistes participent pleinement à la création de l'œuvre, c'est une œuvre collective. Ils ne sont plus des pantins qui s'adaptent aux exigences du metteur en scène ; ils sont devenus des artistes-artisans. Actuellement, ce n'est plus l'artiste qui s'adapte à l'œuvre mais l'œuvre à l'artiste ; beaucoup de spectacles sont créés en fonction de l'artiste qui est choisi à l'avance. C'est le personnage qui est créé pour l'homme et non l'homme qui incarne le personnage.
Actuellement, on peut parler d'un théâtre de l'instantané, de la spontanéité avec une primauté du présent. On observe un rejet de la société, de l'éducation, de la culture telle qu'elle nous est imposée car elle ne correspond pas à la réalité. Le public est à la recherche d'autre chose. On repousse la bourgeoisie, le corps éduqué pour se tourner vers quelque chose de plus authentique.
"Tragédie" d'Olivier Dubois © François Stemmer.
Le théâtre ne raconte plus l'histoire d'un corps dépourvu de tout passé mais celle d'un corps psychologique que les événements antérieurs ont pu marquer, un corps soumis à des lois scientifiques, un corps appréhendé sociologiquement, un corps dont nous avons une connaissance de plus en plus précise et avancée. Un corps que l'on peut situer dans un contexte précis en incluant les variables qui peuvent le toucher.
Ce nouveau corps cherche à se débarrasser des filtres apposés par les médias, il se démarque des clichés, il n'est plus un produit de consommation. Il invente une nouvelle forme de communication, il ne répond plus aux codes enseignés dans les écoles ou les conservatoires, il s'émancipe et démontre qu'il n'existe pas qu'une seule voie d'expression. L'art ne doit plus être élitiste mais une représentation de la vie pour être accessible, percutant et remplir son rôle. Les spectateurs doivent être en capacité de s'identifier aux interprètes. Les conventions ne sont plus de rigueur. Sur scène, plus d'espace, plus de temps, plus d'histoires, juste le corps, le corps qui dit tout, le corps par quoi tout passe.
Ce nouveau corps cherche à se débarrasser des filtres apposés par les médias, il se démarque des clichés, il n'est plus un produit de consommation. Il invente une nouvelle forme de communication, il ne répond plus aux codes enseignés dans les écoles ou les conservatoires, il s'émancipe et démontre qu'il n'existe pas qu'une seule voie d'expression. L'art ne doit plus être élitiste mais une représentation de la vie pour être accessible, percutant et remplir son rôle. Les spectateurs doivent être en capacité de s'identifier aux interprètes. Les conventions ne sont plus de rigueur. Sur scène, plus d'espace, plus de temps, plus d'histoires, juste le corps, le corps qui dit tout, le corps par quoi tout passe.
"Il Minautoro" par Teatro La Ribalta, 2012 © Gil Chauveau.
Le théâtre n'est plus désormais un theatron, un lieu où l'on voit mais un théâtre où l'on ressent. Le théâtre n'a jamais été plus un lieu d'échanges et de partage que maintenant. Le spectateur reçoit et même plus, subit ce que le comédien ressent et offre à la fois. Le théâtre n'est plus seulement de l'ordre du visuel, il est perceptif, sensitif, kinesthésique. C'est un théâtre qui se matérialise par le corps, que ce soit celui du personnage, du comédien ou du spectateur. Parce qu'on a plus les mots, parce qu'ils ne suffisent plus pour rendre compte de la pensée alors le corps prend le relais pour matérialiser toutes ces émotions et ces sensations. On a épuisé le langage, il faut trouver un autre matériau pour s'exprimer. Après avoir "voulu dire", il faut trouver "comment dire".
À notre époque, pour faire réagir la foule il faut choquer. Et quoi de plus provocant que de s'attaquer à l'intégrité physique, de mutiler les corps, ces corps qui se doivent d'être lisses et beaux en tant que représentants de la société. On malmène les corps en guise d'accusation, on expose les incompréhensions, les réclamations, les récriminations par les blessures des chairs. Mises en dangers, difformités, refus des canons de beauté sont les nouveaux révoltés des planches.
Se délester du superficiel, échapper aux normes, par la nudité, par le refus des conventions, revenir à un corps simple, primitif, naturel. L'exposition du corps devient un acte politique, le performeur n'est plus un comédien, un danseur, un artiste, il est un corps engagé. Le corps est désormais le seul élément de la représentation. On peut présenter une pièce sans parole, comme l'a fait Beckett avec "Acte sans parole" ; on peut aussi la présenter sans intrigue, comme l'a fait Sarraute dans "Pour un oui ou pour un non", où deux personnages dialoguent mais où il n'y a pas vraiment de faits ou d'événements. Le corps reste la seule donnée immuable du spectacle.
On peut envisager cette quête du corps comme le besoin de se réapproprier ce qui nous a été arraché, volé, souillé, ce corps dépossédé, médiatisé. La société a effacé la multiplicité pour n'accepter que les critères qu'elle a choisis : grand, svelte, beau, épilé, gracieux... En s'exposant sur scène, chaque acteur assume et revendique sa différence, son individualité, sa personnalité mais également sa cohérence avec l'ensemble des corps qui l'entourent, sa troupe, son public.
À notre époque, pour faire réagir la foule il faut choquer. Et quoi de plus provocant que de s'attaquer à l'intégrité physique, de mutiler les corps, ces corps qui se doivent d'être lisses et beaux en tant que représentants de la société. On malmène les corps en guise d'accusation, on expose les incompréhensions, les réclamations, les récriminations par les blessures des chairs. Mises en dangers, difformités, refus des canons de beauté sont les nouveaux révoltés des planches.
Se délester du superficiel, échapper aux normes, par la nudité, par le refus des conventions, revenir à un corps simple, primitif, naturel. L'exposition du corps devient un acte politique, le performeur n'est plus un comédien, un danseur, un artiste, il est un corps engagé. Le corps est désormais le seul élément de la représentation. On peut présenter une pièce sans parole, comme l'a fait Beckett avec "Acte sans parole" ; on peut aussi la présenter sans intrigue, comme l'a fait Sarraute dans "Pour un oui ou pour un non", où deux personnages dialoguent mais où il n'y a pas vraiment de faits ou d'événements. Le corps reste la seule donnée immuable du spectacle.
On peut envisager cette quête du corps comme le besoin de se réapproprier ce qui nous a été arraché, volé, souillé, ce corps dépossédé, médiatisé. La société a effacé la multiplicité pour n'accepter que les critères qu'elle a choisis : grand, svelte, beau, épilé, gracieux... En s'exposant sur scène, chaque acteur assume et revendique sa différence, son individualité, sa personnalité mais également sa cohérence avec l'ensemble des corps qui l'entourent, sa troupe, son public.
"Il Minautoro" par Teatro La Ribalta, 2012 © Gil Chauveau.
Le comédien prend conscience de lui-même par la prise de conscience de son corps, celui-ci étant envisagé comme un territoire vierge, inconnu dont il se doit d'explorer tous les recoins. Il doit connaître et posséder son corps pour prétendre atteindre son au-delà, son essence. La sensation amène à la réflexion.
La voix elle-même se fait corporelle. Elle ne se fait plus la traduction d'un langage bien défini et conformiste, mais elle prend la forme des inflexions du corps : elle peut être cri, murmure, bruit... Elle ne veut plus rien dire mais se fait ressentir. Chacun la perçoit comme bon lui semble. Le spectateur est intégré à la représentation car celle-ci ne lui est plus toute donnée, elle ne lui indique plus un chemin tout tracé, c'est à lui de l'interpréter.
C'est en quelque sorte à lui de la jouer. L'absence de raisonnement clair lui permet de solliciter son imaginaire et la représentation est ainsi perpétuellement réinventée et reconsidérée. Ici tout le monde s'investit : l'auteur, le metteur en scène, le technicien, le comédien, le spectateur, c'est une œuvre collective. Chacun accomplit sa part sans en avoir totalement conscience. Ils n'attendent que vous pour y contribuer.
La voix elle-même se fait corporelle. Elle ne se fait plus la traduction d'un langage bien défini et conformiste, mais elle prend la forme des inflexions du corps : elle peut être cri, murmure, bruit... Elle ne veut plus rien dire mais se fait ressentir. Chacun la perçoit comme bon lui semble. Le spectateur est intégré à la représentation car celle-ci ne lui est plus toute donnée, elle ne lui indique plus un chemin tout tracé, c'est à lui de l'interpréter.
C'est en quelque sorte à lui de la jouer. L'absence de raisonnement clair lui permet de solliciter son imaginaire et la représentation est ainsi perpétuellement réinventée et reconsidérée. Ici tout le monde s'investit : l'auteur, le metteur en scène, le technicien, le comédien, le spectateur, c'est une œuvre collective. Chacun accomplit sa part sans en avoir totalement conscience. Ils n'attendent que vous pour y contribuer.