Christoph Prégardien et Daniel Heide au piano © DR.
Après l'ouverture de nouveaux espaces pour la commémoration des cinquante ans de Royaumont en 2014, la Fondation a fait évoluer cette année ses rendez-vous avec le public en créant un festival de musique et de danse en deux actes de juin à octobre (1). Une saison culturelle complète, valorisant le très beau patrimoine que représente l'abbaye de Royaumont et ses trois jardins, développe ses actions en faveur de la création artistique musicale et chorégraphique.
L'acte 1 du festival en juin a été orienté dans la présentation d'œuvres nouvelles et l'acte 2 en octobre a revisité le répertoire ; et, ce, en programmant des artistes légendaires tel le ténor Christoph Prégardien et de jeunes talents comme l'ensemble Graindelavoix (dirigé par Björn Schmelzer), nouvellement en résidence à Royaumont au Centre international pour les artistes - entre nombreux autres.
Pour cette avant-dernière de l'acte 2, le 10 octobre, une journée intitulée "Les Larmes de l'âme" proposait trois rendez-vous avec des madrigaux italiens du XVIe siècle, des motets "pour un temps de désolation - O Traurigkeit !" de Schütz à Bach avec l'ensemble Pygmalion et, au mitan de l'après-midi, un récital exceptionnel du ténor allemand déjà évoqué, Wanderer (2) renommé, accompagné pour un "Voyage d'hiver" sensible et puissant par le pianiste Daniel Heide.
L'acte 1 du festival en juin a été orienté dans la présentation d'œuvres nouvelles et l'acte 2 en octobre a revisité le répertoire ; et, ce, en programmant des artistes légendaires tel le ténor Christoph Prégardien et de jeunes talents comme l'ensemble Graindelavoix (dirigé par Björn Schmelzer), nouvellement en résidence à Royaumont au Centre international pour les artistes - entre nombreux autres.
Pour cette avant-dernière de l'acte 2, le 10 octobre, une journée intitulée "Les Larmes de l'âme" proposait trois rendez-vous avec des madrigaux italiens du XVIe siècle, des motets "pour un temps de désolation - O Traurigkeit !" de Schütz à Bach avec l'ensemble Pygmalion et, au mitan de l'après-midi, un récital exceptionnel du ténor allemand déjà évoqué, Wanderer (2) renommé, accompagné pour un "Voyage d'hiver" sensible et puissant par le pianiste Daniel Heide.
Christoph Prégardien © DR.
La splendeur désolée et bouleversante du dernier cycle de lieder de Schubert, composé quelques mois avant sa mort à l'âge de trente et un ans, se déploie sur vingt-quatre chants empruntés au recueil "Chants d'errance" du poète Wilhelm Müller, au moment où le compositeur traverse une crise sans précédent. Ce "Winterreise" ténébreux, déchirant et introspectif, constitue donc un sommet de la musique romantique et une évidence pour le ténor lyrique qui l'a enregistré deux fois au disque (3).
Avec ses images symboliques, une nature indifférente ou hostile avec sa neige, son vent glacial, ses corbeaux et ses paysages déserts métaphorisant les souffrances d'un homme trahi par sa bien-aimée, le cycle constitue un voyage au bout de soi pour le chanteur comme pour l'auditeur. Célèbre pour sa riche expressivité, Christoph Prégardien nous entraîne dans les abîmes du cœur dès le premier chant, "Gute Nacht", avec une musicalité, une science du phrasé, un art du coloris extraordinaires et un sens de l'articulation éprouvé au long des années par une intime fréquentation de l'œuvre.
Jusqu'au terme de ce voyage se terminant peut-être par la mort et sûrement par la folie, Christoph Prégardien incarne noblement ce voyageur errant tour à tour révolté et résigné traversant toutes les stations d'un calvaire éprouvant jusqu'à ce point où se renonce une vie ("Der Leiermann"). Un cœur en hiver lentement pris dans la glace de la solitude. Malgré la sonorité un peu grave du piano demi-queue de son accompagnateur, ce récital est assurément un des grands moments de cette édition 2015 - et le silence qui l'a suivi si impressionnant qu'on l'aurait souhaité sans aucun applaudissement. Christoph Prégardien reviendra en mars 2016 à Royaumont pour diriger un atelier d'excellence sur les lieder de Franz Schubert.
Notes :
(1) Le site se visite toute l'année et de nombreuses activités y sont proposées.
(2) Ou Voyageur errant, nom du protagoniste du cycle.
(3) "Winterreise", deux gravures au CD avec Andreas Staier et Michael Gees au piano.
Avec ses images symboliques, une nature indifférente ou hostile avec sa neige, son vent glacial, ses corbeaux et ses paysages déserts métaphorisant les souffrances d'un homme trahi par sa bien-aimée, le cycle constitue un voyage au bout de soi pour le chanteur comme pour l'auditeur. Célèbre pour sa riche expressivité, Christoph Prégardien nous entraîne dans les abîmes du cœur dès le premier chant, "Gute Nacht", avec une musicalité, une science du phrasé, un art du coloris extraordinaires et un sens de l'articulation éprouvé au long des années par une intime fréquentation de l'œuvre.
Jusqu'au terme de ce voyage se terminant peut-être par la mort et sûrement par la folie, Christoph Prégardien incarne noblement ce voyageur errant tour à tour révolté et résigné traversant toutes les stations d'un calvaire éprouvant jusqu'à ce point où se renonce une vie ("Der Leiermann"). Un cœur en hiver lentement pris dans la glace de la solitude. Malgré la sonorité un peu grave du piano demi-queue de son accompagnateur, ce récital est assurément un des grands moments de cette édition 2015 - et le silence qui l'a suivi si impressionnant qu'on l'aurait souhaité sans aucun applaudissement. Christoph Prégardien reviendra en mars 2016 à Royaumont pour diriger un atelier d'excellence sur les lieder de Franz Schubert.
Notes :
(1) Le site se visite toute l'année et de nombreuses activités y sont proposées.
(2) Ou Voyageur errant, nom du protagoniste du cycle.
(3) "Winterreise", deux gravures au CD avec Andreas Staier et Michael Gees au piano.
Christoph Prégardien et Daniel Heide au piano © DR.
Visite-concert le 22 novembre 2015 à 15 h 30.
César Franck.
Thomas Kientz, orgue.
Amy Pfrimmer, Magda Lukovic, sopranos.
Auditions du travail en cours pour les résidences et formations :
5 novembre 2015 à 18 h.
De la partition à l'incarnation : Wagner, Mahler, Strauss.
Waltraud Meier, mezzo-soprano.
Vincent Huguet, mise en scène.
15 novembre 2015 à 17 h.
Scarlatti, clavecin et piano-forte.
Pierre Hantaï, clavecin.
Aline Zylberajch, piano-forte.
César Franck.
Thomas Kientz, orgue.
Amy Pfrimmer, Magda Lukovic, sopranos.
Auditions du travail en cours pour les résidences et formations :
5 novembre 2015 à 18 h.
De la partition à l'incarnation : Wagner, Mahler, Strauss.
Waltraud Meier, mezzo-soprano.
Vincent Huguet, mise en scène.
15 novembre 2015 à 17 h.
Scarlatti, clavecin et piano-forte.
Pierre Hantaï, clavecin.
Aline Zylberajch, piano-forte.
Olivier Fourès, musicologue et danseur.
20 décembre 2015 à 17 h.
Prototype III, citation, paradigme à la construction chorégraphique.
Hervé Robbe, chorégraphe.
Abbaye de Royaumont.
95270 Asnières sur Oise.
Tél. : 01 34 68 05 50.
>> royaumont.com
20 décembre 2015 à 17 h.
Prototype III, citation, paradigme à la construction chorégraphique.
Hervé Robbe, chorégraphe.
Abbaye de Royaumont.
95270 Asnières sur Oise.
Tél. : 01 34 68 05 50.
>> royaumont.com