© Dunnara Meas.
Et dans l'usage des heures, il tisse à voix haute comme un filet à remonter à la surface les humiliations qu'il a subies. Il fulmine, rêve une cérémonie qui serait apothéose et reconnaissance de son génie, répète les gestes de sa consécration et son discours, attend sa récompense, son diplôme. Tance et rudoie la femme, sa compagne, servante, compatissante et aimante. Il attend son plat de nouilles. Et la médiocrité, en valeur absolue, lui revient, telle une tarte à la crème, dans la figure. Vanité de vanité. Le monde comme sa volonté et sa représentation achoppe.
La pièce de Thomas Bernhard, dans son écriture, joue avec la fiction et la réalité. Le spectateur assiste en direct au travail d'une conscience agitée, amère, exaltée qui ressasse jusqu'à la sénilité la scène primitive d'une blessure d'amour-propre non guérie.
Dans une stricte unité de lieu, André Engel remonte le temps (en toute discrétion et vraisemblance scéniques) jusqu'au point origine qui est aussi le point d'aboutissement du drame. Il le rend tangible au temps présent par une convention simple. Le réformateur, s'apprête progressivement en habit de cour du XVIIIe siècle. Face à l'habit noir d'universitaires emperruqués qu'il affronte à la toute fin de la pièce dans un choc d'images et de pertinence, laissant le spectateur juge des convenances, des conformismes et des conservatismes. En œuvre dans le texte de Thomas Bernhard, le rêve d'un monde éclairé par les Lumières illumine le plateau.
La pièce de Thomas Bernhard, dans son écriture, joue avec la fiction et la réalité. Le spectateur assiste en direct au travail d'une conscience agitée, amère, exaltée qui ressasse jusqu'à la sénilité la scène primitive d'une blessure d'amour-propre non guérie.
Dans une stricte unité de lieu, André Engel remonte le temps (en toute discrétion et vraisemblance scéniques) jusqu'au point origine qui est aussi le point d'aboutissement du drame. Il le rend tangible au temps présent par une convention simple. Le réformateur, s'apprête progressivement en habit de cour du XVIIIe siècle. Face à l'habit noir d'universitaires emperruqués qu'il affronte à la toute fin de la pièce dans un choc d'images et de pertinence, laissant le spectateur juge des convenances, des conformismes et des conservatismes. En œuvre dans le texte de Thomas Bernhard, le rêve d'un monde éclairé par les Lumières illumine le plateau.
© Richard Schroeder.
Serge Merlin reprend le rôle créé en 1991. Avec sa juvénilité intacte et l'épaisseur de plus de soixante ans de métier, il est à la fête et le public avec lui.
Les comédiens n'apportent aucune fausse note, se lovent dans la convention. Serge Merlin se faufile de registres en registres, tel un furet, entre les fils du texte. Tout en auto-ironie, quasi voltairien, le jeu, en décalage perpétuel avec l'unité de lieu, prend l'allure d'une farce subtile, prend la forme d'une fugue. La représentation est à la fois drôle et dramatique. À la réflexion terrifiante pour ce qui concerne la nature humaine.
Quasi silencieuse, Ruth Orthmann qui joue la femme a une présence intense et active offrant à l'exubérance de Serge Merlin comme un contrepoint musical remarquable de concision et de précision.
Le spectateur réjoui par cette oscillation qui obvie au ridicule ou à l'arrogance de la gloire et apporte au contraire intimité complice, sent planer les ombres humanistes de Voltaire, de Rousseau et de Kant devenus, par ce miracle du théâtre, familiers tout autant que Thomas Bernhard.
Les comédiens n'apportent aucune fausse note, se lovent dans la convention. Serge Merlin se faufile de registres en registres, tel un furet, entre les fils du texte. Tout en auto-ironie, quasi voltairien, le jeu, en décalage perpétuel avec l'unité de lieu, prend l'allure d'une farce subtile, prend la forme d'une fugue. La représentation est à la fois drôle et dramatique. À la réflexion terrifiante pour ce qui concerne la nature humaine.
Quasi silencieuse, Ruth Orthmann qui joue la femme a une présence intense et active offrant à l'exubérance de Serge Merlin comme un contrepoint musical remarquable de concision et de précision.
Le spectateur réjoui par cette oscillation qui obvie au ridicule ou à l'arrogance de la gloire et apporte au contraire intimité complice, sent planer les ombres humanistes de Voltaire, de Rousseau et de Kant devenus, par ce miracle du théâtre, familiers tout autant que Thomas Bernhard.
"Le Réformateur"
© Dunnara Meas.
Texte : Thomas Bernhard.
Mise en scène : André Engel.
Assistante à la mise en scène : Ruth Orthmann.
Avec : Serge Merlin, Ruth Orthmann, Gilles Kneusé.
Décors : Nicky Rieti.
Costumes : Chantal de la Coste.
Lumières : André Diot.
Son : Pipo Gomes.
Coiffure : Marie Luiset.
Du 8 septembre au 11 octobre 2015.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 15 h.
Théâtre de l'Œuvre, Paris 9e, 01 44 53 88 88.
>> theatredeloeuvre.fr
Mise en scène : André Engel.
Assistante à la mise en scène : Ruth Orthmann.
Avec : Serge Merlin, Ruth Orthmann, Gilles Kneusé.
Décors : Nicky Rieti.
Costumes : Chantal de la Coste.
Lumières : André Diot.
Son : Pipo Gomes.
Coiffure : Marie Luiset.
Du 8 septembre au 11 octobre 2015.
Du mardi au samedi à 21 h, dimanche à 15 h.
Théâtre de l'Œuvre, Paris 9e, 01 44 53 88 88.
>> theatredeloeuvre.fr