© Giovanni Cittadini Cesi.
Ce n'est pas "Le Banquet" de Platon, évidemment, mais cela aurait pu être, dans un autre registre, aussi connu… J'exagère quelque peu, tant la performance dramaturgique est intéressante à plus d'un titre.
Durant toute la pièce, pas un mot de français, ni de langue étrangère. Le langage utilisé, appelé communément yaourt, permet de mettre en assises, sentiments et émotions. C'est, pour reprendre les mots de Saussure (1857-1913), mettre des signifiés, un tantinet inversé, à la place de signifiants par le biais du corps et des expressions faciales. Inversés car ce sont des éructations, des onomatopées, des exclamations.
Nous suivons au travers de dits non refoulés, la vie intérieure des personnages. La franchise est totale. Le non-dit, le caché, l'hypocrisie des attitudes n'ont pas lieu de cité. Ou s'ils le sont, c'est pour en jouer, en démonter les ressorts.
Jean Tardieu (1903-1995) dans "Un mot pour un autre" (1951) s'était prêté à l'exercice d'employer des signifiants, retirés de leur contexte idiomatique, pour leur faire recouvrer d'autres signifiés. Il était fait ainsi appel au bon sens du lecteur/spectateur pour comprendre les propos, faisant ainsi du langage un champ qui relie les êtres au-delà de tout syntagme connu.
Durant toute la pièce, pas un mot de français, ni de langue étrangère. Le langage utilisé, appelé communément yaourt, permet de mettre en assises, sentiments et émotions. C'est, pour reprendre les mots de Saussure (1857-1913), mettre des signifiés, un tantinet inversé, à la place de signifiants par le biais du corps et des expressions faciales. Inversés car ce sont des éructations, des onomatopées, des exclamations.
Nous suivons au travers de dits non refoulés, la vie intérieure des personnages. La franchise est totale. Le non-dit, le caché, l'hypocrisie des attitudes n'ont pas lieu de cité. Ou s'ils le sont, c'est pour en jouer, en démonter les ressorts.
Jean Tardieu (1903-1995) dans "Un mot pour un autre" (1951) s'était prêté à l'exercice d'employer des signifiants, retirés de leur contexte idiomatique, pour leur faire recouvrer d'autres signifiés. Il était fait ainsi appel au bon sens du lecteur/spectateur pour comprendre les propos, faisant ainsi du langage un champ qui relie les êtres au-delà de tout syntagme connu.
© Giovanni Cittadini Cesi.
Chez Mathilda May, le propos est tout autre. Elle va, non pas plus loin, mais dans un tout autre sens pour bousculer le langage en lui faisant entendre d'autres sonorités. Là, nul mot, nul signifiant articulé. Tout est désarticulé à dessein. Et tout est signifié. L'ambition est de rendre intelligible des propos incompréhensibles, des onomatopées, des interjections pour les coller à un espace-temps, celui d'un banquet, où se lient deux êtres dans un acte de mariage.
Les sentiments viennent emporter la mise pour exprimer l'amour, l'infidélité, la séduction, le coup de foudre et les colères. Ceux-ci disparaissent de cette ligne d'horizon pour ne montrer que des signifiés au-delà de tout secours linguistique. C'est un renversement de perspective intéressant car d'un "bruit" vocal, la communication est claire et compréhensive grâce à une intériorité, celle de sentiments, et d'une extériorité, celle du corps.
Un banquet est le lieu par excellence où le discours, le propos, l'échange, la discussion ont une fonction sociale. Dès le début, c'est une serveuse, qui recherche, par une gymnastique corporelle, l'entrée de la scène. Les déplacements, son positionnement par rapport au rideau rouge et son entêtement donnent un éclairage de la dramaturgie axé sur le décalage entre le personnage et la scénographie. Rien ne s'emboîte comme il se doit. La scène joue, à dessein, contre les personnages donnant lieu à des moments très comiques.
Les sentiments viennent emporter la mise pour exprimer l'amour, l'infidélité, la séduction, le coup de foudre et les colères. Ceux-ci disparaissent de cette ligne d'horizon pour ne montrer que des signifiés au-delà de tout secours linguistique. C'est un renversement de perspective intéressant car d'un "bruit" vocal, la communication est claire et compréhensive grâce à une intériorité, celle de sentiments, et d'une extériorité, celle du corps.
Un banquet est le lieu par excellence où le discours, le propos, l'échange, la discussion ont une fonction sociale. Dès le début, c'est une serveuse, qui recherche, par une gymnastique corporelle, l'entrée de la scène. Les déplacements, son positionnement par rapport au rideau rouge et son entêtement donnent un éclairage de la dramaturgie axé sur le décalage entre le personnage et la scénographie. Rien ne s'emboîte comme il se doit. La scène joue, à dessein, contre les personnages donnant lieu à des moments très comiques.
© Giovanni Cittadini Cesi.
Les protagonistes sont dans un entre-deux, dans une position toujours bancale, en décalage les uns par rapport aux autres, chacun dans son propre univers, comme une juxtaposition de mondes différents. L'imbrication scénique met parfois en lumière un événement ou une relation particulière. L'attention est toujours happée par une incidence, un propos, un acte, une situation.
Discussions, colères, amour, séduction, érotisme, infidélité, engueulades, meurtre, toutes les passions sont présentes. Tout semble basique au premier abord. Seuls existent ces corps avec leurs ressentis, leurs pulsions, leurs envies. Dans un espace de temps et de lieu où rien n'est en équilibre, où tout est prêt à s'écrouler, l'humour est là pour ordonner, dans un champ de significations, les travers des attitudes en désossant un rituel, celui du mariage. Les mots sont bottés en touche pour ne prêter vie qu'à leur médium extérieur, celui du visage, des mains, du corps.
Discussions, colères, amour, séduction, érotisme, infidélité, engueulades, meurtre, toutes les passions sont présentes. Tout semble basique au premier abord. Seuls existent ces corps avec leurs ressentis, leurs pulsions, leurs envies. Dans un espace de temps et de lieu où rien n'est en équilibre, où tout est prêt à s'écrouler, l'humour est là pour ordonner, dans un champ de significations, les travers des attitudes en désossant un rituel, celui du mariage. Les mots sont bottés en touche pour ne prêter vie qu'à leur médium extérieur, celui du visage, des mains, du corps.
© Giovanni Cittadini Cesi.
Le champ lexical est abandonné mais les repères, les balises à leur compréhension, restent en place. Mathilda May montre que communiquer avec l'autre est hors de tout champ lexical connu. Nous pouvons interpréter n'importe quel signe, tant que celui-ci est habité par une voix intérieure, un ressenti, une émotion. La gestuelle participe à cette cathédrale de compréhension.
C'est drôlement tenace et cela interpelle, rondement mené par tous les comédiens dans une mise en scène qui réussit à exploiter avec talent tous les éléments scéniques.
C'est drôlement tenace et cela interpelle, rondement mené par tous les comédiens dans une mise en scène qui réussit à exploiter avec talent tous les éléments scéniques.
"Le Banquet"
© Giovanni Cittadini Cesi.
Conception et mise en scène : Mathilda May.
Assistant à la mise en scène : Grégory Vouland.
Avec : Sébastien Almar, Roxane Bret, Bernie Collins, Jérémie Covillault, Lee Delong, Stéphanie Djoudi-Guiraudon, Arnaud Maillard, Françoise Miquelis, Ariane Mourier, Tristan Robin.
Décor : Jacques Voizot.
Lumières : Laurent Béal.
Son : Guillaume Duguet.
Costumes : Valérie Adda.
Vidéo : Nathalie Cabrol, assistée de Jérémy Secco.
Régie technique : Éric Andriant.
Durée : 1 h 25.
Du 10 octobre au 10 novembre 2018.
Du mardi au samedi à 21h, dimanche, 15 h.
Relâche : Les 1er et 4 novembre 2018.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, Paris 8e, 01 44 95 98 21.
>> theatredurondpoint.fr
Assistant à la mise en scène : Grégory Vouland.
Avec : Sébastien Almar, Roxane Bret, Bernie Collins, Jérémie Covillault, Lee Delong, Stéphanie Djoudi-Guiraudon, Arnaud Maillard, Françoise Miquelis, Ariane Mourier, Tristan Robin.
Décor : Jacques Voizot.
Lumières : Laurent Béal.
Son : Guillaume Duguet.
Costumes : Valérie Adda.
Vidéo : Nathalie Cabrol, assistée de Jérémy Secco.
Régie technique : Éric Andriant.
Durée : 1 h 25.
Du 10 octobre au 10 novembre 2018.
Du mardi au samedi à 21h, dimanche, 15 h.
Relâche : Les 1er et 4 novembre 2018.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, Paris 8e, 01 44 95 98 21.
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