© Meng Phu.
Quand Pierre Henry crée son "Dracula, ou la musique troue le ciel" en 2002, le compositeur - né en 1927 et père de la musique concrète avec Pierre Schaeffer dans les années cinquante - est déjà revenu à une forme de classicisme en revisitant notamment Beethoven. Dans cette œuvre électroacoustique, il veut donner à entendre un "Wagner bruitiste et rythmicien" en mixant deux bandes : l'une jouant à coup de ralentissement, d'accélération et de transposition les pages symphoniques de la tétralogie (1), l'autre créant un large spectre sonore comme enfanté par la première.
Pierre Henry, célèbre pour sa "Messe pour le temps présent" chorégraphiée par Maurice Béjart, entend créer un objet sonore complexe capable de susciter dans l'imagination de l'auditeur les images d'un théâtre horrifique et jouissif centré sur un personnage qui l'a fasciné dans les films de Murnau et Fisher, Dracula. Voyant dans la créature de Bram Stoker résumé le mythe de la musique elle-même, il ajoute : "L'œuvre s'est bâtie selon ses exigences propres : mélange de sons électroniques entendus comme une sorte de science-fiction intime". Dracula, c'est aussi Richard Wagner, "cet extraordinaire investigateur de sensations abyssales".
Pierre Henry, célèbre pour sa "Messe pour le temps présent" chorégraphiée par Maurice Béjart, entend créer un objet sonore complexe capable de susciter dans l'imagination de l'auditeur les images d'un théâtre horrifique et jouissif centré sur un personnage qui l'a fasciné dans les films de Murnau et Fisher, Dracula. Voyant dans la créature de Bram Stoker résumé le mythe de la musique elle-même, il ajoute : "L'œuvre s'est bâtie selon ses exigences propres : mélange de sons électroniques entendus comme une sorte de science-fiction intime". Dracula, c'est aussi Richard Wagner, "cet extraordinaire investigateur de sensations abyssales".
© Meng Phu.
Les membres de l'ensemble Le Balcon, qui ont mis la réécriture, la sonorisation et la spatialisation de chefs-d'œuvre d'un très large répertoire au cœur de leur projet artistique, ne pouvaient que désirer se saisir de cet OMNI, par ailleurs remarquable. Pour ce collectif comprenant des musiciens, des compositeurs, des arrangeurs, des réalisateurs en informatique musicale entre autres, en proposer une nouvelle version - avec un orchestre d'une vingtaine de musiciens formé de cuivres, de bois, de percussions et d'un piano - pour redonner vie aux pages wagnériennes tout en confiant à une trentaine de hauts-parleurs, disséminés dans la grande salle de l'Athénée, la fresque quasi bruitiste imaginée par P. Henry relevait d'une évidence.
Et le résultat s'est révélé enthousiasmant. Aux leitmotivs du Ring, réarrangés dans un continuum sonore jouissif dans l'interprétation scénique qu'en livrent les musiciens du Balcon dirigé par leur chef Maxime Pascal (comme possédé lui aussi), les rires sataniques, les galops de chevaux, les cris d'oiseaux, les bruits de talons précipités, les orages et les sirènes créés électroniquement (par distorsions de sons) apportent leur dimension cinématographique faite de jubilation et de terreur, soulignée par les effets de dynamique dus aux micros et un jeu d'éclairage diabolique.
Et le résultat s'est révélé enthousiasmant. Aux leitmotivs du Ring, réarrangés dans un continuum sonore jouissif dans l'interprétation scénique qu'en livrent les musiciens du Balcon dirigé par leur chef Maxime Pascal (comme possédé lui aussi), les rires sataniques, les galops de chevaux, les cris d'oiseaux, les bruits de talons précipités, les orages et les sirènes créés électroniquement (par distorsions de sons) apportent leur dimension cinématographique faite de jubilation et de terreur, soulignée par les effets de dynamique dus aux micros et un jeu d'éclairage diabolique.
© Meng Phu.
Quand, au disque (2), l'œuvre semble faire la part belle à la dimension concrète (légèrement) au détriment de la wagnérienne, l'orchestre redonne épaisseur à un théâtre moins abstrait, riche de beaux fantômes et de "strideurs étranges" (3). Un spectacle donc pour les yeux et une fête pour les oreilles rappelant au public le pouvoir des sortilèges wagnériens comme ceux de cette musique électroacoustique, vrai démon annonciateur de la modernité.
(1) Avec des extraits purement symphoniques (arrangés) de "L'Or du Rhin", "La Walkyrie", "Siegfried" et "Le Crépuscule des Dieux".
(2) "Dracula" de Pierre Henry. CD paru chez Philips Classics en 2003.
(3) "Voyelles" A. Rimbaud.
Spectacle vu en avant-première le 1er juin 2017.
"Dracula" (2002).
Musique de Pierre Henry d'après Richard Wagner.
Libre adaptation pour orchestre sonorisé et orchestre de hauts-parleurs par Augustin Muller et Othman Louati.
Durée : 50 minutes environ.
Maxime Pascal, direction.
Augustin Muller, informatique musicale.
Florent Derex, projection sonore.
Ensemble Le Balcon.
(1) Avec des extraits purement symphoniques (arrangés) de "L'Or du Rhin", "La Walkyrie", "Siegfried" et "Le Crépuscule des Dieux".
(2) "Dracula" de Pierre Henry. CD paru chez Philips Classics en 2003.
(3) "Voyelles" A. Rimbaud.
Spectacle vu en avant-première le 1er juin 2017.
"Dracula" (2002).
Musique de Pierre Henry d'après Richard Wagner.
Libre adaptation pour orchestre sonorisé et orchestre de hauts-parleurs par Augustin Muller et Othman Louati.
Durée : 50 minutes environ.
Maxime Pascal, direction.
Augustin Muller, informatique musicale.
Florent Derex, projection sonore.
Ensemble Le Balcon.