© Agathe Poupeney/OnP.
Ne me demandez pas de résumer l’argument de cet ultime opéra de Amadeus, c’est coton et d’ailleurs personne n’en a vraiment jamais débrouillé tous les fils. Ce qui permet à des metteurs en scène intelligents - c’est-à-dire qui savent lire un livret et écouter la musique - comme Robert Carsen de nous faire de nouvelles propositions éclairantes (si je puis dire… concernant cette production entièrement hantée par les ombres du sépulcre et qui nous entraîne de forêts en tombeaux).
Essayons tout de même. Un jeune prince Tamino va subir moultes épreuves pour trouver l’amour et la sagesse, rencontrant sur son chemin un oiseleur burlesque, Papageno - ici un routard des Eaux et Forêts -, Pamina, la fille aimable d’une Reine de la Nuit, future belle-mère (hystérique dudit prince) ressemblant à une veuve type Jackie Kennedy, et un grand prêtre bienveillant nommé Sarastro. Entre autres Égyptiens folkloriques.
Essayons tout de même. Un jeune prince Tamino va subir moultes épreuves pour trouver l’amour et la sagesse, rencontrant sur son chemin un oiseleur burlesque, Papageno - ici un routard des Eaux et Forêts -, Pamina, la fille aimable d’une Reine de la Nuit, future belle-mère (hystérique dudit prince) ressemblant à une veuve type Jackie Kennedy, et un grand prêtre bienveillant nommé Sarastro. Entre autres Égyptiens folkloriques.
© Agathe Poupeney/OnP.
Vous l’aurez compris, c’est le combat de l’Ombre et de la Lumière, de la superstition contre la raison : Tamino manque dans la première scène de se faire dévorer par un énorme serpent - comprenez "l’Infâme" dénoncé par exemple par Voltaire. Œuvre initiatique inspirée au librettiste Schikaneder, compagnon de loge maçonnique de Wolfgang Amadeus, par un conte oriental de Wieland paru en 1786 (un genre furieusement à la mode au XVIIIe siècle depuis la traduction des "Mille et une Nuits"), c’est un singspiel* populaire et philosophique alliant sérieux et comique, sublime et grotesque.
Surclassant de loin la version de la Furia del Baus de 2009 en ce même opéra Bastille, commandée par le regretté Gerard Mortier**, la ténébreuse mise en scène de Robert Carsen utilisant les moyens de la vidéo et une scénographie épurée souligne la dimension méditative de l’opéra, créé à Vienne en 1791, deux mois avant la mort de Mozart (à trente-cinq ans). Cette méditation, musicalement riche d’une carrière de composition exceptionnelle synthétisée ici, exhorte à apprivoiser sereinement la mort en revendiquant liberté, égalité, fraternité et les vertus du pardon et de l’amour.
Surclassant de loin la version de la Furia del Baus de 2009 en ce même opéra Bastille, commandée par le regretté Gerard Mortier**, la ténébreuse mise en scène de Robert Carsen utilisant les moyens de la vidéo et une scénographie épurée souligne la dimension méditative de l’opéra, créé à Vienne en 1791, deux mois avant la mort de Mozart (à trente-cinq ans). Cette méditation, musicalement riche d’une carrière de composition exceptionnelle synthétisée ici, exhorte à apprivoiser sereinement la mort en revendiquant liberté, égalité, fraternité et les vertus du pardon et de l’amour.
© Agathe Poupeney/OnP.
Plus que tout, c’est le pouvoir de la musique qui est célébré, son pouvoir enchanteur de "pharmakon népenthès" sur nos âmes, cet incroyable baume apaisant et joyeux qui nous dispense avec libéralité équilibre et bonheur - et que la direction vif-argent de Philippe Jordan exalte. A-t-on entendu meilleure sonorité de l’orchestre de l’Opéra de Paris se hissant de sa fosse (tombale car elle fait partie du plateau) pour nous sauver tous, chanteurs et public ? La troupe s’asseyant tout autour de lui dans la dernière scène le caresse du regard dans un accord final d’une tendresse irrépressible. Juste hommage.
Et puis, dominant une très bonne distribution, c’est la révélation du jeune ténor lyrique slovaque Pavol Breslik dans le rôle de Tamino. Parfait musicien, doué d’une voix au timbre solaire et au phrasé idéalement belcantiste, il nous a jeté un véritable charme. Nous voilà enchantés pour toujours.
*Le singspiel, un genre inventé en Allemagne au XVIIIe siècle, fait alterner musique et dialogues parlés (en allemand).
**Gerard Mortier, génial directeur de l’Opéra de Paris de 2004 à 2009, nous a quittés le week-end dernier. La première de "Tristan et Isolde", le 8 avril 2014, lui sera dédiée.
Et puis, dominant une très bonne distribution, c’est la révélation du jeune ténor lyrique slovaque Pavol Breslik dans le rôle de Tamino. Parfait musicien, doué d’une voix au timbre solaire et au phrasé idéalement belcantiste, il nous a jeté un véritable charme. Nous voilà enchantés pour toujours.
*Le singspiel, un genre inventé en Allemagne au XVIIIe siècle, fait alterner musique et dialogues parlés (en allemand).
**Gerard Mortier, génial directeur de l’Opéra de Paris de 2004 à 2009, nous a quittés le week-end dernier. La première de "Tristan et Isolde", le 8 avril 2014, lui sera dédiée.
© Agathe Poupeney/OnP.
Spectacle vu le 14 mars 2014.
Représentations les 17, 20, 22, 25, 29 mars 2014 à 19 h 30.
Les 1er, 6, 10, 13, 15 avril 2014 à 19 h 30.
Opéra national de Paris, 08 92 89 90 90.
Place de la Bastille Paris 12e.
>> operadeparis.fr
"La Flûte enchantée" (1791).
Singspiel en deux actes.
Musique : W. A. Mozart (1756 - 1791).
Livret : Emmanuel Schikaneder.
En langue allemande surtitrée.
Durée : 2 h 45 avec entracte.
Philippe Jordan, direction musicale.
Robert Carsen, mise en scène.
Michael Levine, décors.
Petra Reinhardt, costumes.
Robert Carsen, Peter van Praet, lumières.
Martin Eidenberger, vidéo.
Ian Burton, dramaturgie.
Patrick Marie Aubert, chef de chœur.
Représentations les 17, 20, 22, 25, 29 mars 2014 à 19 h 30.
Les 1er, 6, 10, 13, 15 avril 2014 à 19 h 30.
Opéra national de Paris, 08 92 89 90 90.
Place de la Bastille Paris 12e.
>> operadeparis.fr
"La Flûte enchantée" (1791).
Singspiel en deux actes.
Musique : W. A. Mozart (1756 - 1791).
Livret : Emmanuel Schikaneder.
En langue allemande surtitrée.
Durée : 2 h 45 avec entracte.
Philippe Jordan, direction musicale.
Robert Carsen, mise en scène.
Michael Levine, décors.
Petra Reinhardt, costumes.
Robert Carsen, Peter van Praet, lumières.
Martin Eidenberger, vidéo.
Ian Burton, dramaturgie.
Patrick Marie Aubert, chef de chœur.
© Agathe Poupeney/OnP.
Pavol Breslik, Tamino.
Julia Kleiter, Pamina.
Daniel Schmutzhard, Papageno.
Regula Mühleman, Papagena.
Franz Josef Selig, Sarastro.
François Piolino, Monostatos.
Sabine Devieilhe, Königin der Nacht.
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Paris.
Julia Kleiter, Pamina.
Daniel Schmutzhard, Papageno.
Regula Mühleman, Papagena.
Franz Josef Selig, Sarastro.
François Piolino, Monostatos.
Sabine Devieilhe, Königin der Nacht.
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Paris.