© Méghane Dumas.
Après dix jours de résidence à L'Atelier des Marches de l'été de Jean-Luc Terrade (Directeur du festival international Trente-Trente, metteur en scène… et "ac-cueilleur" d'artistes dans son lieu du Bouscat-Bordeaux), Auguste Ouédraogo, tout en muscles et finesse, le regard fixé sur cet autre lui-même posé au sol, "habite" l'espace sans autre horizon que les murs gris bétonnés et éclairés par une lumière crépusculaire.
Assis sur une sorte de cube et accompagné par la carcasse métallique d'une maison "idéale" (au sens où l'employait Rimbaud dans "Ma Bohème" - "Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées/Mon paletot aussi devenait idéal" -, maison réduite à l'état d'idée, tant elle a perdu sa matérialité), il va rejouer à l'envi les déplacements liés aux horizons perdus.
Ses mouvements de reptation au sol sont délivrés comme en apesanteur, ce qui contraste violemment avec le fardeau des départs forcés et des arrachements qui y sont attachés. Dans un silence sépulcral, il s'allonge, rampe, se recroqueville, se relève, s'agenouille, pousse devant lui ce double encombrant, comme un chemin de croix où les stations seraient marquées par le sceau d'un espoir incrédule : comment pourrait-il penser un seul instant, l'homme sans amarres, qu'il puisse trouver "la porte de sortie" susceptible de l'amener vers un ailleurs ?
Assis sur une sorte de cube et accompagné par la carcasse métallique d'une maison "idéale" (au sens où l'employait Rimbaud dans "Ma Bohème" - "Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées/Mon paletot aussi devenait idéal" -, maison réduite à l'état d'idée, tant elle a perdu sa matérialité), il va rejouer à l'envi les déplacements liés aux horizons perdus.
Ses mouvements de reptation au sol sont délivrés comme en apesanteur, ce qui contraste violemment avec le fardeau des départs forcés et des arrachements qui y sont attachés. Dans un silence sépulcral, il s'allonge, rampe, se recroqueville, se relève, s'agenouille, pousse devant lui ce double encombrant, comme un chemin de croix où les stations seraient marquées par le sceau d'un espoir incrédule : comment pourrait-il penser un seul instant, l'homme sans amarres, qu'il puisse trouver "la porte de sortie" susceptible de l'amener vers un ailleurs ?
© Méghane Dumas.
Les affres du parcours improbable et chaotique de l'homme ployant sous un fardeau plus lourd à porter que sa carcasse, sont distillées au travers de ses hésitations, reculs et avancées. Se dévoile un univers que n'aurait pas désavoué Claude Régy, une scénographie dépouillée de tout artifice pour rendre sensible l'essence de ce qui se joue en lui, pour distiller au compte-gouttes le drame intérieur des errances.
Rompant le lourd silence, quelques notes subtiles peuvent parfois s'amplifier et devenir lancinantes lorsque la peur se lit dans le regard. Et quand le corps est agité par des gestes devenus syncopés sous l'effet de la rudesse des épreuves, la musique s'emballe et se fait violence.
Plus tard, la structure métallique avec laquelle il compose, tentant éperdument de s'en détacher tout en y étant attaché, sera déposée par ses soins derrière lui, comme la trace de ses amarres rompues. Cependant, enfilant son blouson de fortune et coiffé de sa casquette reliée aux cordes qui l'entravent à jamais, il avancera avec efforts entraînant à sa suite la pauvre valise des migrants d'où s'échappent gourde, réveil, chaussures… Et, torche en main, il sera englouti par l'obscurité en ayant éclairé une dernière fois la petite sculpture, son portrait en tout point semblable.
Rompant le lourd silence, quelques notes subtiles peuvent parfois s'amplifier et devenir lancinantes lorsque la peur se lit dans le regard. Et quand le corps est agité par des gestes devenus syncopés sous l'effet de la rudesse des épreuves, la musique s'emballe et se fait violence.
Plus tard, la structure métallique avec laquelle il compose, tentant éperdument de s'en détacher tout en y étant attaché, sera déposée par ses soins derrière lui, comme la trace de ses amarres rompues. Cependant, enfilant son blouson de fortune et coiffé de sa casquette reliée aux cordes qui l'entravent à jamais, il avancera avec efforts entraînant à sa suite la pauvre valise des migrants d'où s'échappent gourde, réveil, chaussures… Et, torche en main, il sera englouti par l'obscurité en ayant éclairé une dernière fois la petite sculpture, son portrait en tout point semblable.
© Méghane Dumas.
Après "Les Vivant(e)s" vu au Glob Théâtre de Bordeaux en mars dernier et qui chorégraphiait le parcours musclé de jeunes femmes africaines engagées corps et âme sur le chemin d'une émancipation féminine revendiquée superbement, la Cie Auguste-Bienvenue signe à nouveau une forme alliant à la beauté plastique d'une chorégraphie "lumineuse" un témoignage bouleversant donnant à voir la condition "in-humaine" réservée aux errants.
Un très beau moment sensible où la rencontre - d'un artiste plasticien sans tabou et d'un danseur chorégraphe profondément investi du sens à donner - transcende les frontières des différents arts pour mieux blackbouler celles qui discriminent en jetant sur les routes de l'errance des êtres devenus infiniment vulnérables.
Un très beau moment sensible où la rencontre - d'un artiste plasticien sans tabou et d'un danseur chorégraphe profondément investi du sens à donner - transcende les frontières des différents arts pour mieux blackbouler celles qui discriminent en jetant sur les routes de l'errance des êtres devenus infiniment vulnérables.
"Errances"
Sculpture Le Fardeau de Jean-Philippe Rosemplatt © Méghane Dumas.
Conception : Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié.
Chorégraphie et interprétation : Auguste Ouédraogo.
Sous le regard complice de Bienvenue Bazié.
Sculpture "Le fardeau" de Jean-Philippe Rosemplatt.
Musiques : Jon Hopkins et Manuel Wandji.
création lumière : Fabrice Barbotin.
scénographie : Bruno Lahontaa.
Production : Wa Tid Saou /Cie Auguste-Bienvenue.
Création 2019.
Par la Cie Auguste-Bienvenue.
Durée : 30 minutes.
Les premières ont eu les 27 et 28 juin 2019 dans le cadre de la "Saison Liberté !", à l'Atelier des Marches de L'été, au Bouscat-Bordeaux.
Prochaines dates de représentations
4 juillet 2019 à 20 h 30.
Saison Liberté !.
Centre d'animation Argonne-Saint Genès, Bordeaux, 05 56 94 70 05.
>> acaqb.fr
20 Septembre 2019 à 16 h 30.
Festival Cadences.
Théâtre de la mer, Arcachon, 05 57 52 97 75.
26 et 27 septembre 2019 à 18 h.
Festival Les Francophonies en Limousin.
Centre Culturel Jean Moulin, Limoges, 05 55 35 04 10.
>> centres-culturels-limoges.fr
Chorégraphie et interprétation : Auguste Ouédraogo.
Sous le regard complice de Bienvenue Bazié.
Sculpture "Le fardeau" de Jean-Philippe Rosemplatt.
Musiques : Jon Hopkins et Manuel Wandji.
création lumière : Fabrice Barbotin.
scénographie : Bruno Lahontaa.
Production : Wa Tid Saou /Cie Auguste-Bienvenue.
Création 2019.
Par la Cie Auguste-Bienvenue.
Durée : 30 minutes.
Les premières ont eu les 27 et 28 juin 2019 dans le cadre de la "Saison Liberté !", à l'Atelier des Marches de L'été, au Bouscat-Bordeaux.
Prochaines dates de représentations
4 juillet 2019 à 20 h 30.
Saison Liberté !.
Centre d'animation Argonne-Saint Genès, Bordeaux, 05 56 94 70 05.
>> acaqb.fr
20 Septembre 2019 à 16 h 30.
Festival Cadences.
Théâtre de la mer, Arcachon, 05 57 52 97 75.
26 et 27 septembre 2019 à 18 h.
Festival Les Francophonies en Limousin.
Centre Culturel Jean Moulin, Limoges, 05 55 35 04 10.
>> centres-culturels-limoges.fr